De retour à Paris ce samedi matin 26 juillet 2014 à 6h30 en provenance Brazzaville par le vol d’Ethiopian Airline Patrick Éric MAMPOUYA a choisi DAC PRESSE pour livrer ses impressions et sa vision pour un Congo réconcilié et apaisé. Comme, beaucoup d’autres, DAC PRESSE se tourne vers tous les congolais, sans exception, politiques ou apolitiques puisque le sort de notre pays est dans l’association des idées de tous les acteurs qui essaient d'apporter un éclairage au combat pour la restauration de la démocratie.
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DAC PRESSE : Bonjour, Monsieur Patrick Eric Mampouya, avant d’aborder quelques questions d’actualité, comment allez-vous ?
Je suis très fatigué, épuisé, je dirais même un peu abîmé. La vie à Brazzaville peut vous assommer un taureau combatif en bonne santé comme moi. Je vous rappelle une statistique de l’ONU qui dit que l’espérance de vie au Congo Brazzaville est en moyenne de 54 ans.
La vie à Brazzaville est très dure. Pour peu que vous soyez abordable, on vous ramène des problèmes graves tous les jours. Vous prenez des coups jour après jour en encaissant les problèmes des autres et cela agit sur votre santé.
DAC PRESSE : Vous venez de passer près de 11 mois à Brazzaville, comment trouvez-vous la situation sociale du Pays ?
La situation sociale au Congo est très difficile, à partir du 15 de chaque mois tous les congolais ou presque tirent la langue, personne ne sait comment finir le mois, alors la débrouille est devenu la règle. Tout le monde se débrouille à Brazzaville. Le Congo à une croissance creuse qui ne produit aucun emploi et aucune richesse pour les populations. En zone rurale les gens sont de plus en plus déstabilisés. Les malades ne se soignent plus. Dernièrement j’ai vu à Brazzaville les banderoles d’une grande compagnie de téléphone locale qui proposait des consultations gratuites à l’hôpital de Makélékélé. C’est triste que notre pays en soit arrivé là. Tout ce qui est gratuit, tous les dons intéressent de plus en plus les congolais, alors toute honte bu, même les personnes qui travaillent et n’osaient pas faire la manche vous agrippe littéralement pour que vous réglez leurs problèmes, au Congo on appelle cela faire de la redistribution sociale en fait c’est faire la manche, pour vous convaincre de la situation sociale au Congo, je vous donne un lien. Allez voir les statistiques de l’ONU : http://www.statistiques-mondiales.com/congo_brazzaville.htm
DAC PRESSE : Avec beaucoup d’autres citoyens congolais, vous venez de créer le Mouvement Citoyen de l’Ordre Constitutionnel, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les objectifs de ce nouveau Mouvement ?
Le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel est un mouvement pacifique et non violent qui regroupe les ONG, les individualités et les partis politiques qui pensent qu’il ne faut pas changer la constitution de 2002, constitution qu’on a d’ailleurs jamais appliquer. Le mouvement Citoyen n’est pas un parti politique de plus. L’objectif du Mouvement est de faire respecter l’ordre constitutionnel dans notre pays.
Depuis qu’on a imposé le débat sur le changement de la constitution aux congolais, nous avons remarqué que beaucoup de congolais et même les plus éminents n’ont jamais pris le temps de lire la constitution du 20 janvier 2002, alors, le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel s’est donné pour mission d’organiser des débats citoyens dans tout le pays pour expliquer et vulgariser ce qu’est la Constitution et aussi pour exiger son respect.
Nous rencontrons chaque jour un intérêt croissant des populations face à cette thématique malgré les difficultés que nous avons de trouver les salles de réunions à Brazzaville notamment.
Nous voulons faire comprendre à tous les citoyens que cette constitution nous permet de faire une alternance politique démocratique sans violence dans notre pays pour renouveler les équipes qui travaillent pour notre bien être.
L’objectif principal du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel est de dire :
NON à la modification de la constitution
NON au changement de constitution
NON au troisième mandat pour le Président actuel
DAC PRESSE : Pensez-vous que le pouvoir en place joue le jeu démocratique ?
« Jouer le jeu démocratique », je ne sais pas ce que ça veut dire. Je sais seulement que le Congo n’est pas la Corée du Nord l’une des dernières dictatures au monde, je rajoute tout de suite après que le Congo n’est pas non plus le Sénégal, une démocratie en construction certainement la plus dynamique d’Afrique francophone.
Cela tient sans doute à l’histoire particulière de notre qui est émaillée de violence politique par intermittence et aussi aux intellectuels congolais qui au lieu de défendre leurs valeurs, se laissent souvent tenté par la facilité de l’argent-roi.
