
Arrivé à Brazzaville dans le cadre du projet « Brazza j'y crois » auquel il a participé, Nzongo Soul promet de revenir au Congo dès l'année prochaine pour de nouveaux défis, en vue de la relance de ses activités musicales. Il l'a exprimé aux Dépêches de Brazzaville.
Les Dépêches de Brazzaville : Peut-on penser à un éventuel retour stable de Nzongo Soul à Brazzaville ?
Nzongo Soul : Oui, je compte revenir dès l'année prochaine au pays, où je vais organiser une série de concerts pour la promotion de mon album intitulé « Musicosophie ». Et si tout va bien, au cours de la même année 2013, il y aura de nouvelles chansons, que je vais continuer à travailler à Paris d'ici la prochaine semaine. Un autre projet auquel je tiens s'appelle le NSBC (Nzongo Soul Business Crew), qui sera consacré à la promotion des jeunes talents congolais. Il faut préparer la relève des jeunes artistes au regard de cette pépinière d'artistes qui existe au Congo.
LDB : Ancien professeur d'anglais, Nzongo Soul s'est-il éloigné définitivement de l'enseignement ?
N.S. : J'ai consacré 75 % de mon temps à la musique, le reste à l'enseignement, mais également à la gestion. En effet, aujourd'hui, je suis gestionnaire d'un établissement à caractère économique et culturel à Paris. Fort de cette expérience, j'ai pensé installer la même structure à Brazzaville. Je précise que je suis président de l'association congolaise Mbwi Ngonti basée à Paris. Celle-ci met au point des outils de développement personnel s'inspirant de la tradition congolaise. Le Mbwi par exemple, est une technique qui a pour résultat concret de soigner le bégayement par des exercices que j'ai mis au point, qu'on appelle les Estébwés.
LDB : On vous reconnaît à vos rythmiques walla. Pratiquez-vous le même type de musique ?
N.S. : Le walla est étymologiquement défini comme l'écoute de la voix, c'est ce que j'ai traduit aux Occidentaux par le terme de musicosophie. Quand je vous parle de Mbwis, tout ça vient du walla, sauf que le Mbwis est quelque chose de bien élaboré. Donc, j'ai l'air de me disperser mais tout ce que je fais est du walla en fait, parce que cela veut dire « écoute la voix » en langue kikongo. On peut dire que mon premier mandat, c'était Nzongo Soul 1 et là je reviens pour un deuxième mandat, Nzongo Soul 2, mais beaucoup plus conscient, et le sifflet est le même !
LDB : Après des années, votre stéréotype est donc le même...
N.S. : Remarquez que ce prototype là, je l'ai incarné ici, avant qu'il ne soit à la mode. À l'époque où j'avais des longs cheveux, ici les Congolais n'en avaient pas. J'avais des tresses alors que personne n'en avait. La plupart du temps j'étais en avance sur le temps et ce n'est pas parce que tout le monde m'a rejoint qu'il faudrait que j'aille aujourd'hui ailleurs, bien au contraire. Il me faut récolter les graines que j'ai semées avant les autres. Si le stéréotype que j'avais proposé faisait partie du passé, il aurait disparu, on n'aurait pas trouvé de gens comme moi. J'ai commencé jeune et je suis toujours un chanteur d'aujourd'hui.
LD : Pensez-vous que l'avenir se décide toujours au présent ?
NS : Quelqu'un qui n'a aucune visibilité au présent ne peut pas prétendre à l'avenir. Et le chemin d'avenir comme on dit bien dans mon pays, a besoin de modèle. Je connais bien le langage d'ici, je veux dire que c'est possible l'avenir, parce que vous m'avez connu dans le passé. Aujourd'hui est l'avenir du passé déjà.
LDB : Quelle lecture critique faites-vous de la musique congolaise, étant à l'étranger ?
N.S. : Je veux être honnête. Avant de partir, il ya près de 30 ans, j'avais gardé le souvenir d'une musique congolaise leader au niveau du continent. Honnêtement, nous avons perdu le leadership, nos imitateurs sont maintenant beaucoup plus visibles que nous-mêmes. Je parle du décalé-coupé qui est une imitation, une version dédiée à la musique congolaise. C'est parce que cette musique, en vérité son rayonnement, a un peu ralenti, et nous en tant que diaspora, nous nous sommes dits qu'il fallait venir changer les choses de l'intérieur. Impulser notre façon de créer, notre façon de voir et que toutes ces compétences acquises ailleurs, reviennent au pays, en ayant comme objectif clair d'ici un an ou deux, de reprendre le leadership. J'ai bien envie qu'il y ait plusieurs groupes congolais émergents pour affronter le monde. On reconnaît les pays où la musique se porte bien par le nombre de groupes reconnus.
LDB : Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours musical ?
N.S. : Artistiquement mon plus grand souvenir est le stade de la révolution 1978 quand le grand frère Manu Dibango m'a remis le prix du grand chanteur afro-soul. Cela m'a suivi tout le reste de ma carrière. J'ai eu également le grand prix découverte RFI en 1984, une première au Congo. La même année, avec mon confrère Zao, nous avons été gratifiés du prix spécial du chef de l'État. Nous sommes les premiers et les derniers lauréats à avoir eu le prix Sassou N'Guesso. Ce sont là de bons souvenirs ! Mais il y en a d'autres : mon concert mémorable à Dolisie, ou encore mon spectacle au chapiteau à Talangai...
LDB : Votre mot de fin ?
N.S. : Nous sommes organisés maintenant pour que cette musique qui a bercé votre enfance, puisse aussi continuer à vous bercer en tant qu'adultes. Nous avons maintenant un fan club de walla à Brazzaville.
