Afrique, (Starducongo.com) - L’Assemblée parlementaire de la Francophonie, en sa 22è session régionale « Afrique » qui s’est tenue à Brazzaville du 26 au 28 mai 2014, a épilogué sur un thème d’actualité dans le microcosme politique africain : « Les Constitutions post-transitions et gouvernance démocratique en Afrique francophone ». Aussi, au Congo, le sujet n’est plus tabou puisque depuis quatre mois, tout le monde en parle. A chacun de donner son point de vue en tant que Congolais pour essayer d’aider les politiques dans la mise en œuvre de leurs idées car ce qui les unit est plus important et plus fort que ce qui les divise (1) : la patrie et la nation en gestation.

Avec les bouleversements sociopolitiques des pays africains consécutifs à la Perestroïka en 1991, l’Afrique s’est vue imposer la démocratie pluraliste avec tous ses avantages et avatars dans les relations des peuples à l’intérieur d’un même pays. Des Constitutions élaborées sur le modèle occidental ont vu le jour dans presque tous les pays au sud du Sahara. De l’Afrique des coups d’Etat postindépendances, nous sommes passés à l’Afrique des guerres civiles sur fond d’ethnicité causées par la démocratie pluraliste comme on a pu le remarquer au Soudan, Mali, en Côte d’Ivoire, et aujourd’hui en Centrafrique... Plus d’une décennie après la démocratie pluraliste, il est temps que les Africains réfléchissent à des « nouvelles républiques » sur le continent, « nouvelles républiques » qui seraient fondées sur les réalités africaines et les leçons tirées des fonctionnements plus ou moins chaotiques des différentes Constitutions à l’Occidentale expérimentées sur le continent. Et le Congo n’échappe pas à ces réalités.
Réalités africaines : le continent encore dans l’ombre de la chefferie
Les sociétés africaines n’ont connu la réalité républicaine occidentale qu’après les indépendances des années 60. Le passage des chefferies et royaumes à la réalité républicaine « made in Occident » s’est fait sans transition aucune. Après les indépendances, les pays africains apparaissent comme des monarchies républicaines. Le chef est considéré comme un roi au pouvoir. Le président règle son pouvoir à partir d’un parti unique qui demande au peuple de le voter (puisqu’il ya des élections imposées par la République) ad vitam aeternam. Comme dans les royaumes, le chef devrait diriger le pays jusqu’à sa mort. L’alternance au pouvoir s’imposerait à sa mort, guère avant. Et disons-le sans fausse honte, que le Congo et la plupart des pays africains peuvent être considérés comme des monarchies républicaines. Et une nouvelle république à eux devraient s’imposer en se fondant sur nos us et coutumes hérités de nos traditions. Des modes de républiques différentes de celles que nous ont imposés le colonialisme et l’impérialisme occidentaux. Aussi, la Nouvelle Afrique qui s’impose à nous ne devrait pas tout jeter de nos us et coutumes fondées sur l’entente et le « vivre en commun ».
Au Congo, il ne faut pas modifier la Constitution, il faut carrément la changer
Comment diantre des intellectuels bardés de diplômes continuent à penser qu’il faut réviser ou modifier la Constitution alors qu’il y a deux articles-pièges qui pourraient nous enfermer dans le mode occidental, deux articles qui sont en porte à faux avec la réalité africaine ? Car dans nos sociétés, l’âge du chef est synonyme de sagesse et d’expérience. Au Congo, la Constitution actuelle pose problème comme celle de l’après Conférence Nationale. Deux Constitutions « copier coller » de la démocratie pluraliste occidentale qui nous ont posé et posent encore des problèmes dans la cohabitation entre ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont à l’opposition. Il nous faut une nouvelle Constitution fondée sur nos réalités. Réalités qui doivent éclairer le consensus national et interethnique. Celui qui gagne aux élections ne doit pas tout gagner. Celui qui perd aux élections ne doit pas tout perdre non plus. Les pays africains nous révèlent une ethnicité qui doit être prise en compte dans la gouvernance nationale pour que la réussite sociale se réalise sur les majorités et minorités qui constituent nos peuples. De l’indépendance au multipartisme imposé par l’Occident, les coups d’Etat en Afrique ont eu pour fondement les conflits ethniques. Au Congo, la césure entre ethnies s’est malheureusement dévoilée avant l’indépendance d’août 1963 dans la lutte au pouvoir entre l’UDDIA de Youlou et le MSA d’Opangault. Des indépendances à la démocratie pluraliste, rares sont les chefs d’Etat qui ont quitté volontairement le pouvoir. Ils ont été balayés du pouvoir, soit par la mort soit par un coup de force, souvent consécutif à la colère des larges masses populaires où végètent, dans la paupérisation, quelques éléments militaires. Aussi, avec le tripatouillage des Constitutions à l’occidentale qui ne leur permettent pas de s’agripper royalement au pouvoir, les chefs d’Etat vont à l’encontre de l’alternance politique souhaitée par les Occidentaux et leurs oppositions. Au Congo, en RD Congo, au Cameroun, au Burkina Faso, majorité présidentielle et opposition se regardent en chiens de faïence lorsque le pays aborde la ligne droite qui mène vers la fin du mandat présidentiel défini par la Constitution. Et comme les partis politiques sont en majorité régionaux, ethniques, se révèle implicitement l’ethnicité.