La démocratie ne se décrète pas, n’oubliez jamais que les personnes à qui on demande de jouer le jeu démocratique sont issues d’un parti révolutionnaire marxiste léniniste et pour la plupart ces personnes n’ont jamais intégré les valeurs démocratiques. Ils ont changé d’habit (ils ne mettent plus la veste kaki et le col Mao) mais, les fondements de l’idéologie du PCT et de ses cadres n’ont jamais changé ; vous ne pouvez donc pas demander au personnes qui ont le pouvoir dans pays de jouer le jeu démocratique.
DAC PRESSE : Que peut- attendre le MCOC des congolais de l’étranger en particulier la Diaspora congolaise de France ?
Le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel attend beaucoup de la Diaspora, notamment qu’elle soit le relais ou le porte voix de tout ce qui se qui se passe à l’intérieur du pays.
Je tiens à la disposition de toutes les personnes qui le souhaitent le manifeste et l’appel au citoyen congolais qui sont nos deux documents fondateurs.
La diaspora ne peut pas seule, mener un combat politique qui aura son aboutissement au pays ; il faut absolument travailler en synergie avec les acteurs politiques qui sont à l’intérieur du pays. Pour l’instant la versatilité et la légèreté de la diaspora congolaise annihilent toutes les stratégies sérieuses de travailler ensemble.
Personnellement j’ai toujours pensé que le Congo ne se développera pas sans sa diaspora et il faut rapidement poser des actes qui vont rétablir la confiance entre les congolais de l’extérieur et les congolais de l’intérieur. Le débat sur le changement de la constitution nous donne cette opportunité, l’opportunité de travailler ensemble sur une thématique unique : le NON au changement de la constitution.
Comme membre du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel, et ancien membre de la diaspora je vais faire tout mon possible pour que les congolais puisse se faire confiance au moins sur l’objectif commun du NON au changement de la constitution.
DAC PRESSE : Il règne actuellement une atmosphère de « guerre larvée » au sein de la majorité des structures politiques congolaises sur l’épineuse question de la modification ou non de la constitution, L’ UPADS engluée dans ses propres turpitudes donne quand même un avis défavorable, le MCDDI malgré les tensions interne donne également un avis défavorable ainsi que l’ARD,, la liste est longue, pourquoi ne pas réunir toutes ces sensibilités pour créer réellement un FRONT UNI contre le pouvoir en place ?
Guerre larvée c’est un peu osé tout de même. Il serait malséant que moi je puisse vous parler des problèmes des partis politiques d’autant plus que je ne suis pas membre d’un parti politique.
Comme citoyen, je suis certain que le front commun se mettra en place sur la thématique de la constitution, il faut laisser le temps au temps.
Le débat sur le changement de la constitution durera au moins jusqu’en 2015 si le pouvoir actuel ne trouve pas une solution rapide. Je vous rappel qu’une constitution déjà écrite existe déjà dans les tiroir de monsieur Sassou Nguesso et qu’il cherche le bon moment pour la faire passer. Chacun sait que ni le Président de la République, ni son parti (le PCT) ne se sont encore prononcé sur le changement de la constitution ; il est donc urgent d’attendre, attendre en continuant à travailler sans relâche.
Comme citoyen actif et observateur de notre société je constate que cette question de la constitution est entrain de faire bouger les lignes dans tous les partis politiques. Au sein du MCDDI c’est la foire d’empoigne entre les militants qui majoritairement sont pour le NON au changement de la constitution contre une partie du BEN.
Au RDD, l’autre parti poids lourd de la majorité présidentielle les compagnons se regardent les uns les autres et attendent le bon moment pour dégainer parce qu’ils n’ont rien à gagner dans le statut quo. Le RDD est majoritairement pour le NON au changement de la constitution sauf miracle. Tous les autres partis satellites de la mouvance présidentielle sont dans l’expectative comme le RC de monsieur Claude Silou, le MAR, le MNR, ect…, cette question ne peut pas laisser indifférent et c’est une bonne chose.
Les congolais n’ont rien à gagner dans cette affaire, dans ce débat qui leur est imposé et tous les partis politiques congolais et même les modérés le savent. Même le PCT n’arrive pas à contenir ses idéologues les plus éminents c’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle le Président de la République et son parti gardent le silence. L’affaire n’est pas dans la poche loin de là. Les sorties et les prises de positions publiques de certains membres influents du comité central du PCT comme Okombi Salissa, Zacharie Bowao et autres Madzimba n’arrangent pas les choses.
