Addis-Abeba, (Starducongo.com) - En marge du 22ème sommet de l'Union Africaine qui se tient à Addis-Abeba (Éthiopie), depuis le 30 janvier dans la capitale éthiopienne, le chef de l'état congolais, Denis Sassou N'Guesso a été abordé par Radio France internationale. L'interview diffusée ce 31 janvier, dans les journaux Afrique de cette chaîne, porte essentiellement sur la Centrafrique. Nous en publions l'intégralité.

Boniface Vignon : Monsieur le Président Bonjour
Denis Sassou N’Guesso : Bonjour
Boniface Vignon : Commençons cet entretien par la Centrafrique, dont vous-êtes le médiateur. Les organes de la transition sont aujourd’hui en place, et pourtant les violences se poursuivent, comment éviter le chaos dans ce pays ?
Denis Sassou N’Guesso : Nous saluons déjà le fait que le parlement de transition ait pu élire Madame Cathérine Samba Panza à la tête de l’Etat pour la période de transition. Nous félicitons aussi le fait qu’on ait nommé un premier ministre et formé un gouvernement. Cela est un pas important. La MISCA est en place. Les pays de la région ont déjà mobilisé plus de 6000 hommes. Nous pensons que si la communauté internationale soutient le Chef d’Etat de transition, le premier ministre et le gouvernement sur le plan humanitaire et financier, parce qu’il faut un soutien financier immédiat. Si la communauté internationale soutient la MISCA sur le plan financier et logistique, parce qu’il y a des exactions qui se poursuivent, c’est vrai, mais on pourrait sentir qu’il y a aussi des progrès sur le terrain. Si tous ces soutiens viennent et si la décision prise par le conseil de sécurité qui tend à mener des enquêtes pour punir les auteurs des violences et des actions de toutes sortes contre les populations, si donc toutes ces mesures sont menées de front, je suis persuadé qu’on sentira des progrès.
Boniface Vignon : il y a beaucoup de si ?
Denis Sassou N’Guesso : je dis si parce que les apports dont je parle ne sont pas encore sur le terrain. Mais il y a urgence à faire que ces annonces se concrétisent réellement. Le Secrétaire Général des Nations Unies, conformément à la résolution 21-27 devrait, début février, envoyer une mission d’évaluation de l’action de la MISCA, et peut être qu’à l’avenir cette mission de la MISCA pourrait être transformée en une mission de maintien de la paix des Nations Unies. Mais toutes ces actions doivent se mener les unes après les autres sans rupture. Ceci est urgent !
Boniface Vignon : selon vous, combien de temps faudra-t-il pour pouvoir apaiser le pays et aller aux élections ?
Denis Sassou N’Guesso : il a été annoncé pour dix-huit mois depuis. Mais on ne va pas mettre le chronomètre. En fonction des résultats sur le terrain on appréciera. Mais le plutôt serait le mieux pour que la République Centrafricaine retourne à l’ordre constitutionnel. Je dis le plutôt serait le mieux. Depuis le mois d’aout dernier on parlait de dix-huit mois. Et je dis le plutôt serait le mieux. Encore faut-il que les moyens suivent.
Boniface Vignon : dix mois de pouvoir exercé par Michel Djotodia pour un tel bilan, n’êtes-vous pas en train de refaire les mêmes erreurs après le sommet de Ndjamena ?
Denis Sassou N’Guesso : quelles mêmes erreurs ! Nous avons décidé d’accompagner les autorités de transition, pas à Ndjamena mais depuis les négociations de Libreville. Tout a commencé déjà avec le président Bozizé.
Boniface Vignon : oui il y a eu entre temps, il faut appeler chat par chat, il y a eu un coup d’Etat. Michel Djotodia est arrivé aux affaires ; il est resté dix mois et vous vous rendez compte à la fin des dix mois que son bilan est catastrophique et vous le démissionnez ?