Congo : Dynamiter la Constitution de 2002 pour l’émergence d’une nouvelle république
Le 30 avril 2014 à Pointe-Noire, le président du Front des Patriotes Unis Alphonse Nsimba Ndimbani (FPU) donnait son point de vue sur le changement ou la révision de la Constitution. Pour lui « la loi fondamentale a été votée en 2002 et on veut la changer sans nous dire quelles sont les raisons véritables pour lesquelles on doit la changer » (cf. « Les Dépêches de Brazzaville » n° 2004 du 5 mai 2014). Eléments de réponses pour enrichir ce débat qui s’avère intellectuellement passionnant. Car il ne faut pas changer pour le plaisir de changer comme nous l’avons fait avec enthousiasme en 1992 et 2002.
Il nous faut une nouvelle Constitution fondée sur nos réalités qui devraient tenir compte de la dimension de l’attribut chef qui subsiste encore dans notre vécu quotidien. La démocratie a toujours existé dans les royaumes kongo, téké et louango, dans les chefferies du Nord Congo. Il y avait la bonne gouvernance. Et comme dans la plupart des pays africains, l’alternance devient synonyme de « ôte-toi pour que je vienne manger car tu as trop mangé », se posent toujours les divergences irrédentistes dans la majorité des pays au sud du Sahara. Au Congo, il nous faut une nouvelle république qui ferait que personne ne soit laissé au bord de la route après les élections présidentielles. Pourquoi ne pas hiérarchiser les instances politiques de direction en fonction du poids politique de chaque parti après des élections libres et transparentes ? En dehors de la Présidence, Primature et Assemblée nationale seraient respectivement sous la direction des trois grands partis politiques. Aussi, l’opposition serait indubitablement impliquée dans la gouvernance du pays. Aussi, le président serait au dessus de la mêlée et se ferait violence de demander au gouvernement et à l’Assemblée de lutter contre les actes d’incivisme en faisant respecter les principes élémentaires de la justice quelle que soit l’appartenance ethnique de celui qui aurait commis la faute. De la nouvelle république à laquelle nous faisons allusion, on peut rappeler cette déclaration pertinente du ministre d’Etat Isidore Mvouba lors de la pose de la première pierre de la cimenterie de Hinda dans le département du Kouilou il y a quelques mois, et plus précisément le 23 mars 2014. Pour Isidore Mvouba, « (…), il est plus qu’.impérieux d’aller à la mise en place d’une nouvelle république dont la loi fondamentale devra tirer sa source de droit des us et coutumes et tradition de notre beau pays ».
Réalités africaines : le continent encore dans l’ombre de la chefferie
Les sociétés africaines n’ont connu la réalité républicaine occidentale qu’après les indépendances des années 60. Le passage des chefferies et royaumes à la réalité républicaine « made in Occident » s’est fait sans transition aucune. Après les indépendances, les pays africains apparaissent comme des monarchies républicaines. Le chef est considéré comme un roi au pouvoir. Le président règle son pouvoir à partir d’un parti unique qui demande au peuple de le voter (puisqu’il ya des élections imposées par la République) ad vitam aeternam. Comme dans les royaumes, le chef devrait diriger le pays jusqu’à sa mort. L’alternance au pouvoir s’imposerait à sa mort, guère avant. Et disons-le sans fausse honte, que le Congo et la plupart des pays africains peuvent être considérés comme des monarchies républicaines. Et une nouvelle république à eux devraient s’imposer en se fondant sur nos us et coutumes hérités de nos traditions. Des modes de républiques différentes de celles que nous ont imposés le colonialisme et l’impérialisme occidentaux. Aussi, la Nouvelle Afrique qui s’impose à nous ne devrait pas tout jeter de nos us et coutumes fondées sur l’entente et le « vivre en commun ».