DAC PRESSE : Parti de Lyon la dynamique de la mobilisation pour le non à la modification congolaise a gagné Paris avec la mise en place des assises, quel est votre regard vu de l’extérieur bien qu’étant un membre très connu de la diaspora parisienne ?
La mise en place des assises a été une très bonne initiative, que cette initiative soit parti de la ville de Lyon je dis milles bravos à tous les Lyonnais. Tous les hommes politiques congolais ont suivi avec une attention particulière ces assises. Pour ma part j’espère de tout mon cœur que ces assises sont le début de la maturité de la diaspora congolaise de France.
DAC PRESSE : Peut-on dire que les querelles des égos et la prévalence des ambitions observées dernièrement au sein de la Diaspora congolaise de France sont de nature à annihiler les efforts consentis jusque-là pour restaurer la démocratie congolaise ?
Dans votre question il y a la réponse. Depuis Brazzaville je ne me rendais pas compte des divisions de la diaspora cette fois-ci encore. Franchement j’avais cru comprendre que les assises avaient sonné le glas des turpitudes des enfants terribles congolais.
Peut-on raisonnablement avoir des ambitions présidentielles au Congo pour peut qu’on sache parler aux foules ou pour peu qu’on puisse savoir écrire. La politique c’est sérieux tout de même, beaucoup de congolais de la diaspora se prennent pour De Gaulle actuellement et ils pensent qu’ils vont venir libérer le Congo ; mais le Congo n’est pas envahit par une armée étrangère que je sache ; je trouve vraiment que ce n’est pas sérieux.
La diaspora à en son sein des compatriotes qui ont des expertises que le Congo a besoin, si certains veulent dirigé notre pays ce qui est légitime, je penses qu’ils devraient d’abord s’entrainer à rassembler et à diriger cette diaspora truculente.
DAC PRESSE : Dernièrement une photo de vous avec le Général JF NDENGUET a jeté un coup de froid dans le milieu de la diaspora congolaise, on vous a même traité de tous les noms d’oiseau, nous savons aussi que vous avez fait une mise au point, seulement il subsiste un doute que pouvez–vous nous dire de plus pour lever ce doute ?
Je me demande de quel doute il s’agit ? Serais-je devenu l’ami du Général Jean-François Ndenguet ? La réponse est non. Pensez vous que le Général Jean-François Ndenguet soit devenu naïf ou que je le sois moi-même ? La encore la réponse est non. Si un jour le Général Jean-François Ndenguet pense que je suis une menace pour la République, il n’hésitera pas une seule seconde à me faire subir le sort que subit actuellement le Colonel Marcel Ntsourou qui a fait beaucoup pour le régime. Un sourire ou une accolade sur une photo ne démontre pas la force des sentiments qu’il peut y avoir entre deux personnes.
Enfin je rappelle encore une fois ici que j’avais publié des images de moi avec le Révérend Frédéric Bitsamou « alias Ntumi » et j’avais essuyé les mêmes insultes, quelques jours avant la capture du Colonel Marcel Ntsourou je m’étais photographié avec lui et là encore j’avais été l’objet de plusieurs insultes. Juste avant que je vienne en France je suis allé manger avec les Sélékas et les Anti-balakas qui étaient à Brazzaville dans le cadre du forum pour la paix. Je redis aux lecteurs de DAC que je ne me connais aucun ennemi au Congo et même en France où j’ai vécu pendant 33 ans, les gens qui me détestent ont leurs raisons et je ne veux pas forcément attirer la sympathie des uns ou des autres. Je ne me considère pas comme un homme politique et donc je n’ai aucune intention de me présenter à une fonction élective.
Tous les congolais sont mes frères et donc je me donne le droit de parler à tous les congolais, ceux qui ne veulent pas me parler c’est pas grave, le ciel ne tombera pas parce que je ne serais pas apprécier par tel ou telle autre personne.
Bientôt je vais devenir le congolais le plus insulté sur les réseaux sociaux, c’est plutôt amusant vous ne trouvez pas ? La bonne question à me poser aurait été pourquoi ces rencontres et pourquoi ces photos ? Mais vous ne m’avez pas posé la question et donc je ne vous répondrais pas cette fois-ci.
DAC PRESSE : Serait-il plus aisé de mener le combat de l’intérieur que de proférer des critiques de l’extérieur ?
Moi je prône depuis quelques années déjà le retour de la diaspora, mon frère Benjamin Toungamani avait même parlé en 2010 d’une opération "Exodus" qui est resté sans lendemain.
