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Une Yankee à Gamboma : jubilatoire

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Ca y est ! Un nouvel écrivain nous est né au Congo. Un vrai. Pas un bricoleur, comme c’est la tendance actuellement. Cet écrivain s’appelle Marius Nguié. Son roman, Un yankee à Gamboma (Alma éditeur) constitue une jubilation.
Une Yankee à Gamboma : jubilatoire
Ce roman convoque une noria de superlatifs : vif et viril, sublime et succulent, etc. Une écriture merveilleusement descriptive, magnifiée par une douce averse de métonymies, irradié d’expressions de Gamboma, ou plutôt du Congo. Une maîtrise parfaite de la construction, chaque mot est bien pesé et choisi ; tout y est une suite logique. Dès l’incipit, le ton est donné : « Dans l’uniforme qu’il habite, ce mercredi ensoleillé du mois de juin, Benjamin avait les allures d’un yankee. En français de Gamboma, un yankee est une racaille, un homme sans scrupule, qui peut commettre un meurtre sans se soucier. » L’histoire : Benjamin - le héros de ce roman - est dépêché à Gamboma pour y faire régner l’ordre. Nous sommes en 1994 et ce jeune Cocoye, originaire de Dolisie, « n’est plus un homme neuf (…) ; il a tué des hommes, pilé des petits enfants dans des mortiers… » Il se lie d’amitié avec Nicolas, bon élève, fils d’une mère dévouée et adorée. Naïf, pour ce dernier s’afficher en compagnie du yankee est un privilège. Mais ses amis ne l’entendent pas de cette oreille, ils le repoussent. « Sous-off » - c’est le surnom du héros – connaît une fin tragique, tué par la population lassée de ses agissements (une mise en garde à l’adresse de tout pouvoir brutal et dictatorial ?) Le sujet est épuisé, beaucoup ont pondu des livres sur les ravages des guerres civiles au Congo, durant la parenthèse politique 92-97. Mais la manière de l'aborder ici, une sympohonie avec des fulgurances époustouflantes, est digne d'un grand monsieur des lettres.

Du reste, plus que l’amitié entre un « fou » et « un innocent », c'est une balade dans le Gambona des années 1990 que nous propose ici Marius Nguié ; « une ville qui bouge, elle fait paraître Djambala comme une adolescente et Lékana comme une gamine ». On voudrait aller traîner chez Où va la vie ?, Bwaka nzoto, ou manger chez Mère Pépé. Plus drôle encore, à Gamboma « on ne fait pas la cour en gangoulou, ça fait villageois et ça discrimine ». Il faut donc parler français. Mais Gamboma, cette ville cosmopolite, a ceci de particulier que « l’étranger et l’autochtone y vivent chacun dans leur isolation : ils s’approchent souvent sans vraiment s’aborder »… Toutes les personnalités politiques de Gambona en prennent aussi pour leur grade, sauf Mathias Dzon qui y jouissait à l’époque d’une bonne réputation.

Marius Nguié a « écrit ce roman en hommage à toutes les mères de sa ville ; il l’a écrit pour sortir la ville des Bagangoulous de l’anonymat ». Vaste programme ! A-t-il réussi sa mission ? Les historiens y répondront. Pour l’instant, notre seule certitude est qu’il a réussi son roman.

bedel baouna

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