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L’achat des consciences : un véritable sport national au Congo-Brazzaville

Congo, (Starducongo.com) - Il y a lieu d’être dépité et offusqué de constater la dérive morale ou du moins la dépravation des moeurs politiques dans laquelle sombre notre cher et beau pays le Congo-Brazzaville. A cet effet, je tiens à porter à votre connaissance cet énième message que vient de m’adresser un individu se réclamant du régime du Congo-Brazzaville :
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L’achat des consciences : un véritable sport national au Congo-Brazzaville
“Monsieur, cher compatriote. Vos prises de position nous posent problème, vous ne nous soutenez pas. Nous avons bien remarqué vos interventions sur les réseaux: vous faites mal. C'est dommage de laisser tant de compétences en jachère. Que pouvons-nous faire pour vous avoir avec nous ? Un cadeau de fin d'année, un petit geste, une grande chose ? On a besoin que vous retourniez d'autres opposants(sur facebook/réseaux uniquement): Etes-vous ok ? Sachant que nos moyens sont illimités:nous disposons d'un stock de 4*4 presque neufs et d'un lot important d'Appts neufs sur Brazza et PNR: c la fin d'année, nous voulons faire des heureux. C'est gagnant-gagnant: nous sommes francs. Restons confidentiels.”
Ce message est symptomatique du fléau d’achat des consciences qui sévit gravement dans la sphère politique. Un fléau dont la recrudescence est telle qu’il est devenu un véritable sport national au Congo-Brazzaville. On comprend aisément que ce régime, anachronique et aux abois, voudrait faire taire les consciences libres, les leaders d’opinion et tous ceux qui osent encore dénoncer la dérive dictatoriale ainsi que les méfaits et crimes dont il se rend sans cesse coupable. De prime abord, il convient de lever l’équivoque sur certaines zones d’ombre.
Par “vous faites mal” il faudrait entendre que notre activité d’éveil de consciences et de sensibilisation de l’opinion tant nationale qu’internationale sur les méfaits et délits du régime dictatorial, tyrannique, mafieux et criminogène porte du fruit, au point de décontenancer et de contrarier le pouvoir. Si le fait d’être une conscience libre doublée d’un leader d’opinion et de ne combattre qu’en s’armant de sa plume peut causer autant de mal, il convient donc de relever que la plume combattante n’aura pas oeuvré en vain, tant elle se sera revélée d’une redoutable efficacité.
Par “compétences en jachère” il faudrait entendre le fait que je ne sois pas au service du régime dictatorial, tyrannique, mafieux et criminogène. Il aurait au moins été plus honnête de reconnaître que ces compétences sont au service de la patrie, tant mes écrits sont un apport indéniable à la vitalité de la démocratie qui sous-tend le débat contradictoire. A plus forte raison, ces compétences sont dévouées à une juste et noble cause: celle de contribuer à la libération du Congo-Brazzaville de la dictature, la tyrannie et l’oppression. Comment alors feindre d’ignorer le fait même de mon appartenance à une structure politique, a savoir Unis Pour le Congo (UPC)? Un parti ancré dans une opposition combative, constructive et de propositions.
Par “nos moyens sont illimités,” il faudraitt entendre les moyens financiers et matériels de l’Etat; lesquels sont utilisés en tout impunité pour circonvenir des opposants. Pourquoi ces “moyens illimités” ne sont-ils jamais mis au service d’une bonne cause ou là où le besoin l’exige : approvisionner des hôpitaux en médicaments, par exemple? Il est de notoriété publique qu’au Congo-Brazzaville les hôpitaux sont allègrement transformés en mouroirs. En effet, des congolais y meurent en masse même des suites de maladies bénignes, en raison d’un cruel dénuement. Par ailleurs, pendant que les hôpitaux du pays sont en piteux état, les bobos des dignitaires de régimes sont traités à grands frais dans de grandes cliniques et hôpitaux d’Europe et d’ailleurs. Il y a cependant lieu de souligner que c’est criminel de disposer d’autant de moyens et de voir des êtres humains sombrer dans une misère indicible au point de périr dans de pareilles conditions. C’est aussi criminel de disposer des “moyens illimités” et ne pas promouvoir la justice sociale à l’égard du plus grand nombre! C’est assez révoltant de constater ce flagrant manque d’empathie des autorités vis-à-vis du peuple. Le minimum d’humanité aurait voulu qu’on mobilisât ces “moyens illimités” pour sauver des vies, mais ici, une situation aussi préoccupante que la précaire santé du peuple est loin d’émouvoir les autorités!