Proférer des critiques je le faisais quand j’étais à l’extérieur, je continue à le faire maintenant que je suis à l’intérieur et je mène le combat à l’intérieur avec les autres. Je sais que la diaspora a besoin d’un certain nombre de garanties avant de rentrer au pays mais je suis désolé de dire à mes frères que vous n’aurez jamais ces garanties avec le pouvoir actuel, et d’ailleurs les congolais diplômé qui souffrent à Brazzaville ne comprendraient pas qu’on fasse un pont d’or à d’autres congolais, je me demande même si ce n’est pas discriminatoire et si notre constitution peut permettre cela.
Je reconnais que la vie à Brazzaville est difficile, je dirais même très difficile sur tous les points surtout quand on ne connaît pas les bonnes portes et c’est mon cas, en plus que je me suis aliéner beaucoup de personne qui pouvaient m’aider.
Je reste convaincu que plus les congolais de la diaspora seront nombreux au Congo, plus vite les changements que nous voulons tous pourront se mettre en place.
DAC PRESSE : Votre mot de fin
J’exhorte la diaspora de prendre vraiment ses responsabilités, si les congolais ne réussissent pas à bloquer le projet du changement de la constitution, alors plus rien ne sera possible avant longtemps pour notre pays et beaucoup de nos compatriotes reprendront les chemins de l’exil pas seulement pour aller vivre chez les autres mais pour aller y mourir.
Le Congo Brazzaville a besoin de sa diaspora, les congolais de l’intérieur attendent beaucoup de la diaspora, il faut vraiment que la diaspora prenne enfin ses responsabilités. La politique c’est d’abord le rapport de force et le compromis sans la compromission. Au fait, pensez vous que Nelson Mandela se soit compromis en travaillant avec ses geôliers, en serrant les mains de ses anciens bourreaux ?
Pour une fois le Président de notre République n’a pas le rapport de force en sa faveur, sommes nous capable aujourd’hui de faire des compromis sans nous compromettre pour atteindre les objectifs d’un Congo gouverné autrement ? Je pose cette question à tous mes frères, à tous mes compatriotes.
Au Burkina Faso où le problème se pose dans les mêmes termes que chez nous, il s’est formé un large rassemblement dans lequel on retrouve même les parents de monsieur Blaise Campaoré sur une thématique clair, simple et précis : NON au référendum.
Les congolais sont-ils capables de faire comme les Burkinabés ? Chacun doit se poser la question de savoir s’il est capable de faire chemin avec les autres rien que sur la thématique du NON au changement de la constitution. Notre Président à nous ne reculera qu’à cette condition
Les français et encore moins les américains ne viendront pas mourir pour sauver le Congo. Ces deux pays ont déjà fait le maximum que nous attendions d’eux comme d’ailleurs dans le passé quand ils avaient pesé de tout leur poids pour qu’on accorde à notre pays le PPTE (même si notre peuple n’a pas profité ce de statut). C’est maintenant à nous congolais de l’intérieur et de l’extérieur de faire le reste.
Nous vous remercions Monsieur Patrick Eric Mampouya de nous avoir accordé cette exclusivité, et d’avoir bien voulu apporter votre éclairage aux multiples interrogations qui risquaient de porter atteintes à votre intégrité morale et politique.
Mon intégrité morale et politique compte très peu. D'abord je ne me prends pas pour un homme politique, j’aime me définir comme un citoyen engagé. Je suis une personne atypique et je cultive ma singularité, j’essaye surtout de faire respecter mes droits constitutionnels. J’ai toujours avec moi la constitution de mon pays que je brandis régulièrement à ceux qui contestent mes droits de citoyen. Je pense que notre pays peut être gouverné autrement.
Il y a toujours un moment dans la vie ou un homme se pose la question ultime : « ai je donné mon maximum ou le meilleur de moi ». Pour ma part quand je m’engage, je donne toujours le meilleur de moi, même quand je n’arrive pas à mes fins. Dans mon petit parcours de militant j’ai toujours donné le meilleur de moi et j’ai inspiré beaucoup de ceux qui m’insultent maintenant sur les réseaux sociaux. Nelson Mandela disait : « le courage ce n’est pas de ne pas avoir peur mais d’inspirer les autres », sur ce plan, je pense que j’ai fait mon travail.
Quand à ma morale, toutes les personnes qui m’insultent ne peuvent pas prouver leurs assertions, malheureusement les congolais sont devenus maîtres dans l’insulte, l’insinuation et la rumeur qui leur sert d’argument politique ; il y a même un site internet congolais qui sert de défouloir à ceux qui ne peuvent pas s’offrir un thérapeute.
