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Ils sont devenus la terreur des habitants de Pointe-Noire. En l’espace de neuf jours, des grumiers (camion spécialisé dans le transport de bois) ont provoqué deux accidents dramatiques dans cette ville du littoral congolais. Au moins sept personnes ont été tuées. Devant les dommages causés par ces monstres du bitume bien souvent mal entretenus, les habitants enragent.
Le fait n’est pas rare, mais cette fois c’en est trop. Jeudi 30 mai, vers 14h, un grumier de la société UTA (United Transport Africa) transportant des billes de bois d’eucalyptus percute une voiture et une moto à Mvou-Mvou. Bilan : un blessé grave. Les freins auraient lâché
Neuf jours plus tôt, dans le quartier voisin de Nkouikou, un camion appartenant à la même compagnie finit sa course folle dans la devanture d’une pâtisserie. Son chargement se renverse, endommageant plusieurs véhicules. Au total, sept personnes sont tuées, selon des sources officielles. Les habitants, eux, parlent de dix-sept morts. Là encore, c’est le système de freinage qui est mis en cause.
Aux dires de nos Observateurs, les accidents de grumiers sont relativement fréquents à Pointe-Noire, en particulier au niveau de la descente de Mongo-Kamba, passage obligé pour rejoindre le port où les billes de bois sont transformées en copeaux pour fabriquer de la pâte à papier. Cette route pentue et encombrée met à rude épreuve des camions souvent vieillissants. "Ils sont vieux. Certains sont en service depuis plus de vingt ans", témoigne ainsi un chauffeur d’UTA, joint par FRANCE 24. "Et les normes de sécurité ne sont pas respectées. Le suivi des véhicules n’est pas assuré".
Contactée par FRANCE 24, la société UTA n’a pour l’heure pas répondu à nos questions.
"C’est rare qu’il y ait trois mois sans accident"
Crépin (pseudonyme) habite dans le quartier de Mvou-Mvou, en face du lieu du dernier accident.
"Le 30 mai, vers 14 h, j’ai entendu qu’un accident venait de se produire. Je suis sorti filmer la scène. Le conducteur d’un grumier venait de perdre le contrôle de son véhicule. Il a percuté un taxi et une moto-taxi, une "Jakarta" comme on les appelle ici. Le jeune qui la conduisait s’est retrouvé coincé sous une roue du camion.
Comme aucun secours ne venait, ce sont les jeunes du quartier qui se sont mobilisés. Le jeune était en train de crier. C’était dur à supporter. Ils ont mis une heure à le dégager en s’aidant d’un cric. Ils l’ont conduit à l’hôpital. Il aurait succombé à ses blessures.
Le chauffeur du grumier s’est enfui avant l’arrivée de la foule. Après l’accident, la foule s’en est prise à un autre camion qui revenait du port. Le conducteur s’est fait insulter, éjecter de son véhicule et a été frappé. Les forces de l’ordre, dont une unité spéciale, sont arrivées. Elles ont essayé d’intimider la foule, mais celle-ci a commencé à leur jeter des pierres, auxquelles la police a répondu par des tirs de lacrymogènes. Le maire de Mvou-Mvou lui-même s’est déplacé. Il a été insulté par les habitants et est reparti aussitôt.
"Ça peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase"
Les habitants de Mvou-Mvou réclament que les grumiers ne circulent pas pendant la journée, lorsque la circulation est la plus dense. [Selon les autorités locales, un arrêté municipal pris le 8 mars 2004 interdit aux grumiers de circuler en ville de 18h à 6h]. Pourquoi la mairie n’interdit pas aux grumiers de circuler ? Sur la RN1 qu’ils empruntent obligatoirement, le trafic est tellement important que le moindre accident peut provoquer des morts. C’est rare qu’il y ait trois mois sans accident.
Ce n’est pas simplement contre cet accident que la population s’est mise en colère, mais contre le contexte congolais en général. Elle cherche aussi un prétexte pour faire entendre ses droits, parce qu’elle en a marre des problèmes d’eau, d’électricité, de chômage. Ce genre d’accident peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase".
