
Connu sous le nom de l’adjudant Assaka, Albert Ndinga, de son vrai nom, policier à la retraite, relate, dans le témoigne qu’il nous a fait, comment il a débusqué et blessé par balle, Abel, un jeune autochtone, chef du réseau Kata-Kata, phénomène criminel qui a sévi à Ouesso. En faisant ce témoignage, non seulement il veut restituer les faits, mais surtout, il souhaite être reçu par la hiérarchie de la police, pour dire ce qui s’est passé et même témoigner devant la justice, pour que lumière soit faite sur cette affaire où huit femmes ont été tuées, tandis que dix autres gravement blessées.
Il espère un règlement de la situation administrative liée à sa carrière, en reconnaissance de son action qui a permis à la police de venir à bout de ce phénomène criminel. Voici son témoignage.
«Etant stagiaire au franchissement spécial des trois classes 80, 82, 83 et me retrouvant, depuis le mois de janvier 2013, avec un salaire suspendu jusqu’en mars 2013, parce que mon nom figurait sur la liste des retraités de 2012, il m’a été impossible de supporter la vie à Brazzaville sans salaire. Raison pour laquelle je suis parti à Ouesso, avec ma petite famille, car je suis père de treize enfants.
S’agissant de l’opération Kata-Kata qui s’est déroulée à Ouesso, courant mois de mai 2013, la scène s’est passée en pleine forêt, à trois kilomètres de Dzaka, village situé presqu’en face de Ouesso, de l’autre côté de la rivière Sangha, derrière une île. Comme d’habitude, je me rendais à une petite partie de chasse. C’était le lundi 20 mai 2013. J’avais mon fusil calibre 12 de marque russe, avec quatre cartouches double zéro. Aux environs de 14h30, je me trouvais de l’autre côté de la rivière Sangha, c’est-à-dire à Dzaka, où j’ai été informé, par le chef de ce village, le nommé Abus, de ce que le petit Christian, habitant dudit village, est arrêté par la police à Ouesso, pour avoir acheté un téléphone des mains d’Abel, un autochtone, le chef Kata-Kata. Ce téléphone appartenait à l’une des femmes tuées dans les champs, à Ouesso. Abel, le criminel, étant au courant de ce qu’il est recherché par la police, a pris fuite et s’est refugié dans la forêt de Dzaka. Ce jour-là, j’étais obligé de passer la nuit à Dzaka. Je n’avais plus chassé, parce qu’il faisait tard. C’est le lendemain, mardi 21 mai 2013, vers 11h15, que j’ai quitté le village, pour ma petite chasse. A trois kilomètres environ du village, j’ai ressenti la chair de poule, mes cheveux frissonnaient. Aussitôt, j’ai marqué un arrêt de dix minutes. Après une longue méditation, j’ai repris la marche. A moins de cent mètres de là, Abel surgit devant moi. Je lui ai pointé mon fusil, en l’obligeant à s’arrêter. Ce dernier était armé d’un long couteau. Quand je lui ai posé la question de savoir: «Pourquoi es-tu en fuite, au moment où tu es recherché au village depuis hier?». Il ne m’a pas répondu. A l’instant, il a changé de face, de manière miraculeuse, toujours sans parler. Il était devenu méconnaissable. Ma deuxième question était la suivante: «Comment le téléphone d’une femme tuée dans un champ s’est-il retrouvé dans tes mains?». A ce moment-là, je sentais, dans mon dos, la forêt bouger, j’entendais un grand bruit comparable aux mauvais esprits, comme un gorille qui allait se jeter sur moi. Heureusement, je n’avais pas regardé derrière moi. Si je m’étais retourné, il allait en profiter pour me tuer et disparaître. Convaincu de mon courage, Abel, l’autochtone, a poussé un grand cri, au nom de leur pouvoir occulte qu’ils appellent «Edzengui», pour tenter de disparaître. C’est à ce moment-là que j’ai tiré sur lui. Il était touché au genou et au bras gauche, avec une seule cartouche, d’un coup. Abel est tombé sur le côté gauche, en criant: «Ha Papa! Tu m’as eu, tu m’as tué». Aussitôt, j’ai rechargé une autre cartouche dans mon fusil, il n’y avait plus de bruit derrière moi. Mon arme, cette fois-ci, était pointée sur sa poitrine. Il gémissait de douleurs: «Papa Assaka, ne double pas, sinon tu ne connaîtras pas la vérité. Je ne mourrai pas seul, nous sommes nombreux».
C’est à partir de là qu’Abel, le chef Kata-Kata, a commencé à dévoiler le secret de leur réseau, en citant le maire de la ville de Ouesso, Mobondé, qui les entretient. Abel m’a ensuite dit ceci: «Avant l’opération, le maire remet, à chacun de nous, une somme de cinquante mille francs Cfa. Après avoir tué une femme et ramené une bouteille d’eau Mayo, pleine de sang, et le sexe de la victime, après l’avoir violée aussi, à notre retour de la mission, le maire nous donnait, à chacun, une somme de cent mille francs Cfa, ainsi de suite. Les autres sont à Pokola».