Les internautes qui vous suivent à travers notre site vous remercient. Nous vous souhaitons de passer de très bonnes vacances chez vous.
Milles mercis de m’avoir permis de m’exprimer sur le support de DAC et j’espère que nous serons en contact quand je serais à Brazzaville dans quelques semaines.
Propos recueillis le 26 juillet 2014 par la rédaction du DAC PRESSE
Je suis très fatigué, épuisé, je dirais même un peu abîmé. La vie à Brazzaville peut vous assommer un taureau combatif en bonne santé comme moi. Je vous rappelle une statistique de l’ONU qui dit que l’espérance de vie au Congo Brazzaville est en moyenne de 54 ans.
La vie à Brazzaville est très dure. Pour peu que vous soyez abordable, on vous ramène des problèmes graves tous les jours. Vous prenez des coups jour après jour en encaissant les problèmes des autres et cela agit sur votre santé.
DAC PRESSE : Vous venez de passer près de 11 mois à Brazzaville, comment trouvez-vous la situation sociale du Pays ?
La situation sociale au Congo est très difficile, à partir du 15 de chaque mois tous les congolais ou presque tirent la langue, personne ne sait comment finir le mois, alors la débrouille est devenu la règle. Tout le monde se débrouille à Brazzaville. Le Congo à une croissance creuse qui ne produit aucun emploi et aucune richesse pour les populations. En zone rurale les gens sont de plus en plus déstabilisés. Les malades ne se soignent plus. Dernièrement j’ai vu à Brazzaville les banderoles d’une grande compagnie de téléphone locale qui proposait des consultations gratuites à l’hôpital de Makélékélé. C’est triste que notre pays en soit arrivé là. Tout ce qui est gratuit, tous les dons intéressent de plus en plus les congolais, alors toute honte bu, même les personnes qui travaillent et n’osaient pas faire la manche vous agrippe littéralement pour que vous réglez leurs problèmes, au Congo on appelle cela faire de la redistribution sociale en fait c’est faire la manche, pour vous convaincre de la situation sociale au Congo, je vous donne un lien. Allez voir les statistiques de l’ONU : http://www.statistiques-mondiales.com/congo_brazzaville.htm
DAC PRESSE : Avec beaucoup d’autres citoyens congolais, vous venez de créer le Mouvement Citoyen de l’Ordre Constitutionnel, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les objectifs de ce nouveau Mouvement ?
Le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel est un mouvement pacifique et non violent qui regroupe les ONG, les individualités et les partis politiques qui pensent qu’il ne faut pas changer la constitution de 2002, constitution qu’on a d’ailleurs jamais appliquer. Le mouvement Citoyen n’est pas un parti politique de plus. L’objectif du Mouvement est de faire respecter l’ordre constitutionnel dans notre pays.
Depuis qu’on a imposé le débat sur le changement de la constitution aux congolais, nous avons remarqué que beaucoup de congolais et même les plus éminents n’ont jamais pris le temps de lire la constitution du 20 janvier 2002, alors, le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel s’est donné pour mission d’organiser des débats citoyens dans tout le pays pour expliquer et vulgariser ce qu’est la Constitution et aussi pour exiger son respect.
Nous rencontrons chaque jour un intérêt croissant des populations face à cette thématique malgré les difficultés que nous avons de trouver les salles de réunions à Brazzaville notamment.
Nous voulons faire comprendre à tous les citoyens que cette constitution nous permet de faire une alternance politique démocratique sans violence dans notre pays pour renouveler les équipes qui travaillent pour notre bien être.
L’objectif principal du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel est de dire :
NON à la modification de la constitution
NON au changement de constitution
NON au troisième mandat pour le Président actuel
DAC PRESSE : Pensez-vous que le pouvoir en place joue le jeu démocratique ?
« Jouer le jeu démocratique », je ne sais pas ce que ça veut dire. Je sais seulement que le Congo n’est pas la Corée du Nord l’une des dernières dictatures au monde, je rajoute tout de suite après que le Congo n’est pas non plus le Sénégal, une démocratie en construction certainement la plus dynamique d’Afrique francophone.
Cela tient sans doute à l’histoire particulière de notre qui est émaillée de violence politique par intermittence et aussi aux intellectuels congolais qui au lieu de défendre leurs valeurs, se laissent souvent tenté par la facilité de l’argent-roi.