Au Congo, il ne faut pas modifier la Constitution, il faut carrément la changer
Comment diantre des intellectuels bardés de diplômes continuent à penser qu’il faut réviser ou modifier la Constitution alors qu’il y a deux articles-pièges qui pourraient nous enfermer dans le mode occidental, deux articles qui sont en porte à faux avec la réalité africaine ? Car dans nos sociétés, l’âge du chef est synonyme de sagesse et d’expérience. Au Congo, la Constitution actuelle pose problème comme celle de l’après Conférence Nationale. Deux Constitutions « copier coller » de la démocratie pluraliste occidentale qui nous ont posé et posent encore des problèmes dans la cohabitation entre ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont à l’opposition. Il nous faut une nouvelle Constitution fondée sur nos réalités. Réalités qui doivent éclairer le consensus national et interethnique. Celui qui gagne aux élections ne doit pas tout gagner. Celui qui perd aux élections ne doit pas tout perdre non plus. Les pays africains nous révèlent une ethnicité qui doit être prise en compte dans la gouvernance nationale pour que la réussite sociale se réalise sur les majorités et minorités qui constituent nos peuples. De l’indépendance au multipartisme imposé par l’Occident, les coups d’Etat en Afrique ont eu pour fondement les conflits ethniques. Au Congo, la césure entre ethnies s’est malheureusement dévoilée avant l’indépendance d’août 1963 dans la lutte au pouvoir entre l’UDDIA de Youlou et le MSA d’Opangault. Des indépendances à la démocratie pluraliste, rares sont les chefs d’Etat qui ont quitté volontairement le pouvoir. Ils ont été balayés du pouvoir, soit par la mort soit par un coup de force, souvent consécutif à la colère des larges masses populaires où végètent, dans la paupérisation, quelques éléments militaires. Aussi, avec le tripatouillage des Constitutions à l’occidentale qui ne leur permettent pas de s’agripper royalement au pouvoir, les chefs d’Etat vont à l’encontre de l’alternance politique souhaitée par les Occidentaux et leurs oppositions. Au Congo, en RD Congo, au Cameroun, au Burkina Faso, majorité présidentielle et opposition se regardent en chiens de faïence lorsque le pays aborde la ligne droite qui mène vers la fin du mandat présidentiel défini par la Constitution. Et comme les partis politiques sont en majorité régionaux, ethniques, se révèle implicitement l’ethnicité.
Congo : Dynamiter la Constitution de 2002 pour l’émergence d’une nouvelle république
Le 30 avril 2014 à Pointe-Noire, le président du Front des Patriotes Unis Alphonse Nsimba Ndimbani (FPU) donnait son point de vue sur le changement ou la révision de la Constitution. Pour lui « la loi fondamentale a été votée en 2002 et on veut la changer sans nous dire quelles sont les raisons véritables pour lesquelles on doit la changer » (cf. « Les Dépêches de Brazzaville » n° 2004 du 5 mai 2014). Eléments de réponses pour enrichir ce débat qui s’avère intellectuellement passionnant. Car il ne faut pas changer pour le plaisir de changer comme nous l’avons fait avec enthousiasme en 1992 et 2002.
Il nous faut une nouvelle Constitution fondée sur nos réalités qui devraient tenir compte de la dimension de l’attribut chef qui subsiste encore dans notre vécu quotidien. La démocratie a toujours existé dans les royaumes kongo, téké et louango, dans les chefferies du Nord Congo. Il y avait la bonne gouvernance. Et comme dans la plupart des pays africains, l’alternance devient synonyme de « ôte-toi pour que je vienne manger car tu as trop mangé », se posent toujours les divergences irrédentistes dans la majorité des pays au sud du Sahara. Au Congo, il nous faut une nouvelle république qui ferait que personne ne soit laissé au bord de la route après les élections présidentielles. Pourquoi ne pas hiérarchiser les instances politiques de direction en fonction du poids politique de chaque parti après des élections libres et transparentes ? En dehors de la Présidence, Primature et Assemblée nationale seraient respectivement sous la direction des trois grands partis politiques. Aussi, l’opposition serait indubitablement impliquée dans la gouvernance du pays. Aussi, le président serait au dessus de la mêlée et se ferait violence de demander au gouvernement et à l’Assemblée de lutter contre les actes d’incivisme en faisant respecter les principes élémentaires de la justice quelle que soit l’appartenance ethnique de celui qui aurait commis la faute. De la nouvelle république à laquelle nous faisons allusion, on peut rappeler cette déclaration pertinente du ministre d’Etat Isidore Mvouba lors de la pose de la première pierre de la cimenterie de Hinda dans le département du Kouilou il y a quelques mois, et plus précisément le 23 mars 2014. Pour Isidore Mvouba, « (…), il est plus qu’.impérieux d’aller à la mise en place d’une nouvelle république dont la loi fondamentale devra tirer sa source de droit des us et coutumes et tradition de notre beau pays ».