L’ignoble stratégie de débauchage et de retournement des opposants, grâce aux “moyens illimités” de l’Etat, est perçue par le régime en place comme “gagnant-gagnant.” Au fond nous savons que cette façon de faire est illégale et constitue un grave délit au regard de la loi, tant ils battent en brèche les règles du jeux démocratique. En fait, nous sommes ici devant une manoeuvre machiavélique visant non seulement à discréditer les opposants, mais surtout à affaiblir et destabiliser l’opposition. Le pouvoir a tout à gagner en muselant, en laminant et en mettant en déroute les forces de l’opposition. Et nous savons qu’ils ont déjà de bonnes prises à leur tableau de chasse. Ceci n’est autre qu’une ignoble entreprise visant à saborder l’idéal démocratique dans notre pays. En effet, depuis toujours ce pouvoir est gagné par une réelle hantise de voir l’érection d’une véritable démocratie dans notre pays, c’est pourquoi il s’illustre sans cesse par des entorses aux principes démocratiques. En outre, le rapport entre l’argent et la politique a pris une ampleur telle que ce régime bas de gamme et dépourvu de vertu républicaine a littérallement plongé le pays dans une crise des valeurs sans précédent.
Manifestement, nous avons ici la probante illustration des antivaleurs, véritable cancer dans le tissu social, dont on parle si tant et par lesquels ce régime foncièrement criminogène a réussi l’exploit de transformer notre pays en une république bananière. C’est hélas dans ces conditions que Sassou Nguesso tient à se cramponner au pouvoir afin de continuer à enfoncer de plus bel le pays non seulement dans l’anarchie et le chaos, mais aussi à perpétuer la misère structurelle et endémique qu’il a imposée au peuple congolais. Il y a donc nécessité, suite à la prochaine alternance, d’assainir le rapport que la politique entretient avec l’argent, par la moralisation de la vie politique visant la restauration de la vertu républicaine afin de conforter la démocratie.
En outre, en vertu du respect dont on est tenu vis-à-vis de la dignité l’être humain, fut-il un adversaire politique, je ne saurais divulguer le nom de l’auteur de cette indécente proposition; à laquelle, par ailleurs, j’oppose une fin de non-recevoir; et ce, en raison des principes moraux auxquels je suis attaché. Je refuse donc de brader ma conscience encore moins de prendre le risque insensé de devenir le chien couchant d’un épouvantable tyran aux petits pieds. Loin de moi l’idée saugrenue de baisser le froc devant un criminel notoire! Bien évidemment, accepter cette proposition reviendrait à renier mes convictions et à me compromettre, tant je passerai inévitablement pour un malfrat-receleur de biens publics et un traitre à la patrie.
Permettez que je puisse vous édifier sur quelques aspects de mon identité, de ma personnalité et de mes valeurs morales. Je suis né de parents paysans. A l’âge de trois ans mon oncle maternel, ouvrier n’ayant pas eu le privilège d’aller à l’école, me récupère de chez mes parents et se charge de mon éducation dans la grande agglomération de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville). De par mon père, je suis de la lignée sacrale Kondi, l’un des deux clans pourvoyeurs du trône de Loango. En dépit de cette ascendance nobiliaire, je suis issu d’un milieu modeste pour ne pas dire du peuple d’en bas, duquel je vais acquérir des armes et non des moindres pour affronter la dure réalité de la vie.
Pour ce faire, au cours de mon enfance, mon très cher oncle m’inculqua une certaine morale et philosophie de la vie et notamment l’idée selon laquelle rien n’est jamais acqui d’avance dans la vie. Il convient donc pour l’individu d’accepter de souffrir dans la vie, en vue de son élévation ou du moins de sa promotion sociale. Une souffrance qui est dans l’ordre des choses et sans laquelle rien n’est possible dans ce bas monde. Bien évidemment, c’est une souffrance librement consenti au terme de laquelle on s’assure non seulement un avenir, un devenir, mais on finit par s’accomplir socialement. Il importe donc d’avoir présent à l’esprit que l’on ne doit sa survie dans la société que par une saine ambition ponctuée d’une farouche lutte de tous les instants. En effet, la dignité et la grandeur d’âme voudraient que l’homme méritât son pain! La notion d’accomplissement par la souffrance et le mérite est donc une valeur fondamentale et une réalité intrinsèque de la morale et de l’éthique quant à mes racines et origines sociales.