La démocratie ne se décrète pas, n’oubliez jamais que les personnes à qui on demande de jouer le jeu démocratique sont issues d’un parti révolutionnaire marxiste léniniste et pour la plupart ces personnes n’ont jamais intégré les valeurs démocratiques. Ils ont changé d’habit (ils ne mettent plus la veste kaki et le col Mao) mais, les fondements de l’idéologie du PCT et de ses cadres n’ont jamais changé ; vous ne pouvez donc pas demander au personnes qui ont le pouvoir dans pays de jouer le jeu démocratique.
DAC PRESSE : Que peut- attendre le MCOC des congolais de l’étranger en particulier la Diaspora congolaise de France ?
Le Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel attend beaucoup de la Diaspora, notamment qu’elle soit le relais ou le porte voix de tout ce qui se qui se passe à l’intérieur du pays.
Je tiens à la disposition de toutes les personnes qui le souhaitent le manifeste et l’appel au citoyen congolais qui sont nos deux documents fondateurs.
La diaspora ne peut pas seule, mener un combat politique qui aura son aboutissement au pays ; il faut absolument travailler en synergie avec les acteurs politiques qui sont à l’intérieur du pays. Pour l’instant la versatilité et la légèreté de la diaspora congolaise annihilent toutes les stratégies sérieuses de travailler ensemble.
Personnellement j’ai toujours pensé que le Congo ne se développera pas sans sa diaspora et il faut rapidement poser des actes qui vont rétablir la confiance entre les congolais de l’extérieur et les congolais de l’intérieur. Le débat sur le changement de la constitution nous donne cette opportunité, l’opportunité de travailler ensemble sur une thématique unique : le NON au changement de la constitution.
Comme membre du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel, et ancien membre de la diaspora je vais faire tout mon possible pour que les congolais puisse se faire confiance au moins sur l’objectif commun du NON au changement de la constitution.
DAC PRESSE : Il règne actuellement une atmosphère de « guerre larvée » au sein de la majorité des structures politiques congolaises sur l’épineuse question de la modification ou non de la constitution, L’ UPADS engluée dans ses propres turpitudes donne quand même un avis défavorable, le MCDDI malgré les tensions interne donne également un avis défavorable ainsi que l’ARD,, la liste est longue, pourquoi ne pas réunir toutes ces sensibilités pour créer réellement un FRONT UNI contre le pouvoir en place ?
Guerre larvée c’est un peu osé tout de même. Il serait malséant que moi je puisse vous parler des problèmes des partis politiques d’autant plus que je ne suis pas membre d’un parti politique.
Comme citoyen, je suis certain que le front commun se mettra en place sur la thématique de la constitution, il faut laisser le temps au temps.
Le débat sur le changement de la constitution durera au moins jusqu’en 2015 si le pouvoir actuel ne trouve pas une solution rapide. Je vous rappel qu’une constitution déjà écrite existe déjà dans les tiroir de monsieur Sassou Nguesso et qu’il cherche le bon moment pour la faire passer. Chacun sait que ni le Président de la République, ni son parti (le PCT) ne se sont encore prononcé sur le changement de la constitution ; il est donc urgent d’attendre, attendre en continuant à travailler sans relâche.
Comme citoyen actif et observateur de notre société je constate que cette question de la constitution est entrain de faire bouger les lignes dans tous les partis politiques. Au sein du MCDDI c’est la foire d’empoigne entre les militants qui majoritairement sont pour le NON au changement de la constitution contre une partie du BEN.
Au RDD, l’autre parti poids lourd de la majorité présidentielle les compagnons se regardent les uns les autres et attendent le bon moment pour dégainer parce qu’ils n’ont rien à gagner dans le statut quo. Le RDD est majoritairement pour le NON au changement de la constitution sauf miracle. Tous les autres partis satellites de la mouvance présidentielle sont dans l’expectative comme le RC de monsieur Claude Silou, le MAR, le MNR, ect…, cette question ne peut pas laisser indifférent et c’est une bonne chose.
Les congolais n’ont rien à gagner dans cette affaire, dans ce débat qui leur est imposé et tous les partis politiques congolais et même les modérés le savent. Même le PCT n’arrive pas à contenir ses idéologues les plus éminents c’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle le Président de la République et son parti gardent le silence. L’affaire n’est pas dans la poche loin de là. Les sorties et les prises de positions publiques de certains membres influents du comité central du PCT comme Okombi Salissa, Zacharie Bowao et autres Madzimba n’arrangent pas les choses.
DAC PRESSE : Parti de Lyon la dynamique de la mobilisation pour le non à la modification congolaise a gagné Paris avec la mise en place des assises, quel est votre regard vu de l’extérieur bien qu’étant un membre très connu de la diaspora parisienne ?