Denis Sassou N’Guesso : Non, nous ne l’avons pas démissionné. Nous avons tenu à Ndjamena un sommet pour évaluer la situation. Tout le monde à constater qu’il y avait, à Bangui, absence de leadership, de cohésion au niveau de l’exécutif. Et le président Djotodia, le premier ministre Tiangaye, tous les deux, ont constaté que les faits sur le terrain les amenaient à la démission.
Boniface Vignon : vous avez fait pression sur Monsieur Djotodia pour qu’il démissionne ?
Denis Sassou N’Guesso : Pression, non. C’était un constat évident, pas seulement par la CEEAC mais par la Communauté internationale, y compris les responsables politiques centrafricains, c'est-à-dire le CNT, les responsables des partis politiques et de la société civile. Ce constat était unanime.
Boniface Vignon : Monsieur le président, pourquoi Michel Djotodia président de la République de Centrafrique ne démissionne pas en Centrafrique, mais vient démissionner à Ndjamena ?
Denis Sassou N’Guesso : Le président Djotodia ne voulait plus du tout retourner en Centrafrique. Pour nous, c’était plus facile qu’il retourne en Centrafrique et que la démission se fasse à Bangui, mais il ne voulait plus retourner à Bangui. Je crois que c’est cohérent.
Boniface Vignon : Monsieur le président, on a l’impression qu’aujourd’hui la Centrafrique est sous tutelle de la CEEAC et de la CEMAC, pourquoi ne pas mettre, une fois pour toute, le pays sous tutelle ?
Denis Sassou N’Guesso : Mais la RCA n’est pas sous tutelle, même pas des Nations Unies. A plus forte raison sous tutelle de la CEEAC. L’on peut citer d’autres pays qui ont connu des situations dramatiques : le Libéria, la Sierra Léone, aucun de ces pays n’a été mis sous tutelle de la CDEAO ou des Nations Unies. Aujourd’hui la Sierra Léone, le Liberia, la Somalie, des pays qui ont connu aussi des situations dramatiques, sont en train de se relever, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas le cas pour la Centrafrique. Pourquoi devrait on mette la République centrafricaine sous tutelle ? Ce n’est pas notre opinion.
Boniface Vignon : je vous remercie Monsieur le président.
Denis Sassou N’Guesso : Merci beaucoup.
Denis Sassou N’Guesso : Bonjour
Boniface Vignon : Commençons cet entretien par la Centrafrique, dont vous-êtes le médiateur. Les organes de la transition sont aujourd’hui en place, et pourtant les violences se poursuivent, comment éviter le chaos dans ce pays ?
Denis Sassou N’Guesso : Nous saluons déjà le fait que le parlement de transition ait pu élire Madame Cathérine Samba Panza à la tête de l’Etat pour la période de transition. Nous félicitons aussi le fait qu’on ait nommé un premier ministre et formé un gouvernement. Cela est un pas important. La MISCA est en place. Les pays de la région ont déjà mobilisé plus de 6000 hommes. Nous pensons que si la communauté internationale soutient le Chef d’Etat de transition, le premier ministre et le gouvernement sur le plan humanitaire et financier, parce qu’il faut un soutien financier immédiat. Si la communauté internationale soutient la MISCA sur le plan financier et logistique, parce qu’il y a des exactions qui se poursuivent, c’est vrai, mais on pourrait sentir qu’il y a aussi des progrès sur le terrain. Si tous ces soutiens viennent et si la décision prise par le conseil de sécurité qui tend à mener des enquêtes pour punir les auteurs des violences et des actions de toutes sortes contre les populations, si donc toutes ces mesures sont menées de front, je suis persuadé qu’on sentira des progrès.
Boniface Vignon : il y a beaucoup de si ?
Denis Sassou N’Guesso : je dis si parce que les apports dont je parle ne sont pas encore sur le terrain. Mais il y a urgence à faire que ces annonces se concrétisent réellement. Le Secrétaire Général des Nations Unies, conformément à la résolution 21-27 devrait, début février, envoyer une mission d’évaluation de l’action de la MISCA, et peut être qu’à l’avenir cette mission de la MISCA pourrait être transformée en une mission de maintien de la paix des Nations Unies. Mais toutes ces actions doivent se mener les unes après les autres sans rupture. Ceci est urgent !