Après avoir écouté cette triste histoire et pour éviter qu’Abel ne perde beaucoup de sang et ne meurt, j’ai vite couru au village Dzaka, informer Abus, le chef du village. A son tour, il a téléphoné à la police de Ouesso, en disant que le chef des Kata-Kata est capturé par l’adjudant Assaka, et que les policiers viennent vite le chercher. Après quarante-cinq minutes environ, les policiers sont arrivés, dans trois véhicules BJ. Nous nous sommes transportés sur les lieux, en forêt, pour le constat. Après ce travail, quelques jeunes du village ont transporté Abel en tipoye. L’équipe des policiers robots venue à Dzaka était conduite par un lieutenant, chef de mission, qui m’a remis une somme de dix mille francs Cfa, en signe de félicitation, en me disant de ne pas me présenter comme auteur de l’action, je ne sais pourquoi. J’ai regagné Ouesso autour de 17h15, à bord de ma pirogue.
Le mercredi 22 mai 2013, vers 10h30, je me suis rendu au commissariat de police, pour rencontrer le directeur départemental de la police de la Sangha, le colonel Obié-Adjou, pour lui parler de l’événement, tel qu’il s’est déroulé en brousse, à Dzaka. Il a fallu attendre vers 14h45, pour qu’il me reçoive, en me demandant: «Quel est ton problème?». Ma réponse était la suivante: «Mon colonel, je viens vous rendre compte de l’événement qui s’est déroulé de l’autre côté de la rivière Sangha, plus précisément à Dzaka». «Tu peux parler», me dit-il. Après avoir tout relaté, il me pose une autre question: «Tu es franchement spécial, tu bénéficies d’un repos, pourquoi n’es-tu pas allé te reposer à Ewo?». Je lui ai répondu: «Mon colonel, je suis bientôt six mois sans salaire. A Ewo, je n’ai pas de maison ni de champ. Comment pourrais-je entretenir ma famille? Tout le monde est ici. Avec la pêche et la chasse que je pratique, j’arrive à m’en sortir». Sa réaction n’a pas été bonne à mon endroit et d’ailleurs, il a fini par me demander de sortir de son bureau. Sans résistance, je suis sorti et j’ai pris un taxi pour rentrer chez moi. A quelques mètres de ma maison, j’ai reçu un coup de téléphone de sa part et j’ai compris qu’il ne voulait pas me voir parler. Moi qui reviens d’un grand combat dans la forêt où j’ai accompli une action pour sauver la population, au lieu d’être félicité, je reçois des blâmes et des menaces. Quand le général Ndengué était à Ouesso, on m’a empêché de le rencontrer, jusqu’à l’hôtel. J’étais repoussé, de peur que le général ne découvre la vérité. Et ceci, jusqu’à la préfecture où je ne suis jamais reçu».
Propos recueillis par
Victor GUEMBELA
Il espère un règlement de la situation administrative liée à sa carrière, en reconnaissance de son action qui a permis à la police de venir à bout de ce phénomène criminel. Voici son témoignage.
«Etant stagiaire au franchissement spécial des trois classes 80, 82, 83 et me retrouvant, depuis le mois de janvier 2013, avec un salaire suspendu jusqu’en mars 2013, parce que mon nom figurait sur la liste des retraités de 2012, il m’a été impossible de supporter la vie à Brazzaville sans salaire. Raison pour laquelle je suis parti à Ouesso, avec ma petite famille, car je suis père de treize enfants.
S’agissant de l’opération Kata-Kata qui s’est déroulée à Ouesso, courant mois de mai 2013, la scène s’est passée en pleine forêt, à trois kilomètres de Dzaka, village situé presqu’en face de Ouesso, de l’autre côté de la rivière Sangha, derrière une île. Comme d’habitude, je me rendais à une petite partie de chasse. C’était le lundi 20 mai 2013. J’avais mon fusil calibre 12 de marque russe, avec quatre cartouches double zéro. Aux environs de 14h30, je me trouvais de l’autre côté de la rivière Sangha, c’est-à-dire à Dzaka, où j’ai été informé, par le chef de ce village, le nommé Abus, de ce que le petit Christian, habitant dudit village, est arrêté par la police à Ouesso, pour avoir acheté un téléphone des mains d’Abel, un autochtone, le chef Kata-Kata. Ce téléphone appartenait à l’une des femmes tuées dans les champs, à Ouesso. Abel, le criminel, étant au courant de ce qu’il est recherché par la police, a pris fuite et s’est refugié dans la forêt de Dzaka. Ce jour-là, j’étais obligé de passer la nuit à Dzaka. Je n’avais plus chassé, parce qu’il faisait tard. C’est le lendemain, mardi 21 mai 2013, vers 11h15, que j’ai quitté le village, pour ma petite chasse. A trois kilomètres environ du village, j’ai ressenti la chair de poule, mes cheveux frissonnaient. Aussitôt, j’ai marqué un arrêt de dix minutes. Après une longue méditation, j’ai repris la marche. A moins de cent mètres de là, Abel surgit devant moi. Je lui ai