La mise en place des assises a été une très bonne initiative, que cette initiative soit parti de la ville de Lyon je dis milles bravos à tous les Lyonnais. Tous les hommes politiques congolais ont suivi avec une attention particulière ces assises. Pour ma part j’espère de tout mon cœur que ces assises sont le début de la maturité de la diaspora congolaise de France.
DAC PRESSE : Peut-on dire que les querelles des égos et la prévalence des ambitions observées dernièrement au sein de la Diaspora congolaise de France sont de nature à annihiler les efforts consentis jusque-là pour restaurer la démocratie congolaise ?
Dans votre question il y a la réponse. Depuis Brazzaville je ne me rendais pas compte des divisions de la diaspora cette fois-ci encore. Franchement j’avais cru comprendre que les assises avaient sonné le glas des turpitudes des enfants terribles congolais.
Peut-on raisonnablement avoir des ambitions présidentielles au Congo pour peut qu’on sache parler aux foules ou pour peu qu’on puisse savoir écrire. La politique c’est sérieux tout de même, beaucoup de congolais de la diaspora se prennent pour De Gaulle actuellement et ils pensent qu’ils vont venir libérer le Congo ; mais le Congo n’est pas envahit par une armée étrangère que je sache ; je trouve vraiment que ce n’est pas sérieux.
La diaspora à en son sein des compatriotes qui ont des expertises que le Congo a besoin, si certains veulent dirigé notre pays ce qui est légitime, je penses qu’ils devraient d’abord s’entrainer à rassembler et à diriger cette diaspora truculente.
DAC PRESSE : Dernièrement une photo de vous avec le Général JF NDENGUET a jeté un coup de froid dans le milieu de la diaspora congolaise, on vous a même traité de tous les noms d’oiseau, nous savons aussi que vous avez fait une mise au point, seulement il subsiste un doute que pouvez–vous nous dire de plus pour lever ce doute ?
Je me demande de quel doute il s’agit ? Serais-je devenu l’ami du Général Jean-François Ndenguet ? La réponse est non. Pensez vous que le Général Jean-François Ndenguet soit devenu naïf ou que je le sois moi-même ? La encore la réponse est non. Si un jour le Général Jean-François Ndenguet pense que je suis une menace pour la République, il n’hésitera pas une seule seconde à me faire subir le sort que subit actuellement le Colonel Marcel Ntsourou qui a fait beaucoup pour le régime. Un sourire ou une accolade sur une photo ne démontre pas la force des sentiments qu’il peut y avoir entre deux personnes.
Enfin je rappelle encore une fois ici que j’avais publié des images de moi avec le Révérend Frédéric Bitsamou « alias Ntumi » et j’avais essuyé les mêmes insultes, quelques jours avant la capture du Colonel Marcel Ntsourou je m’étais photographié avec lui et là encore j’avais été l’objet de plusieurs insultes. Juste avant que je vienne en France je suis allé manger avec les Sélékas et les Anti-balakas qui étaient à Brazzaville dans le cadre du forum pour la paix. Je redis aux lecteurs de DAC que je ne me connais aucun ennemi au Congo et même en France où j’ai vécu pendant 33 ans, les gens qui me détestent ont leurs raisons et je ne veux pas forcément attirer la sympathie des uns ou des autres. Je ne me considère pas comme un homme politique et donc je n’ai aucune intention de me présenter à une fonction élective.
Tous les congolais sont mes frères et donc je me donne le droit de parler à tous les congolais, ceux qui ne veulent pas me parler c’est pas grave, le ciel ne tombera pas parce que je ne serais pas apprécier par tel ou telle autre personne.
Bientôt je vais devenir le congolais le plus insulté sur les réseaux sociaux, c’est plutôt amusant vous ne trouvez pas ? La bonne question à me poser aurait été pourquoi ces rencontres et pourquoi ces photos ? Mais vous ne m’avez pas posé la question et donc je ne vous répondrais pas cette fois-ci.
DAC PRESSE : Serait-il plus aisé de mener le combat de l’intérieur que de proférer des critiques de l’extérieur ?
Moi je prône depuis quelques années déjà le retour de la diaspora, mon frère Benjamin Toungamani avait même parlé en 2010 d’une opération "Exodus" qui est resté sans lendemain.
Proférer des critiques je le faisais quand j’étais à l’extérieur, je continue à le faire maintenant que je suis à l’intérieur et je mène le combat à l’intérieur avec les autres. Je sais que la diaspora a besoin d’un certain nombre de garanties avant de rentrer au pays mais je suis désolé de dire à mes frères que vous n’aurez jamais ces garanties avec le pouvoir actuel, et d’ailleurs les congolais diplômé qui souffrent à Brazzaville ne comprendraient pas qu’on fasse un pont d’or à d’autres congolais, je me demande même si ce n’est pas discriminatoire et si notre constitution peut permettre cela.
