
Pour bénéficier de l’immunité diplomatique au Congo-Brazzaville, pas la peine d’être un ambassadeur... Il suffit de connaître les bonnes personnes au ministère des Affaires étrangères. C’est ce qu’affirme, preuves à l’appui, le journal "Le Glaive".
Selon un décret présidentiel de 2008, les passeports diplomatiques doivent être "attribués sous la seule responsabilité du ministère des Affaires étrangères qui en assure le contrôle et la conservation". Le même décret précise également que ce passeport doit être attribué aux personnes congolaises ayant la qualité de diplomate ainsi qu’à leur conjoint et enfants tant qu’ils sont mineurs. Selon l’enquête publiée au mois de mai dans le journal "Le Glaive", certains fonctionnaires du ministère ont pourtant délivré des passeports diplomatiques à des personnes n’entrant absolument pas dans le cadre de cette réglementation.
Pour preuve, le journal a publié les reproductions de plusieurs fiches de renseignements personnels destinées à obtenir un passeport diplomatique, dont FRANCE 24 a obtenu des copies. Ainsi, sur la ligne "profession" de ces fiches, plusieurs demandeurs se présentent comme "chargé de mission" au ministère des Affaires étrangères, un poste qui selon le journaliste qui a révélé l’affaire ne justifie pas l’obtention d’un passeport diplomatique. D’autres demandeurs se présentent comme fille ou fils de "chargée de mission" et sont majeurs, ce qui justifierait d’autant moins leur éligibilité. D’autres encore n’ont pas la nationalité congolaise, et certains sont des entrepreneurs, congolais ou étrangers, ou des enfants d’entrepreneurs.
Selon "Le Glaive", un passeport peut se monnayer jusqu’à 4 millions de francs CFA, soit 4 500 euros. Un prix qui permettrait aux personnes possédant le sésame de voyager librement dans le monde, sans jamais être fouillées aux aéroports, et d’entrer en Europe et notamment en France sans visa, lesquels sont très difficiles à obtenir au Congo avec un passeport simple.
La publication de l’article a entraîné la suspension du journal "Le Glaive" par le Conseil supérieur de la liberté de la communication pour deux mois. Face à la polémique, le ministère des Affaires étrangères s’est expliqué le 24 mai 2013. Tout en mettant en cause deux de ses employés qui doivent être sanctionnés, il a mis en avant l’article 7 du décret, autorisant le ministre "pour des raisons d’État à accorder le passeport diplomatique à toute personne discrétionnairement. Les opposants au régime de Denis Sassou Nguesso jugent toutefois que ce trafic de passeports diplomatiques est l’illustration du clientélisme et des passe-droits accordés au sein du régime congolais.
Selon un décret présidentiel de 2008, les passeports diplomatiques doivent être "attribués sous la seule responsabilité du ministère des Affaires étrangères qui en assure le contrôle et la conservation". Le même décret précise également que ce passeport doit être attribué aux personnes congolaises ayant la qualité de diplomate ainsi qu’à leur conjoint et enfants tant qu’ils sont mineurs. Selon l’enquête publiée au mois de mai dans le journal "Le Glaive", certains fonctionnaires du ministère ont pourtant délivré des passeports diplomatiques à des personnes n’entrant absolument pas dans le cadre de cette réglementation.
Pour preuve, le journal a publié les reproductions de plusieurs fiches de renseignements personnels destinées à obtenir un passeport diplomatique, dont FRANCE 24 a obtenu des copies. Ainsi, sur la ligne "profession" de ces fiches, plusieurs demandeurs se présentent comme "chargé de mission" au ministère des Affaires étrangères, un poste qui selon le journaliste qui a révélé l’affaire ne justifie pas l’obtention d’un passeport diplomatique. D’autres demandeurs se présentent comme fille ou fils de "chargée de mission" et sont majeurs, ce qui justifierait d’autant moins leur éligibilité. D’autres encore n’ont pas la nationalité congolaise, et certains sont des entrepreneurs, congolais ou étrangers, ou des enfants d’entrepreneurs.
Selon "Le Glaive", un passeport peut se monnayer jusqu’à 4 millions de francs CFA, soit 4 500 euros. Un prix qui permettrait aux personnes possédant le sésame de voyager librement dans le monde, sans jamais être fouillées aux aéroports, et d’entrer en Europe et notamment en France sans visa, lesquels sont très difficiles à obtenir au Congo avec un passeport simple.