pointé mon fusil, en l’obligeant à s’arrêter. Ce dernier était armé d’un long couteau. Quand je lui ai posé la question de savoir: «Pourquoi es-tu en fuite, au moment où tu es recherché au village depuis hier?». Il ne m’a pas répondu. A l’instant, il a changé de face, de manière miraculeuse, toujours sans parler. Il était devenu méconnaissable. Ma deuxième question était la suivante: «Comment le téléphone d’une femme tuée dans un champ s’est-il retrouvé dans tes mains?». A ce moment-là, je sentais, dans mon dos, la forêt bouger, j’entendais un grand bruit comparable aux mauvais esprits, comme un gorille qui allait se jeter sur moi. Heureusement, je n’avais pas regardé derrière moi. Si je m’étais retourné, il allait en profiter pour me tuer et disparaître. Convaincu de mon courage, Abel, l’autochtone, a poussé un grand cri, au nom de leur pouvoir occulte qu’ils appellent «Edzengui», pour tenter de disparaître. C’est à ce moment-là que j’ai tiré sur lui. Il était touché au genou et au bras gauche, avec une seule cartouche, d’un coup. Abel est tombé sur le côté gauche, en criant: «Ha Papa! Tu m’as eu, tu m’as tué». Aussitôt, j’ai rechargé une autre cartouche dans mon fusil, il n’y avait plus de bruit derrière moi. Mon arme, cette fois-ci, était pointée sur sa poitrine. Il gémissait de douleurs: «Papa Assaka, ne double pas, sinon tu ne connaîtras pas la vérité. Je ne mourrai pas seul, nous sommes nombreux».
C’est à partir de là qu’Abel, le chef Kata-Kata, a commencé à dévoiler le secret de leur réseau, en citant le maire de la ville de Ouesso, Mobondé, qui les entretient. Abel m’a ensuite dit ceci: «Avant l’opération, le maire remet, à chacun de nous, une somme de cinquante mille francs Cfa. Après avoir tué une femme et ramené une bouteille d’eau Mayo, pleine de sang, et le sexe de la victime, après l’avoir violée aussi, à notre retour de la mission, le maire nous donnait, à chacun, une somme de cent mille francs Cfa, ainsi de suite. Les autres sont à Pokola».
Après avoir écouté cette triste histoire et pour éviter qu’Abel ne perde beaucoup de sang et ne meurt, j’ai vite couru au village Dzaka, informer Abus, le chef du village. A son tour, il a téléphoné à la police de Ouesso, en disant que le chef des Kata-Kata est capturé par l’adjudant Assaka, et que les policiers viennent vite le chercher. Après quarante-cinq minutes environ, les policiers sont arrivés, dans trois véhicules BJ. Nous nous sommes transportés sur les lieux, en forêt, pour le constat. Après ce travail, quelques jeunes du village ont transporté Abel en tipoye. L’équipe des policiers robots venue à Dzaka était conduite par un lieutenant, chef de mission, qui m’a remis une somme de dix mille francs Cfa, en signe de félicitation, en me disant de ne pas me présenter comme auteur de l’action, je ne sais pourquoi. J’ai regagné Ouesso autour de 17h15, à bord de ma pirogue.
Le mercredi 22 mai 2013, vers 10h30, je me suis rendu au commissariat de police, pour rencontrer le directeur départemental de la police de la Sangha, le colonel Obié-Adjou, pour lui parler de l’événement, tel qu’il s’est déroulé en brousse, à Dzaka. Il a fallu attendre vers 14h45, pour qu’il me reçoive, en me demandant: «Quel est ton problème?». Ma réponse était la suivante: «Mon colonel, je viens vous rendre compte de l’événement qui s’est déroulé de l’autre côté de la rivière Sangha, plus précisément à Dzaka». «Tu peux parler», me dit-il. Après avoir tout relaté, il me pose une autre question: «Tu es franchement spécial, tu bénéficies d’un repos, pourquoi n’es-tu pas allé te reposer à Ewo?». Je lui ai répondu: «Mon colonel, je suis bientôt six mois sans salaire. A Ewo, je n’ai pas de maison ni de champ. Comment pourrais-je entretenir ma famille? Tout le monde est ici. Avec la pêche et la chasse que je pratique, j’arrive à m’en sortir». Sa réaction n’a pas été bonne à mon endroit et d’ailleurs, il a fini par me demander de sortir de son bureau. Sans résistance, je suis sorti et j’ai pris un taxi pour rentrer chez moi. A quelques mètres de ma maison, j’ai reçu un coup de téléphone de sa part et j’ai compris qu’il ne voulait pas me voir parler. Moi qui reviens d’un grand combat dans la forêt où j’ai accompli une action pour sauver la population, au lieu d’être félicité, je reçois des blâmes et des menaces. Quand le général Ndengué était à Ouesso, on m’a empêché de le rencontrer, jusqu’à l’hôtel. J’étais repoussé, de peur que le général ne découvre la vérité. Et ceci, jusqu’à la préfecture où je ne suis jamais reçu».
Propos recueillis par
Victor GUEMBELA
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