Je reconnais que la vie à Brazzaville est difficile, je dirais même très difficile sur tous les points surtout quand on ne connaît pas les bonnes portes et c’est mon cas, en plus que je me suis aliéner beaucoup de personne qui pouvaient m’aider.
Je reste convaincu que plus les congolais de la diaspora seront nombreux au Congo, plus vite les changements que nous voulons tous pourront se mettre en place.
DAC PRESSE : Votre mot de fin
J’exhorte la diaspora de prendre vraiment ses responsabilités, si les congolais ne réussissent pas à bloquer le projet du changement de la constitution, alors plus rien ne sera possible avant longtemps pour notre pays et beaucoup de nos compatriotes reprendront les chemins de l’exil pas seulement pour aller vivre chez les autres mais pour aller y mourir.
Le Congo Brazzaville a besoin de sa diaspora, les congolais de l’intérieur attendent beaucoup de la diaspora, il faut vraiment que la diaspora prenne enfin ses responsabilités. La politique c’est d’abord le rapport de force et le compromis sans la compromission. Au fait, pensez vous que Nelson Mandela se soit compromis en travaillant avec ses geôliers, en serrant les mains de ses anciens bourreaux ?
Pour une fois le Président de notre République n’a pas le rapport de force en sa faveur, sommes nous capable aujourd’hui de faire des compromis sans nous compromettre pour atteindre les objectifs d’un Congo gouverné autrement ? Je pose cette question à tous mes frères, à tous mes compatriotes.
Au Burkina Faso où le problème se pose dans les mêmes termes que chez nous, il s’est formé un large rassemblement dans lequel on retrouve même les parents de monsieur Blaise Campaoré sur une thématique clair, simple et précis : NON au référendum.
Les congolais sont-ils capables de faire comme les Burkinabés ? Chacun doit se poser la question de savoir s’il est capable de faire chemin avec les autres rien que sur la thématique du NON au changement de la constitution. Notre Président à nous ne reculera qu’à cette condition
Les français et encore moins les américains ne viendront pas mourir pour sauver le Congo. Ces deux pays ont déjà fait le maximum que nous attendions d’eux comme d’ailleurs dans le passé quand ils avaient pesé de tout leur poids pour qu’on accorde à notre pays le PPTE (même si notre peuple n’a pas profité ce de statut). C’est maintenant à nous congolais de l’intérieur et de l’extérieur de faire le reste.
Nous vous remercions Monsieur Patrick Eric Mampouya de nous avoir accordé cette exclusivité, et d’avoir bien voulu apporter votre éclairage aux multiples interrogations qui risquaient de porter atteintes à votre intégrité morale et politique.
Mon intégrité morale et politique compte très peu. D'abord je ne me prends pas pour un homme politique, j’aime me définir comme un citoyen engagé. Je suis une personne atypique et je cultive ma singularité, j’essaye surtout de faire respecter mes droits constitutionnels. J’ai toujours avec moi la constitution de mon pays que je brandis régulièrement à ceux qui contestent mes droits de citoyen. Je pense que notre pays peut être gouverné autrement.
Il y a toujours un moment dans la vie ou un homme se pose la question ultime : « ai je donné mon maximum ou le meilleur de moi ». Pour ma part quand je m’engage, je donne toujours le meilleur de moi, même quand je n’arrive pas à mes fins. Dans mon petit parcours de militant j’ai toujours donné le meilleur de moi et j’ai inspiré beaucoup de ceux qui m’insultent maintenant sur les réseaux sociaux. Nelson Mandela disait : « le courage ce n’est pas de ne pas avoir peur mais d’inspirer les autres », sur ce plan, je pense que j’ai fait mon travail.
Quand à ma morale, toutes les personnes qui m’insultent ne peuvent pas prouver leurs assertions, malheureusement les congolais sont devenus maîtres dans l’insulte, l’insinuation et la rumeur qui leur sert d’argument politique ; il y a même un site internet congolais qui sert de défouloir à ceux qui ne peuvent pas s’offrir un thérapeute.
Les internautes qui vous suivent à travers notre site vous remercient. Nous vous souhaitons de passer de très bonnes vacances chez vous.
Milles mercis de m’avoir permis de m’exprimer sur le support de DAC et j’espère que nous serons en contact quand je serais à Brazzaville dans quelques semaines.
Propos recueillis le 26 juillet 2014 par la rédaction du DAC PRESSE
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