Boniface Vignon : selon vous, combien de temps faudra-t-il pour pouvoir apaiser le pays et aller aux élections ?
Denis Sassou N’Guesso : il a été annoncé pour dix-huit mois depuis. Mais on ne va pas mettre le chronomètre. En fonction des résultats sur le terrain on appréciera. Mais le plutôt serait le mieux pour que la République Centrafricaine retourne à l’ordre constitutionnel. Je dis le plutôt serait le mieux. Depuis le mois d’aout dernier on parlait de dix-huit mois. Et je dis le plutôt serait le mieux. Encore faut-il que les moyens suivent.
Boniface Vignon : dix mois de pouvoir exercé par Michel Djotodia pour un tel bilan, n’êtes-vous pas en train de refaire les mêmes erreurs après le sommet de Ndjamena ?
Denis Sassou N’Guesso : quelles mêmes erreurs ! Nous avons décidé d’accompagner les autorités de transition, pas à Ndjamena mais depuis les négociations de Libreville. Tout a commencé déjà avec le président Bozizé.
Boniface Vignon : oui il y a eu entre temps, il faut appeler chat par chat, il y a eu un coup d’Etat. Michel Djotodia est arrivé aux affaires ; il est resté dix mois et vous vous rendez compte à la fin des dix mois que son bilan est catastrophique et vous le démissionnez ?
Denis Sassou N’Guesso : Non, nous ne l’avons pas démissionné. Nous avons tenu à Ndjamena un sommet pour évaluer la situation. Tout le monde à constater qu’il y avait, à Bangui, absence de leadership, de cohésion au niveau de l’exécutif. Et le président Djotodia, le premier ministre Tiangaye, tous les deux, ont constaté que les faits sur le terrain les amenaient à la démission.
Boniface Vignon : vous avez fait pression sur Monsieur Djotodia pour qu’il démissionne ?
Denis Sassou N’Guesso : Pression, non. C’était un constat évident, pas seulement par la CEEAC mais par la Communauté internationale, y compris les responsables politiques centrafricains, c'est-à-dire le CNT, les responsables des partis politiques et de la société civile. Ce constat était unanime.
Boniface Vignon : Monsieur le président, pourquoi Michel Djotodia président de la République de Centrafrique ne démissionne pas en Centrafrique, mais vient démissionner à Ndjamena ?
Denis Sassou N’Guesso : Le président Djotodia ne voulait plus du tout retourner en Centrafrique. Pour nous, c’était plus facile qu’il retourne en Centrafrique et que la démission se fasse à Bangui, mais il ne voulait plus retourner à Bangui. Je crois que c’est cohérent.
Boniface Vignon : Monsieur le président, on a l’impression qu’aujourd’hui la Centrafrique est sous tutelle de la CEEAC et de la CEMAC, pourquoi ne pas mettre, une fois pour toute, le pays sous tutelle ?
Denis Sassou N’Guesso : Mais la RCA n’est pas sous tutelle, même pas des Nations Unies. A plus forte raison sous tutelle de la CEEAC. L’on peut citer d’autres pays qui ont connu des situations dramatiques : le Libéria, la Sierra Léone, aucun de ces pays n’a été mis sous tutelle de la CDEAO ou des Nations Unies. Aujourd’hui la Sierra Léone, le Liberia, la Somalie, des pays qui ont connu aussi des situations dramatiques, sont en train de se relever, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas le cas pour la Centrafrique. Pourquoi devrait on mette la République centrafricaine sous tutelle ? Ce n’est pas notre opinion.
Boniface Vignon : je vous remercie Monsieur le président.
Denis Sassou N’Guesso : Merci beaucoup.
www.pagesafrik.info le rendez-vous des stars