Image may be NSFW.
Clik here to view.
Clik here to view.

Les œuvres de Gabriel Okoundji sont traduites en plusieurs langues. Son verbe poétique est un chant qui puise son essence dans la forêt de la terre où il est né, à Éwo. Psychologue clinicien à Bordeaux, auteur d'une douzaine d'ouvrages, ce digne « mwènè » du Congo est l'un des poètes majeurs de la littérature contemporaine africaine. Pour nous, il se raconte
Tout commence à Éwo où il est né au début des années 1960. Le garçon qu'il était a grandi dans le bruissement des palabres entre adultes du village, sans qu'il en saisisse l'essence. À l'âge de neuf ans, Gabriel Okoundji est consacré « mwènè » par son père. Arrivé à quatorze ans à Brazzaville où il étudie sous le régime communiste qui régissait le Congo, il se nourrit du chant des grands baobabs de la poésie négro-africaine, Senghor, Césaire, Damas et Tati Loutard tout en se nourrissant des écrits de Maïakovski : « Jusqu'alors la poésie est une chose qui m'habitait sans prendre corps. On écrivait de la poésie pour les copines. »
Arrivé en France pour étudier la psychologie à Bordeaux, Gabriel croise une autre forme de poésie, le surréalisme, avec André Breton, René Char et Isidore Ducasse : « Je les appelle les détecteurs du murmure des abysses. » Ses voyages en Finlande lui font découvrir que c'est de la poésie qu'est née la culture finlandaise représentée par de grandes figures comme Elias Lönnrot, père du Kalevala, épopée du XIXe siècle créée par un assemblage de poèmes populaires de la mythologie finnoise recueillis dans les campagnes finlandaises, traduite en 51 langues. « J'aime ces poètes parce qu'ils ont puisé dans leur culture pour nous donner à entendre aujourd'hui les dieux Zeus, Œdipe, etc. », explique-t-il.
Cette démarche, Gabriel s'en est inspiré dans sa création littéraire : « Je me suis souvenu que dans la forêt où je suis né il y avait des maîtres de la parole, des diseurs d'essentiel, des gens qui avaient l'éloquence du souffle. Parmi eux, il y avait Ampili et Pampou. Ce sont eux qui sont devenus mes maîtres. J'ai puisé dans leur souffle en réapprenant la langue tégué que j'avais oubliée. » Nourri par la voix de la conteuse Ampili, sa tante maternelle, et par la parole de Pampou, le mage des terres Mpana, Gabriel Okoundji livre désormais une poésie à mi-chemin entre le monde cosmique formé de symboles, de métaphores, de spiritualité et la pensée philosophique : « Je dis aux jeunes auteurs qui viennent me voir c'est bien d'écrire, mais écrivez avec votre souffle et vos racines. On n'est jamais meilleur qu'en étant soi-même. Il est important d'étudier car la connaissance est nécessaire, mais l'ignorance de soi et de ses racines est très grave. »
Mwènè des temps modernes
Sa proximité avec sa terre natale passe aussi par son rapport à la langue tégué très présente dans l'écriture. Ainsi lira-t-on dans son onzième ouvrage, Stèles du point du jour, Dialogue d'Ampili et Pampou (William Bake, 2011) : « Tout homme doit savoir être propriétaire / de ses empreintes. / Ké Nkini mpali o'ngolo ! » Son pouvoir de mwènè lui confère désormais une belle connaissance du vocabulaire et des adages tégué qu'il transforme à son tour pour les servir en français ou dans d'autres langues. Ainsi échoue-t-il à traduire certains mot tégué en français.
Citoyen d'honneur de la ville de Bègles, enseignant à bordeaux, Gabriel Okoundji revendique sa part animiste, son appartenance au sol congolais et son attachement à la langue tégué d'où il puise la parole essentielle, celle de l'émotion pour dire le réel.
Meryll Mezath
Tout commence à Éwo où il est né au début des années 1960. Le garçon qu'il était a grandi dans le bruissement des palabres entre adultes du village, sans qu'il en saisisse l'essence. À l'âge de neuf ans, Gabriel Okoundji est consacré « mwènè » par son père. Arrivé à quatorze ans à Brazzaville où il étudie sous le régime communiste qui régissait le Congo, il se nourrit du chant des grands baobabs de la poésie négro-africaine, Senghor, Césaire, Damas et Tati Loutard tout en se nourrissant des écrits de Maïakovski : « Jusqu'alors la poésie est une chose qui m'habitait sans prendre corps. On écrivait de la poésie pour les copines. »
Arrivé en France pour étudier la psychologie à Bordeaux, Gabriel croise une autre forme de poésie, le surréalisme, avec André Breton, René Char et Isidore Ducasse : « Je les appelle les détecteurs du murmure des abysses. » Ses voyages en Finlande lui font découvrir que c'est de la poésie qu'est née la culture finlandaise représentée par de grandes figures comme Elias Lönnrot, père du Kalevala, épopée du XIXe siècle créée par un assemblage de poèmes populaires de la mythologie finnoise recueillis dans les campagnes finlandaises, traduite en 51 langues. « J'aime ces poètes parce qu'ils ont puisé dans leur culture pour nous donner à entendre aujourd'hui les dieux Zeus, Œdipe, etc. », explique-t-il.
Cette démarche, Gabriel s'en est inspiré dans sa création littéraire : « Je me suis souvenu que dans la forêt où je suis né il y avait des maîtres de la parole, des diseurs d'essentiel, des gens qui avaient l'éloquence du souffle. Parmi eux, il y avait Ampili et Pampou. Ce sont eux qui sont devenus mes maîtres. J'ai puisé dans leur souffle en réapprenant la langue tégué que j'avais oubliée. » Nourri par la voix de la conteuse Ampili, sa tante maternelle, et par la parole de Pampou, le mage des terres Mpana, Gabriel Okoundji livre désormais une poésie à mi-chemin entre le monde cosmique formé de symboles, de métaphores, de spiritualité et la pensée philosophique : « Je dis aux jeunes auteurs qui viennent me voir c'est bien d'écrire, mais écrivez avec votre souffle et vos racines. On n'est jamais meilleur qu'en étant soi-même. Il est important d'étudier car la connaissance est nécessaire, mais l'ignorance de soi et de ses racines est très grave. »
Mwènè des temps modernes
Sa proximité avec sa terre natale passe aussi par son rapport à la langue tégué très présente dans l'écriture. Ainsi lira-t-on dans son onzième ouvrage, Stèles du point du jour, Dialogue d'Ampili et Pampou (William Bake, 2011) : « Tout homme doit savoir être propriétaire / de ses empreintes. / Ké Nkini mpali o'ngolo ! » Son pouvoir de mwènè lui confère désormais une belle connaissance du vocabulaire et des adages tégué qu'il transforme à son tour pour les servir en français ou dans d'autres langues. Ainsi échoue-t-il à traduire certains mot tégué en français.
Citoyen d'honneur de la ville de Bègles, enseignant à bordeaux, Gabriel Okoundji revendique sa part animiste, son appartenance au sol congolais et son attachement à la langue tégué d'où il puise la parole essentielle, celle de l'émotion pour dire le réel.
Meryll Mezath
www.pagesafrik.info le rendez-vous des stars