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Réforme des institutions politiques au Congo-Brazzaville : Les tentations d’un passage en force par le pouvoir en 2016

Brazzaville, (Starducongo.com) - Le 7 novembre 2014, le bureau politique du Parti Congolais du Travail (P.C.T) s’est réuni à Brazzaville en session extraordinaire, pour examiner la question de la réforme des institutions politiques. En affirmant à l’issue de cette réunion que la révolte légitime du peuple burkinabé et la démission le 31 octobre 2014 de Blaise Compaoré, qui jouissait d’une cote de confiance auprès de la communauté internationale et des galons de pacificateurs dans la résolution des crises en Afrique de l’ouest, n’auront aucune conséquences sur la situation politique au Congo-Brazzaville, ce parti démontre, qu’il n’a jamais réalité son autocritique ni sa mutation politique et qu’il est resté constipé par le dirigisme et l’usure du pouvoir.
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Réforme des institutions politiques au Congo-Brazzaville : Les tentations d’un passage en force par le pouvoir en 2016
La situation dans laquelle se trouve le Congo-Brazzaville a plusieurs explications : La conférence nationale souveraine de 1991, a eu le mérite d’ouvrir une ère nouvelle d’espoir et de renaissance politique. Cette renaissance politique a été gravée par le référendum constitutionnel du 15 mars 1992 qui instaura la démocratie et le pluralisme politique. Ce pluralisme politique a été confirmé par les élections présidentielles et législatives qui ont fait élire, au suffrage universel direct, un président de la République et un Parlement selon la volonté de la majorité du peuple congolais.

Cet espoir de renaissance politique a été de très courte durée, car resurgirent les démons jamais anéantis de la vie politique congolaise que sont le tribalisme et le fanatisme. Au Congo-Brazzaville, les militants politiques sont des partisans-fanatiques. Ils sont issus essentiellement de l’ethnie ou de la tribu de leur chef. Ces partisans bornés, constituent le réservoir électoral de leur chef. Or, l’entretien de ces fanatiques très souvent illettrés, a conduit le pays dans des errements et des tragédies sans précédent dans son histoire.

Tout a commencé par la chasse aux sorcières, menée impitoyablement après la conférence nationale souveraine, contre les anciens dignitaires du P.C.T, qui ont fait l’objet d’une traque sans pitié. Au Congo-Brazzaville, en matière politique, quand on perd le pouvoir, on perd tout et quand on gagne, on gagne tout. De plus, il y règne la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent ». Le personnel politique est sans compassion et inapte à réconcilier un pays qui en a tant besoin pour son développement. C’est pourquoi, le Congo-Brazzaville est en Afrique l’un des pays les plus sanguinaires dans les luttes politiques.

Lorsque l’on sait, que les nouveaux dirigeants qui ont accédé au pouvoir après les élections de 1992, étaient tous quasiment d’anciens dignitaires ou membres fondateurs du P.C.T, cela prête à sourire. La première tragédie a été la guerre civile de 1992-1993. La seconde a été celle de 1997, qui a dévasté le pays sur le plan humain et physique et porté le coup de grâce au fragile édifice démocratique naissant.

L’issue de cette guerre civile a vu la victoire, de ceux là même qui avaient fait l’objet d’une chasse aux sorcières impitoyable après la conférence nationale. Revenus au pouvoir, après les humiliations, les privations et les traumatismes de l’exil, les ex-dignitaires du P.C.T, renforcent le logiciel répressif du temps du parti unique. Ils érigent le pouvoir et l’Etat en forteresse imprenable, en instaurant des lois d’exception et des intimidations par des brutalités policières. Les institutions politiques adoptées par le peuple après la conférence nationale sont abolies, alors que la guerre civile avait été déclenchée pour exiger leur application. Le 24 octobre 1997, un acte fondamental qui tient lieu de constitution provisoire est imposé et un parlement provisoire non élu instauré. Cet acte fondamental octroie au chef de l’Etat des pouvoirs immenses et sans contrôle pour diriger le pays.