Quand au rapport avec l’argent, j’ai été édifié à ne jamais le considérer comme une fin en soi encore moins une valeur cardinale d’une certaine vision de la société: celle à partir de laquelle il convient de juger les êtres humains, de choisir ses relations et d’orienter ses choix. En effet, de mon point de vue, l’argent roi est par excellence le terreau sur lequel se cultive non seulement le quête du pouvoir pour le pouvoir, la volonté de puissance et de domination, mais également suscite l’indécent et ignoble désir absolu de tout posséder avec pour objectif l’anéantissement de l’autre, la destruction des liens sociaux ainsi que la gabégie contribuant à obérer les finances de l’Etat et à paupériser le peuple, lui imposant injustement la misère. Pour ce faire, il importe de prôner la sage attitude, chère à mes ancêtres, consistant à toujours marcher devant l’argent et jamais le contraire. J’ai cependant interiorisé, de par cette éducation au sein de ma cellule familiale, le fait que la course effrénée après l’argent comportait d’énormes risques pouvant même entrainer à des conséquences fatales.
De manière générale, chez le peuple de Loango la vision morale et philosophique relative à l’argent est conçue et structurée selon le proverbe ci-après:
búsínà bú báátù kúvyóókà búsínà bú mbóóngù.
“La richesse en hommes vaut la richesse en argent.”
ou “L’homme vaut tout l’or du monde.”
D’emblée il faut dire qu’ici l’acte de procréer est perçu comme une nécessité impérieuse, quand ce n’est une obligation sociale. La quintessence même de l’expression s’articule sur le fait que l’homme est un trésor. Aussi le bon sens et l’éthique voudraient que l’être humain puisse prévaloir l’argent et autres biens matériels ; ceci en raison du fait qu’il est la première richesse naturelle d’un pays. En d’autres termes on dira qu’il est le moteur social sans lequel une communauté ne saurait aller de l’avant ni se pérenniser ou du moins se perpétuer dans le temps et dans l’espace. C’est ainsi qu’il convient de souligner qu’il n’y a de richesse que d’hommes. Aussi, l’homme en tant que valeur fondamentale doit être placé au centre de toutes les préoccupations. C’est ainsi que les pouvoirs publics doivent mettre en place des conditions idoines en vue de l’émancipation sociale des citoyens, notamment en les soignant, en les éduquant efficacement, en promouvant et en protégeant les libertés individuelles et publiques. Il s’avère cependant inconvenant et aberrant que pour des considérations bassement matérielles ou mercantiles l’on puisse mépriser son semblable, bafouer la dignité humaine et ôter la vie à autrui. C’est dans cette perspective que le respect de la vie, de la dignité humaines et des droits du citoyen passe pour un impératif. La promotion de la paix et cohésion sociales, l’édification d’une société harmonieuse et prometteuse sont à ce prix.
Cette conception inhérente au détachement vis-à-vis de l’argent sera confirmée des années plus tard quand j’ai acqui l’enseignement du Seigneur Jésus-Christ, notamment quand il déclare : “Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent.” Entendez bien que Jésus ne condamne pas l'usage normal de l'argent. Par contre, il n’a pas de mots assez forts pour condamner l’asservissement à l’argent. Parce que cet asservissement est un esclavage. L’esclavage de l’argent est le véritable cancer de notre société. Notre société moderne se détruit elle-même sous le rythme infernal que lui impose la course frénétique à la richesse et aux biens matériels. Aujourd’hui additionner ne suffit plus, il faut multiplier les biens, parfois inutilement au point de se livrer à un gâchis monumental, quand on sait que dans notre communauté et partout par le monde, il y a de la misère qui attend d’être soulagée. Ne dit-on pas aussi que “l’argent est un bon maître, mais un mauvais serviteur?” L’argent est donc indispensable et une nécessité pour la vie, encore faudrait-il le gagner honnêtement par la force du poignet sinon par la sueur de son front. La saine raison et la morale voudraient donc que l’argent reste un moyen et ne pas devenir une fin en soi.
