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Cyriaque Bassoka : « Le marché de la musique congolaise est désordonné parce qu'il est entre les mains de personnes qui ne connaissent rien à la musique. »

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Cyriaque Bassoka : « Le marché de la musique congolaise est désordonné parce qu'il est entre les mains de personnes qui ne connaissent rien à la musique. »
Face à la désorganisation du marché de la musique congolaise envahi de produits de contrefaçon, Cyriaque Bassoka, producteur congolais de la diaspora française, soutient une action dynamique dans l'optique d'assainir le paysage musical. Ce qui donnera une chance aux créateurs de jouir de leurs talents

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Quel est l'objet de votre séjour à Brazzaville ?

Cyriaque Bassoka (CB)
: Présenter mes dernières productions des artistes Achille Mouebo et Lo-Benel. Cette dernière est venue comme invitée d'honneur à Kinshasa à l'occasion d'un spectacle en hommage à Tabu-Ley. Mais je suis là surtout pour prospecter, voir l'état du marché de la musique. La musique congolaise, très représentative il ya des années, est actuellement en baisse de régime. Il faut diagnostiquer les maux qui minent ce marché pour apporter une pierre à l'édifice. Par rapport à certains autres États africains, le marché congolais est plein d'opportunités s'il est bien organisé.

LDB : Que peut-on s'attendre de votre contribution pour stimuler ce marché de la musique congolaise ?

CB
: Il faut promouvoir la musique congolaise à un certain niveau, en mettant l'accent sur la communication, la promotion et le marketing de l'artiste. Le marché congolais est désordonné, car il se trouve entre les mains de personnes qui ne connaissent rien à la musique, qui sont là uniquement pour faire de l'argent. On ne peut pas faire concurrence à des œuvres piratées. Nous demandons aux pouvoirs publics d'assainir ce marché. Nous avons des œuvres phonographiques bradées au prix de 300 ou 500 FCFA. Comment peut-on gagner de l'argent en vendant les œuvres de nos artistes à vil prix ? C'est pour cette raison que nos artistes vivent dans de la pauvreté, voire la mendicité, et que certains d'entre eux préfèrent chanter des politiques ou des hommes d'affaires pour survivre.

LDB : Le Bureau congolais du droit d'auteur (BCDA) a lancé il y a quelques jours une opération de saisie et de destruction d'œuvres piratées. Qu'en pensez-vous ?

CB
: Le BCDA propose des œuvres culturelles congolaises grâce auxquelles, le Congo est connu à l'étranger. Je ne peux que soutenir une telle action. Quand on détruit 2% d'œuvres piratées, c'est 2% de gain de bons produits qui seront sur le marché. Que les pouvoirs publics accompagnent cette action. Car si nous avons quelques atouts connus au-delà de nos frontières, c'est bien la musique. On a de bons chanteurs qui peuvent aller loin, mais il faut donner un coup de pouce à nos artistes pour leur permettre d'exporter leurs produits. Il faut pour cela la création d'un label Congo pour faciliter cette promotion.

LDB : Votre apport peut-il être comptable ?

CB
: La petite expérience que nous avons, nous pouvons la mettre au service des artistes congolais, seulement si nous sommes sollicités. En tant qu'expert, étant congolais et promoteur de musique congolaise, je ne saurais dire non. Avec la musique congolaise aujourd'hui, on ne gagne pas d'argent, mais on la représente pour des raisons de fierté. J'étais récemment au Cameroun et au Gabon pour travailler sur les mêmes questions, pourquoi ne pas le faire dans mon propre pays ? Si aujourd'hui je mets des produits congolais sur le circuit international, c'est pour que cette musique soit représentée, c'est la fierté congolaise. Il faut mettre en place un label de rumba congolaise, cette musique très connue, mais seul je ne peux rien faire, il faut une concertation avec les autres. À mon niveau, j'essaie de faire ce que je peux.

LDB : Est-ce dans ce même élan qu'on apprend qu'un musée en l'honneur de Papa Kourand a été créé ?

CB
: On lui a consacré un musée, les amis m'ont déconseillé de signer avec lui à cause de son âge avancé. Je l'ai signé parce qu'il représente la tradition de la musique congolaise avec la sanza. Ce que les jeunes font aujourd'hui, quand ils se mettent à crier, quel message véhiculent-ils ? Papa Kourand est aujourd'hui accepté par les Français, parce qu'il reflète l'authenticité de la musique congolaise. On a monté un musée Papa-Kourand où il y a beaucoup de photos de lui, tout comme on a exposé les photos de la sanza et on a créé un site Papa-Kourand pour valoriser ses œuvres. Nous sommes en négociation avec une dizaine de festivals qui vont signer Papa Kourand pour des prestations en français. C'est le seul Congolais qui a été nommé citoyen d'honneur d'une cité française. Vous voyez un peu la grandeur d'une personnalité comme Papa Kourand, mais au Congo il est minimisé. Nous voulons mener de grandes opérations pour la promotion de cette musique au niveau international parce qu'actuellement les seuls groupes congolais qui participent à des festivals sont ceux basés à l'étranger.

LDB : Lo-Benel que vous aviez produite est-elle une Congolaise ?

CB :
Lo-Benel est son nom d'artiste. Elle tire ses origines des deux Congo, de Belgique et de France, mais elle est née en Algérie. Elle a vécu à Brazzaville au Plateau des Quinze-Ans à l'âge de trois an, à six ans elle est partie en Occident et n'est revenue à Brazzaville qu'en janvier 2012 pour une tournée musicale. Elle est la fille de Marie-Louise chantée par Wendo dans les années 1940.

Propos recueillis par Jean-Dany Ébouélé et Josiane Mambou-Loukala

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