Cinq ans plus tard, la constitution du 20 janvier 2002 est adoptée par référendum et l’acte fondamental du 24 juin 1997 supprimé. Or, la constitution du 20 janvier 2002 n’est que la copie de l’acte fondamental du 24 octobre 1997, qui octroie au pouvoir exécutif des prérogatives considérables, sans contrôle et au Parlement des pouvoirs imaginaires. C’est l’erreur fatale commise par le pouvoir, au lieu de soumettre au pays une nouvelle constitution moderne et démocratique, ou rétablir la constitution du 15 mars 1992. De 1997 à 2016, le Congo-Brazzaville aura vécu sous un régime de concentration des pouvoirs, aux mains d’un seul individu, le chef de l’Etat. Le fait d’avoir attendu son dernier et ultime mandat, pour procéder à la réforme des institutions et tenter de se maintenir au pouvoir est la seconde erreur fatale. La même erreur commise par Blaise Compaoré.

Avec ce séjour à durée indéterminée au pouvoir, les dirigeants du P.C.T et les membres du gouvernement n’ont pu échapper au virus du pouvoir absolu. Cette gestion sans contrôle de l’Etat les a compromis dans des affaires d’enrichissement illicites et de biens mal acquis au détriment du bien être social du peuple congolais. Il est en effet inexplicable, que le 4ème producteur de pétrole en Afrique, ne puisse offrir de l’eau potable, l’électricité, des hôpitaux conformes et des écoles à son peuple. Cela rend périlleux l’abandon du pouvoir, par crainte d’être poursuivi par les nouveaux dirigeants, dans l’hypothèse d’une alternance politique. C’est l’impasse dans laquelle se trouve le pouvoir exécutif au Congo-Brazzaville. La stratégie adoptée semble être de se maintenir coute que coute au pouvoir, comme Blaise Compaoré en violant les lois assurant le fonctionnement légal des institutions politiques. Or, pour la paix, la sécurité et le développement économique et social du pays, le rôle du premier magistrat, n’est-il pas de garantir le respect et l’application des lois ?

En affirmant après sa réunion du 7 novembre 2014, vouloir dialoguer avec la base du parti, pourtant ignorée, ossifiée par la misère sociale et tenter d’obtenir un consensus général avec une opposition corrompue ou harcelée par les brutalités policières pour la frange intègre, le P.C.T démontre ses carences à être le parti de l’espoir et du futur au Congo-Brazzaville. Notons que, la trouvaille grotesque de la consultation « des sages », pour tenter de modifier la constitution a capoté.

Le P.C.T a gouverné le Congo de 1969 à 1977 avec Marien Ngouabi, puis de 1979 à 1992 par Denis Sassou Nguesso et à nouveau de 1997 à 2016 par Denis Sassou Nguesso. Cela fera 39 ans que ce parti règne sur le Congo. A lui seul, Denis Sassou Nguesso va cumuler 31 ans. Cependant, il serait injuste de considérer que le P.C.T n’a pas accompli grand-chose au Congo, seulement, l’histoire nous enseigne, comme en 1991, qu’il est temps de passer la main, pour l’intérêt du Congo. Afin de ne pas compromettre son héritage et son bilan, comme l’a fait Blaise Compaoré, le président Denis Sassou Nguesso et le P.C.T, devraient affronter l’épreuve incontournable de l’alternance politique, nécessaire à leur survie. Autrement dit, ils vont rater la chance d’écrire l’histoire, voire même d’en sortir par la petite porte. Si ces paroles de sagesse de Nelson Mandela pouvaient inspirer les dirigeants politiques congolais :
« Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique, dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales »
« Nous devons nous rappeler que notre première tâche est d’éradiquer la pauvreté et d’assurer une meilleure vie à tous »

Au-delà des ambitions égoïstes et partisanes de s’accrocher sans limites au pouvoir, l’enjeu crucial, c’est de savoir : quand cesseront enfin, l’accès et le maintien au pouvoir par des coups d’Etat, dans un pays, où les lois constitutionnelles n’ont jamais été appliquées depuis la révolte des 13, 14 et 15 août 1963.

Pour l’année 2016 et pour les années à venir, le salut pour le peuple congolais et l’ensemble des acteurs politiques, majorité comme opposition, réside dans le respect et l’application des lois, ainsi que l’accession au pouvoir d’un personnel politique nouveau et compétents, en rupture avec les anciennes méthodes, acquis à l’unité nationale, à la paix, à l’intérêt général et à la démocratie.

Appolinaire NGOLONGOLO
Journaliste, écrivain

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