La publication de l’article a entraîné la suspension du journal "Le Glaive" par le Conseil supérieur de la liberté de la communication pour deux mois. Face à la polémique, le ministère des Affaires étrangères s’est expliqué le 24 mai 2013. Tout en mettant en cause deux de ses employés qui doivent être sanctionnés, il a mis en avant l’article 7 du décret, autorisant le ministre "pour des raisons d’État à accorder le passeport diplomatique à toute personne discrétionnairement. Les opposants au régime de Denis Sassou Nguesso jugent toutefois que ce trafic de passeports diplomatiques est l’illustration du clientélisme et des passe-droits accordés au sein du régime congolais.
"Cette affaire est une injustice faite aux Congolais"
Guy Milex Mbondzi est le journaliste qui a révélé l’affaire.
"Des personnes travaillant pour le ministère et en désaccord avec ce système de injustifié m’ont remis un fichier informatique qui contenait des documents de demandes d’attribution de passeports diplomatiques. Je n’ai rien publié dans la foulée, j’ai d’abord rencontré le cabinet et le ministre lui-même.
Le ministre a dans un premier temps refusé de me croire, assurant que le réseau de fabrication de passeports était extérieur au ministère. Mais j’avais suffisamment de preuves, protégées par le secret des sources, à lui fournir, de sorte qu’il a reconnu
finalement que ces formulaires provenaient bien de ses services.
On m’a demandé de ne pas publier ces informations mais je l’ai fait. Néanmoins, pour l’instant, je n’ai pas été inquiété personnellement par la justice. Je pense que pour des questions d’image, l’État veut éviter que l’affaire s’ébruite trop hors des frontières du pays, ce qui pourrait être le cas si j’étais condamné en ma qualité de journaliste.
Les personnes qui formulent ces demandes sont des amis ou des enfants des familles de hauts fonctionnaires travaillant dans les ministères, mais aussi des commerçants et des hommes d’affaires étrangers proches du pouvoir. Ceux qui ont organisé ce système se sont appuyés sur l’article du décret autorisant à délivrer le passeport à toute personne pour des raisons d’État. Mais de quelles raisons d’État s’agit-il pour des industriels ou des fonctionnaires du ministère ?
Cette affaire est une injustice faite aux Congolais : il est très compliqué pour un citoyen congolais d’obtenir un visa, notamment pour l’Europe et la France, et nombre de Congolais voient leurs demandes régulièrement rejetées. Et en parallèle, ce système distribue des laissez-passer à des personnes qui n’y sont pas autorisées. Par ailleurs, à 4 millions de francs CFA, c’est l’argent du pays qui va dans les poches de quelques magouilleurs qui tournent autour du pouvoir, ce n’est pas acceptable".
"Des personnes travaillant pour le ministère et en désaccord avec ce système de injustifié m’ont remis un fichier informatique qui contenait des documents de demandes d’attribution de passeports diplomatiques. Je n’ai rien publié dans la foulée, j’ai d’abord rencontré le cabinet et le ministre lui-même.
Le ministre a dans un premier temps refusé de me croire, assurant que le réseau de fabrication de passeports était extérieur au ministère. Mais j’avais suffisamment de preuves, protégées par le secret des sources, à lui fournir, de sorte qu’il a reconnu
finalement que ces formulaires provenaient bien de ses services.
On m’a demandé de ne pas publier ces informations mais je l’ai fait. Néanmoins, pour l’instant, je n’ai pas été inquiété personnellement par la justice. Je pense que pour des questions d’image, l’État veut éviter que l’affaire s’ébruite trop hors des frontières du pays, ce qui pourrait être le cas si j’étais condamné en ma qualité de journaliste.
Les personnes qui formulent ces demandes sont des amis ou des enfants des familles de hauts fonctionnaires travaillant dans les ministères, mais aussi des commerçants et des hommes d’affaires étrangers proches du pouvoir. Ceux qui ont organisé ce système se sont appuyés sur l’article du décret autorisant à délivrer le passeport à toute personne pour des raisons d’État. Mais de quelles raisons d’État s’agit-il pour des industriels ou des fonctionnaires du ministère ?
Cette affaire est une injustice faite aux Congolais : il est très compliqué pour un citoyen congolais d’obtenir un visa, notamment pour l’Europe et la France, et nombre de Congolais voient leurs demandes régulièrement rejetées. Et en parallèle, ce système distribue des laissez-passer à des personnes qui n’y sont pas autorisées. Par ailleurs, à 4 millions de francs CFA, c’est l’argent du pays qui va dans les poches de quelques magouilleurs qui tournent autour du pouvoir, ce n’est pas acceptable".
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