Cette dualité met donc en exergue le fait que l’argent est un outil à double tranchant : il permet aux personnes sages et raisonnables de réaliser leurs désirs sages et raisonnables, mais il peut aussi permettre de réaliser des désirs fous et déraisonnables d’où la mégalomanie ou folie des grandeurs parfois observé chez l’homme politique sans conviction ni rectitude de caractère ni probité morale et dépourvu de vertu. Chez un tel individu l’argent devient une fin en soi, tant il prend une place démésurée dans sa vie au point où il se rend coupable des crimes économiques et de sang. Pour rester fidèle à la mise en garde morale, un autre entendement est possible à ce sujet: animé d’une certaine correction, il convient de mépriser ceux qui aiment de manière démesurée l’argent, au point d’en amasser inutilement en dépossédant et en paupérisant même les nécéssiteux et autres personnes vulnérables de la société; et en revanche, aimer ceux qui le méprisent ou en ont une approche beaucoup plus modérée, en manifestant de l’altruisme à l’égard des indigents et de tous ceux qui sont dans le besoin.
En somme, de par mon éducation je n’ai pas vocation ni l’ambition de dépouiller le peuple et de m’enrichir à son détriment encore moins de servir la patrie de manière interessée. Je ne saurais donc souscrire au culte de l’argent roi et de l’enrichissement illicite et injustifié au risque de proscrire tout impératif moral régissant mon existence. Si mes ancêtres sont morts drapés dans leur dignité, pourquoi devrais-je alors être le premier indélicat des descendants d’une si noble lignée? C’est pourquoi je réitère ici ma profonde et légitime conviction de demeurer loyal et fidèle au peuple congolais pour lequel je me suis engagé dans la lutte, en vue de la libération de notre cher et beau pays d’un régime dictatorial, tyrannique et liberticide. Je cultive cependant la saine ambition de contribuer à l’érection d’une société juste fondée sur l’Etat de droit. Une société dans laquelle la justice sociale ne sera plus un vain mot. Une société dans laquelle les pouvoirs publics devront oeuvrer en vue de la satisfaction des aspirations profondes du peuple. Je crois résolument en cet idéal, dans la mesure où je suis persuadé qu’un jour ou l’autre ce pays s’affranchira des ténèbres de la déraison et de l’arbitraire. Pour ce faire, je ne saurais remettre en cause mon engagement politique encore moins transiger avec un pouvoir mafieux et criminogène.
En dernier ressort, puisque le pouvoir en place voudrait que je leur demande “une grande chose,” pour m’avoir avec eux. Il convient cependant de rappeler qu’il y a plus de 45 ans depuis que ce régime s’est accaparé du pouvoir par un coup d’Etat et s’y maintient par la force des armes, quand ce n’est par des moyens anti-démocratiques. A cette époque les congolais avaient droit à l’eau courante, l’électricité, la Sécurité Universelle Maladie, des transports publics… De nos jours, ces choses essentielles et vitales sont devenues un lointain souvenir quand ce n’est un luxe pour le plus grand nombre. On comprendra aisément que le Congo-Brazzaville a beaucoup regressé sous ce régime. Manifestement, on est face à un bilan catastrophique sinon calamiteux, en raison d’une mégestion caractérisée de la chose publique. Où est donc le bien-fondé de l’existence d’un gouvernement quand celui-ci est viscéralement incompétent au point de ne pouvoir fournir ce qui est essentiel et vital à un peuple? Alors, dans ces conditions, la plus “grande chose” que l’on est en droit d’exiger de ce régime, au nom du peuple congolais auquel ils ont causé autant de tort, c’est de se démettre.
Veuillez trouver dans le lien ci-après ma profession de foi allant dans le même sens que la présente reflexion: http://congo-liberty.com/?p=9459

René MAVOUNGOU PAMBOU
Collectif Unis Pour le Congo
Secrétaire chargé des questions éducatives et socio-culturelles

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