Propos recueillis par Jean Dany Ébouélé et Josiane Mambou Loukala
Les Dépêches de Brazzaville : Peut-on penser à un éventuel retour stable de Nzongo Soul à Brazzaville ?
Nzongo Soul : Oui, je compte revenir dès l'année prochaine au pays, où je vais organiser une série de concerts pour la promotion de mon album intitulé « Musicosophie ». Et si tout va bien, au cours de la même année 2013, il y aura de nouvelles chansons, que je vais continuer à travailler à Paris d'ici la prochaine semaine. Un autre projet auquel je tiens s'appelle le NSBC (Nzongo Soul Business Crew), qui sera consacré à la promotion des jeunes talents congolais. Il faut préparer la relève des jeunes artistes au regard de cette pépinière d'artistes qui existe au Congo.
LDB : Ancien professeur d'anglais, Nzongo Soul s'est-il éloigné définitivement de l'enseignement ?
N.S. : J'ai consacré 75 % de mon temps à la musique, le reste à l'enseignement, mais également à la gestion. En effet, aujourd'hui, je suis gestionnaire d'un établissement à caractère économique et culturel à Paris. Fort de cette expérience, j'ai pensé installer la même structure à Brazzaville. Je précise que je suis président de l'association congolaise Mbwi Ngonti basée à Paris. Celle-ci met au point des outils de développement personnel s'inspirant de la tradition congolaise. Le Mbwi par exemple, est une technique qui a pour résultat concret de soigner le bégayement par des exercices que j'ai mis au point, qu'on appelle les Estébwés.
LDB : On vous reconnaît à vos rythmiques walla. Pratiquez-vous le même type de musique ?
N.S. : Le walla est étymologiquement défini comme l'écoute de la voix, c'est ce que j'ai traduit aux Occidentaux par le terme de musicosophie. Quand je vous parle de Mbwis, tout ça vient du walla, sauf que le Mbwis est quelque chose de bien élaboré. Donc, j'ai l'air de me disperser mais tout ce que je fais est du walla en fait, parce que cela veut dire « écoute la voix » en langue kikongo. On peut dire que mon premier mandat, c'était Nzongo Soul 1 et là je reviens pour un deuxième mandat, Nzongo Soul 2, mais beaucoup plus conscient, et le sifflet est le même !
LDB : Après des années, votre stéréotype est donc le même...
N.S. : Remarquez que ce prototype là, je l'ai incarné ici, avant qu'il ne soit à la mode. À l'époque où j'avais des longs cheveux, ici les Congolais n'en avaient pas. J'avais des tresses alors que personne n'en avait. La plupart du temps j'étais en avance sur le temps et ce n'est pas parce que tout le monde m'a rejoint qu'il faudrait que j'aille aujourd'hui ailleurs, bien au contraire. Il me faut récolter les graines que j'ai semées avant les autres. Si le stéréotype que j'avais proposé faisait partie du passé, il aurait disparu, on n'aurait pas trouvé de gens comme moi. J'ai commencé jeune et je suis toujours un chanteur d'aujourd'hui.
LD : Pensez-vous que l'avenir se décide toujours au présent ?
NS : Quelqu'un qui n'a aucune visibilité au présent ne peut pas prétendre à l'avenir. Et le chemin d'avenir comme on dit bien dans mon pays, a besoin de modèle. Je connais bien le langage d'ici, je veux dire que c'est possible l'avenir, parce que vous m'avez connu dans le passé. Aujourd'hui est l'avenir du passé déjà.
LDB : Quelle lecture critique faites-vous de la musique congolaise, étant à l'étranger ?
N.S. : Je veux être honnête. Avant de partir, il ya près de 30 ans, j'avais gardé le souvenir d'une musique congolaise leader au niveau du continent. Honnêtement, nous avons perdu le leadership, nos imitateurs sont maintenant beaucoup plus visibles que nous-mêmes. Je parle du décalé-coupé qui est une imitation, une version dédiée à la musique congolaise. C'est parce que cette musique, en vérité son rayonnement, a un peu ralenti, et nous en tant que diaspora, nous nous sommes dits qu'il fallait venir changer les choses de l'intérieur. Impulser notre façon de créer, notre façon de voir et que toutes ces compétences acquises ailleurs, reviennent au pays, en ayant comme objectif clair d'ici un an ou deux, de reprendre le leadership. J'ai bien envie qu'il y ait plusieurs groupes congolais émergents pour affronter le monde. On reconnaît les pays où la musique se porte bien par le nombre de groupes reconnus.
LDB : Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours musical ?
N.S. : Artistiquement mon plus grand souvenir est le stade de la révolution 1978 quand le grand frère Manu Dibango m'a remis le prix du grand chanteur afro-soul. Cela m'a suivi tout le reste de ma carrière. J'ai eu également le grand prix découverte RFI en 1984, une première au Congo. La même année, avec mon confrère Zao, nous avons été gratifiés du prix spécial du chef de l'État. Nous sommes les premiers et les derniers lauréats à avoir eu le prix Sassou N'Guesso. Ce sont là de bons souvenirs ! Mais il y en a d'autres : mon concert mémorable à Dolisie, ou encore mon spectacle au chapiteau à Talangai...
LDB : Votre mot de fin ?
N.S. : Nous sommes organisés maintenant pour que cette musique qui a bercé votre enfance, puisse aussi continuer à vous bercer en tant qu'adultes. Nous avons maintenant un fan club de walla à Brazzaville.
Propos recueillis par Jean Dany Ébouélé et Josiane Mambou Loukala
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