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Abbé Donatien Nshole Babula : « Toucher à l’article 220 de la constitution nous ramènera en arrière »

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En Décembre 2016 prochain, Joseph Kabila arrivera à la fin de son second mandat mais dans la majorité présidentielle, l’on souhaite ouvertement modifier l’article 220 de la constitution, ce qui lui permettrait de briguer un troisième mandat. Le débat sur cette question domine l’actualité politique en RDC et la Cenco s’y est mêlée. Docteur en Théologie dogmatique, l’abbé Donatien Nshole Babula, premier secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’en explique à AEM et étale sur un ton raboteux sa farouche objection à cette éventualité.
Abbé Donatien Nshole Babula : « Toucher à l’article 220 de la constitution nous ramènera en arrière »
AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE(AEM) : Dans leur dernière déclaration depuis le Vatican « Protégeons notre nation », les évêques de la RDC réunis au sein de la CENCO ont alerté le monde entier sur l’avenir de la RDC, qu’en est-il ?

Abbé Donatien Nshole Babula (Abbé D.NS.B) :
La conférence épiscopale nationale du Congo n’a qu’un seul souci, celui de voir le peuple qui lui est confié vivre en paix et dans les bonnes conditions. Et la gestion de la cité revient aux politiciens. Nous savons d’où nous venons, où nous sommes par rapport à la question de la paix dans ce pays la RDC. Cette paix, bien que relative, a été acquise au prix de beaucoup d’efforts et de sacrifices des uns et des autres. L’Église a toujours accompagné la nation sur ce chemin sans avoir la vocation des politiciens. Comme guides, pasteurs et prophètes, les évêques ont toujours interpellé les consciences pour que chacun en ce qui le concerne travaille pour la paix. Actuellement, le respect de la constitution, socle de la démocratie est notre préoccupation. Cette constitution fut élaborée pour mettre fin à de multiples guerres. Dans cet esprit, tous ceux qui ont élaboré ces textes ont pris des dispositions pour nous éviter des guerres à répétition. Entre autre disposition prise et saluée par tout le monde, c’est le verrouillage de certains articles pour échapper aux caprices de certains politiciens qui seraient tentés de conserver le pouvoir pour le pouvoir. Comme l’article 220 qui garantit l’alternance de manière que même si un chef de l’État sortant était le meilleur du monde, il devra se soumettre et quitter calmement à la fin du second mandat sans tripatouiller la constitution. Avec les signaux qui ne trompent pas, nous savons que le pouvoir actuel a manifestement la volonté de toucher à ce qui est intouchable. Les évêques, étant visionnaires, préviennent un danger. N’oubliez pas que les évêques côtoient au quotidien les politiciens de toutes les tendances et vivent au milieu de leur peuple. Ils savent que toucher à cet article 220 nous ramènera en arrière. Il y aura des protestations avec une grande probabilité de tomber dans les violences. Les évêques sont convaincus que le développement de ce pays passe par une démocratie bien assise. Si la majorité actuelle voudrait, à tout prix, conserver le pouvoir de cette façon, ce sera une provocation. En hommes responsables, en leur qualité de pasteurs, les évêques ont dit tout haut ce qui parait être la voie pour une paix durable en RDC.

AEM : Procès d’intention, vous rétorque Lambert Mende ministre de l’information, tout comme Aubin Minaku le président de l’assemblée nationale qui dit que serait concerné plutôt l’article 197 et non 220.

Abbé D.NS. B.
: Ce débat sur la modification des articles de la constitution n’a pas été lancé par les évêques. Ils sont entrés dans un débat provoqué par le pouvoir en place. Si réellement ils n’en ont pas l’intention, s’ils ne veulent pas toucher à l’article 220, pourquoi ne disent-ils pas qu’il s’agit d’un faux débat ? Bien au contraire même lui Mende, dans le cadre de sa famille politique n’exclut pas cette possibilité pour conserver le pouvoir. Lorsqu’ils affirment dans tous les medias que cette constitution est déphasée et qu’il en faut une autre, ils vont droit au but. Ils ont même ajouté que Kabila est encore jeune et qu’il faudrait lui donner encore du temps pour jouir de la paix qu’il a instaurée. L’Église ne dit pas que l’opposition doit prendre le pouvoir en 2016, la majorité actuelle, si elle se défend bien devant le peuple dans les urnes, elle peut continuer. L’Église n’est pas contre la majorité de Kabila.