Un peuple averti en vaut deux !
La Constitution post-Conférence Nationale et celle de 2002, apparaissent comme des singeries des Constitutions occidentales. Aussi ont-elles démontré leurs limites en étant en porte à faux avec nos réalités. Celle de 1992 a débouché sur des troubles plus ou moins régionaux avec destructions des biens et immeubles et mort d’hommes. Quant à celle de 2002, elle oppose déjà pouvoir et opposition, celle voyant son tour venu pour le « boukoutage » (2). Une regrettable caractéristique des politiques africaines. Au moment où le pays se développe et que les plaies des tragédies de la décennie 90 se cicatrisent, nous devons éviter une nouvelle fracture sociale consécutive à la mauvaise interprétation de la Constitution actuelle. En jetant un regard dans le rétroviseur de notre histoire politique, on peut tirer profit des erreurs du passé consécutives au plagiat des réalités des autres. En 1968, le président Alphonse Massamba Débat était incompris quand il voulait pratiquer un socialisme fondé sur nos réalités (le socialisme bantou). Quelques années plus tard, le socialisme pur et dur (le dogme du socialisme scientifique incarné par son successeur), tel Kronos, dévorait ses propres enfants, comme on pouvait le constater à l’époque par l’émergence du M22 (mené de main de maître par le lieutenant Ange Diawara) et quelques années après par la mort tragique du commandant Marien Ngouabi dans l’exercice de ses fonctions de chef de l’Etat. Somme toute, les Constitutions de 1992 et de 2002 ont étalé au fil du temps leurs limites, puisque jamais la majorité présidentielle et l’opposition n’ont été sur une même longueur d’onde quant à leur application et leur interprétation. En Afrique, et plus précisément dans le système pluraliste comme au Congo, majorité présidentielle et opposition sont « bonnet blanc, blanc bonnet ». Triste réalité d’une démocratie pluraliste qui peine à se concrétiser « scientifiquement ». Et cela, faute de prise en compte par les décideurs politiques de nos us et coutumes. Aussi, l’interpellation d’Aimé Raymond Nzango dans « Le Patriote » n°278 du 22 avril 2014 doit une fois de plus nous faire réfléchir au lieu de s’engouffrer dans la politique politicienne quand il écrit : « au-delà de nos divergences d’opinions, en dépit de la diversité de nos chapelles politiques, essayons de privilégier l’intérêt supérieur de la nation, en ce moment crucial où se joue le devenir de notre pays, le sort de tous les Congolais. Essayons de rechercher un consensus salvateur, à travers quelques bonnes raisons aptes à nous épargner le chaos ».
D’où la nécessité de changer fondamentalement les choses : adopter une nouvelle Constitution par voie référendaire afin de bâtir une nouvelle république. Nouvelle donne qui prendrait en compte nos réalités adossées à certaines de nos us et coutumes afin de préserver notre africanité. Aux acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition auxquels il faut ajouter la société civile de réfléchir sur cette nouvelle donne politique pour une nouvelle vision politique. Vision que devrait explorer les instances politiques de l’Union africaine. Car les Africains viennent à peine de s’amarrer à la démocratie pluraliste occidentale. Le continent subit encre le poids de certaines réalités sociales du mode de gouvernance d’antan. Vision qui épargnerait le peuple des tristes erreurs du passé. Vision pour un besoin politique fondée sur un consensus et un modus operandi partagé par une large majorité. Vision pour une réelle cohésion nationale.
Aussi, dirons-nous en conclusion que les politiques congolais devraient prendre en compte leurs réalités sociologiques au cours de l’élaboration de leurs éventuels et futurs actes fondamentaux qui pourraient se pérenniser dans l’espace et dans le temps et fondés sur la cohésion des populations.
Noël KODIA,
Essayiste et critique littéraire congolais
(1) Noël Kodia-Ramata, qui ne veut pas que son pays retombe dans la « bêtise humaine » des politiques, a connu les atrocités des affrontements fratricides de février 1959 et des guerres politico-régionales de la décennie 90 consécutives à la mauvaise interprétation de la Constitution de 1992. Il les relate dans son roman « Les Enfants de la guerre » et son poème « Fragment d’une douleur au cœur de Brazzaville »
(2) Néologisme congolais qui vient du verbe kongo-lari « bukuta » qui signifie « mâcher un aliment goulûment. Le « boukoutage » est le fait de dépenser énormément l’argent sans parcimonie.