Article écrit avec la collaboration de François-Damien Bourgery, journaliste à France 24.
Retrouvez cet article sur France24.COM
Le fait n’est pas rare, mais cette fois c’en est trop. Jeudi 30 mai, vers 14h, un grumier de la société UTA (United Transport Africa) transportant des billes de bois d’eucalyptus percute une voiture et une moto à Mvou-Mvou. Bilan : un blessé grave. Les freins auraient lâché
Neuf jours plus tôt, dans le quartier voisin de Nkouikou, un camion appartenant à la même compagnie finit sa course folle dans la devanture d’une pâtisserie. Son chargement se renverse, endommageant plusieurs véhicules. Au total, sept personnes sont tuées, selon des sources officielles. Les habitants, eux, parlent de dix-sept morts. Là encore, c’est le système de freinage qui est mis en cause.
Aux dires de nos Observateurs, les accidents de grumiers sont relativement fréquents à Pointe-Noire, en particulier au niveau de la descente de Mongo-Kamba, passage obligé pour rejoindre le port où les billes de bois sont transformées en copeaux pour fabriquer de la pâte à papier. Cette route pentue et encombrée met à rude épreuve des camions souvent vieillissants. "Ils sont vieux. Certains sont en service depuis plus de vingt ans", témoigne ainsi un chauffeur d’UTA, joint par FRANCE 24. "Et les normes de sécurité ne sont pas respectées. Le suivi des véhicules n’est pas assuré".
Contactée par FRANCE 24, la société UTA n’a pour l’heure pas répondu à nos questions.
"C’est rare qu’il y ait trois mois sans accident"
Crépin (pseudonyme) habite dans le quartier de Mvou-Mvou, en face du lieu du dernier accident.
"Le 30 mai, vers 14 h, j’ai entendu qu’un accident venait de se produire. Je suis sorti filmer la scène. Le conducteur d’un grumier venait de perdre le contrôle de son véhicule. Il a percuté un taxi et une moto-taxi, une "Jakarta" comme on les appelle ici. Le jeune qui la conduisait s’est retrouvé coincé sous une roue du camion.
Comme aucun secours ne venait, ce sont les jeunes du quartier qui se sont mobilisés. Le jeune était en train de crier. C’était dur à supporter. Ils ont mis une heure à le dégager en s’aidant d’un cric. Ils l’ont conduit à l’hôpital. Il aurait succombé à ses blessures.
Le chauffeur du grumier s’est enfui avant l’arrivée de la foule. Après l’accident, la foule s’en est prise à un autre camion qui revenait du port. Le conducteur s’est fait insulter, éjecter de son véhicule et a été frappé. Les forces de l’ordre, dont une unité spéciale, sont arrivées. Elles ont essayé d’intimider la foule, mais celle-ci a commencé à leur jeter des pierres, auxquelles la police a répondu par des tirs de lacrymogènes. Le maire de Mvou-Mvou lui-même s’est déplacé. Il a été insulté par les habitants et est reparti aussitôt.
"Ça peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase"
Les habitants de Mvou-Mvou réclament que les grumiers ne circulent pas pendant la journée, lorsque la circulation est la plus dense. [Selon les autorités locales, un arrêté municipal pris le 8 mars 2004 interdit aux grumiers de circuler en ville de 18h à 6h]. Pourquoi la mairie n’interdit pas aux grumiers de circuler ? Sur la RN1 qu’ils empruntent obligatoirement, le trafic est tellement important que le moindre accident peut provoquer des morts. C’est rare qu’il y ait trois mois sans accident.
Ce n’est pas simplement contre cet accident que la population s’est mise en colère, mais contre le contexte congolais en général. Elle cherche aussi un prétexte pour faire entendre ses droits, parce qu’elle en a marre des problèmes d’eau, d’électricité, de chômage. Ce genre d’accident peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase".
Article écrit avec la collaboration de François-Damien Bourgery, journaliste à France 24.
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