AEM : La majorité actuelle au pouvoir serait-elle dépourvue de candidat présidentiable en 2016 en dehors de Joseph Kabila ou aurait-elle plutôt peur de Joseph Kabila ?

Abbé D.NS.B. :
L’Église ne se prononce pas sur des suppositions mais sur ce qui apparaît. Nous pensons, peut-être, que les membres de la majorité au pouvoir tentent de tester le peuple pour faire plaisir à Joseph Kabila. Ils n’ont pas le courage de lui dire la vérité en face. Nous encourageons ceux d’entre eux qui le pourraient de dire au président Kabila de ne pas forcer en taillant chaque fois la constitution. C’est aussi cela la démocratie.

AEM : Que cache votre retrait du comité d’intégrité et de médiation électorale, CIME ?

Abbé D.NS.B. :
Les évêques ont estimé que malgré la pertinence des textes qui régissent l’institution, l’environnement socio-politique et l’environnement de cette structure ne conviennent pas pour que l’Église y reste comme membre. Mais notre Église ne s’abstient pas d’accompagner le Congo en matière électorale. La commission justice et paix est bien instruite pour continuer à faire le même travail qu’on pouvait faire avec les autres dans le CIME. Vous avez été témoin de ce qui s’est passé lorsqu’il avait fallu élire le président de la commission électorale nationale indépendante(CENI). Nous devons avoir des garanties afin que le même scénario ne se reproduise pas.

AEM : Pourtant c’est un pasteur de l’église catholique qui dirige la Ceni

Abbé D.NS.B.
: La CENCO a déjà déclaré et précisé que l’Abbé Apollinaire Malu Malu, président de la Ceni ne représente pas l’Église catholique dans cette institution. Il ne revient donc pas aux évêques de le retirer manu militari.

AEM : Devrait-il être sanctionné ?

Abbé D.NS.B. :
Qui sait peut-être qu’il a déjà été sanctionné ? L‘Église, c’est aussi le respect de la personne. Retenez que même si l’Église catholique n’est pas représentée à la ceni, elle respecte et collabore avec les institutions de la RDC et la ceni en est une. Une opinion s’interroge même du fait de voir les évêques côtoyer le président Kabila et pourtant ils désapprouvent les résultats de l’élection présidentielle de 2011. Nous répondons que le Président de la République est une institution et que Joseph Kabila la représente. Les évêques collaborent avec l’institution à travers lui. Tant mieux s’il s’amende.

AEM : Et si Joseph Kabila décidait effectivement de modifier le fameux article 220 ?

Abbé D.NS.B :
L’Église ne prêche pas la violence. Pour toucher à cet article, il faut un referendum. L’Église ne fait que sensibiliser les consciences pour que si jamais il s’entêtait, le peuple - qui est libre - soit déjà préparé. Si jamais leur démarche aboutissait, l’Église sera tranquille. Si cela tournait mal contre lui, l’église déplorera de n’avoir pas été écoutée. Les évêques ne font pas la politique. Ils n’ont aucun intérêt à ce que tel ou tel autre soit au pouvoir. Les évêques ne poseront jamais des candidatures pour se faire élire un jour. Ils ne veulent que le bien-être du peuple congolais. En pareille circonstance, ce sont ceux qui n’ont aucun intérêt en politique qui sont les plus objectifs. Je ne vois pas ce que l’Église attendrait de l’opposition si jamais elle passait au pouvoir en 2016. Si demain l’opposition passait au pouvoir et se comportait de la même manière que le régime actuel, elle aura l’Église sur son dos.

Propos recueillis par Nicaise Muzany

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