La Constitution post-Conférence Nationale et celle de 2002, apparaissent comme des singeries des Constitutions occidentales. Aussi ont-elles démontré leurs limites en étant en porte à faux avec nos réalités. Celle de 1992 a débouché sur des troubles plus ou moins régionaux avec destructions des biens et immeubles et mort d’hommes. Quant à celle de 2002, elle oppose déjà pouvoir et opposition, celle voyant son tour venu pour le « boukoutage » (2). Une regrettable caractéristique des politiques africaines. Au moment où le pays se développe et que les plaies des tragédies de la décennie 90 se cicatrisent, nous devons éviter une nouvelle fracture sociale consécutive à la mauvaise interprétation de la Constitution actuelle. En jetant un regard dans le rétroviseur de notre histoire politique, on peut tirer profit des erreurs du passé consécutives au plagiat des réalités des autres. En 1968, le président Alphonse Massamba Débat était incompris quand il voulait pratiquer un socialisme fondé sur nos réalités (le socialisme bantou). Quelques années plus tard, le socialisme pur et dur (le dogme du socialisme scientifique incarné par son successeur), tel Kronos, dévorait ses propres enfants, comme on pouvait le constater à l’époque par l’émergence du M22 (mené de main de maître par le lieutenant Ange Diawara) et quelques années après par la mort tragique du commandant Marien Ngouabi dans l’exercice de ses fonctions de chef de l’Etat. Somme toute, les Constitutions de 1992 et de 2002 ont étalé au fil du temps leurs limites, puisque jamais la majorité présidentielle et l’opposition n’ont été sur une même longueur d’onde quant à leur application et leur interprétation. En Afrique, et plus précisément dans le système pluraliste comme au Congo, majorité présidentielle et opposition sont « bonnet blanc, blanc bonnet ». Triste réalité d’une démocratie pluraliste qui peine à se concrétiser « scientifiquement ». Et cela, faute de prise en compte par les décideurs politiques de nos us et coutumes. Aussi, l’interpellation d’Aimé Raymond Nzango dans « Le Patriote » n°278 du 22 avril 2014 doit une fois de plus nous faire réfléchir au lieu de s’engouffrer dans la politique politicienne quand il écrit : « au-delà de nos divergences d’opinions, en dépit de la diversité de nos chapelles politiques, essayons de privilégier l’intérêt supérieur de la nation, en ce moment crucial où se joue le devenir de notre pays, le sort de tous les Congolais. Essayons de rechercher un consensus salvateur, à travers quelques bonnes raisons aptes à nous épargner le chaos ».
D’où la nécessité de changer fondamentalement les choses : adopter une nouvelle Constitution par voie référendaire afin de bâtir une nouvelle république. Nouvelle donne qui prendrait en compte nos réalités adossées à certaines de nos us et coutumes afin de préserver notre africanité. Aux acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition auxquels il faut ajouter la société civile de réfléchir sur cette nouvelle donne politique pour une nouvelle vision politique. Vision que devrait explorer les instances politiques de l’Union africaine. Car les Africains viennent à peine de s’amarrer à la démocratie pluraliste occidentale. Le continent subit encre le poids de certaines réalités sociales du mode de gouvernance d’antan. Vision qui épargnerait le peuple des tristes erreurs du passé. Vision pour un besoin politique fondée sur un consensus et un modus operandi partagé par une large majorité. Vision pour une réelle cohésion nationale.
Aussi, dirons-nous en conclusion que les politiques congolais devraient prendre en compte leurs réalités sociologiques au cours de l’élaboration de leurs éventuels et futurs actes fondamentaux qui pourraient se pérenniser dans l’espace et dans le temps et fondés sur la cohésion des populations.
Noël KODIA,
Essayiste et critique littéraire congolais
(1) Noël Kodia-Ramata, qui ne veut pas que son pays retombe dans la « bêtise humaine » des politiques, a connu les atrocités des affrontements fratricides de février 1959 et des guerres politico-régionales de la décennie 90 consécutives à la mauvaise interprétation de la Constitution de 1992. Il les relate dans son roman « Les Enfants de la guerre » et son poème « Fragment d’une douleur au cœur de Brazzaville »
(2) Néologisme congolais qui vient du verbe kongo-lari « bukuta » qui signifie « mâcher un aliment goulûment. Le « boukoutage » est le fait de dépenser énormément l’argent sans parcimonie.
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