Congo, (Starducongo.com) - Voici un roman qui met en relief deux destins atypiques à travers un bel amour entre Mélodie et Léandre, amour qui va jusqu’aux fiançailles avant d’être malheureusement brisé par le passé on ne peut plus « sombre » de la fille.
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Après leur rencontre au club d’apprentissage d’anglais, Mélodie et Léandre semblent s’attirer. Le jeune homme n’hésite pas à déclarer son amour pour celle qui lui plait énormément. Mélodie se donne quand même au jeune homme tout en ayant peur de connaitre une autre déception après certains échecs amoureux dans le passé. Amour passion avec Léandre qui lui fait oublier les vicissitudes des amours ratés : « Mon amoureux m’apportait toute la joie que j’avais perdue avec mes déconvenues du passé » (p.49). Mais cet amour révélé aux parents des deux amoureux subit un couac quand Léandre, contre toute attente, abandonne Mélodie pour retomber dans les bras d’une certaine Joretta. Une fois de plus, Mélodie retombe dans la déception attribuée à son physique qu’elle trouve aléatoire. Quel désespoir pour la jeune femme au moment où son amour pour Léandre s’avère intense. Elle désire séjourner en France mais son rêve est brisé par le refus de visa. Aussi décide-t-elle d’approfondir ses connaissances en anglais pour un éventuel séjour aux Etats-Unis. Au cours du mariage traditionnel de sa sœur cadette, Léandre qui est présent au lieu de la cérémonie, tente d’amadouer Mélodie qui se montre inflexible mais qui ne peut résister au pardon du jeune homme. Bonheur retrouvé après ce pardon. Mélodie est même acceptée par sa future belle-mère Wali. Agréable séjour de la jeune femme chez son amoureux Léandre qui travaille à Pointe-Noire : « Difficile d’imaginer quels ingrédients secrets Dieu a mis dans le cœur de l’homme pour qu’il se sente heureux, aussi idiot, aussi fou quand il aime et quand il est aimé en retour » (p.106). Amour passion, amour fou qui fait rêver les deux amoureux : se marier et avoir un enfant. Mais ce rêve, tant cher à Mélodie, ne pourra se réaliser ; elle sera, une fois de plus, victime de son passé. Léandre et sa mère seront déçus quand Mélodie révélera sa situation de fille mère avec deux jumelles de père inconnue issues d’un viol. A partir de ce moment la vie de la jeune femme se trace un autre destin. Elle a trouvé du travail et peut s’occuper de ses deux enfants. Celles-ci quittent l’orphelinat pour vivre avec leur mère. Son rêve de voyager pour les Etats-Unis va se réaliser car elle connaitra, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, un Américain avec qui elle aura de bons rapports. Du Premier Jour à l’Infini, un récit qui se fonde principalement sur deux personnages : Mélodie et Léandre.
Mélodie : une vie brisée par l’ingratitude du destin
Déjà adolescente, Mélodie se confronte à la fatalité de son destin. Au cours des tristes évènements que connait son pays, elle subit la violence dégradante des hommes en armes qui ont tué son père : « Une nuit (…) des mercenaires angolais nous ont poursuivis. Ils assassinèrent tous les hommes qu’ils avaient trouvés là, et ils emmenèrent les jeunes filles à la lisière de la forêt (…). J’ai été violée par trois mercenaires (…) alors que j’étais encore vierge… De retour à Brazzaville, ma grossesse était presque à terme. J’ai mis au monde deux petites filles » (p.137). Et c’est après cette déclaration qu’elle subira la fatalité du destin qui l’avait mise au mauvais moment et au mauvais endroit pendant le drame d’un certain 18 décembre quand « tôt dans la matinée les armes crépitaient sans répit » (p.136). Fallait-il sacrifier son amour maternel pour ses enfants au dépens de son amour « conventionnel » pour l’homme qu’elle aimait et qui l’aimait ? Un dilemme qui va persécuter son mental car, à un certain moment, avant d’avouer sa situation de fille-mère à Léandre, elle sera curieusement suivie par un médecin psychiatre après la déclaration officielle des fiançailles des deux familles : « Depuis plusieurs semaines, je faisais des insomnies (…). J’écrivais trop et je faisais du souci quant à l’avenir de nos fiançailles » (p.122). L’amour de ses enfants étant plus fort que tout pour une mère, Mélodie « i[[s’était] débarrassée de tout ce qui pouvait lui rappeler un brin de souvenir de cet homme [qu’elle ne haïssait] pourtant pas]i » (p.166). Aussi, dans son nouvel appartement avec sa mère et sa sœur cadette Vinciane, elle réalise qu’ « il était temps d’oublier leurs peines et de fêter le retour des enfants à la maison » (p.168).
Léandre entre mère et fiancée
Ce garçon qui n’a pas connu un amour paternel convenable, sera à la merci des caprices féminins. Il quitte Joretta pour Mélodie qu’il abandonne quelque temps après. Il renoue avec Joretta. Il ne sera jamais un homme épanoui car, même adulte, il sera toujours le « bébé » de sa mère : « Elle faisait sa lessive, son lit, son repas. Elle lui chantait la berceuse chaque soir… » (p.55). Quand Léandre décide de se séparer de Mélodie « sans raison », celle-ci pense qu’il a été influencé par sa mère : « Qu’ai-je fait pour mériter ça ? C’est ta mère qui ne veut pas de moi n’est ce pas ? » (p.63). Ce qui semble faux car Wali acceptera ses fiançailles avec Léandre. Malgré son amour passion pour Mélodie, malgré tous les rêves qu’ils veulent réaliser, l’image de la mère possessive va de nouveau interpeler le destin de Léandre quand Mélodie lui révèle son douloureux passé. Wali n’acceptera jamais que son fils épouse une fille-mère. Léandre ne pourra pas aller à l’encontre de cette décision. Mais en amour, souvent à quelque chose, malheur est bon : le bonheur que Mélodie n’a pu concrétiser avec Léandre se réalise avec un Américain qu’elle connait à travers les réseaux sociaux : « Une relation sérieuse m’appelait sous d’autres cieux. Mon rêve américain était enfin en cours de réalisation » (p.169).
Fallait-il que Mélodie révèle à son fiancé le viol qu’elle avait subi au cours de son adolescence ? La vérité sur le viol subi par la jeune femme aurait-elle blessé et marqué un amour réciproque et prometteur ? Cette vérité serait-elle la cause de la déconvenue qui s’est abattue sur le destin des deux amoureux ? Des interrogations qui interpellent le lecteur et qui nous fait découvrir l’auteure Kharine Yidika dans une autre façon de traiter le thème de l’amour juvénile. Du style, Du Premier Jour à l’Infini épouse un chiasme (texte évoluant en dents de scie), le récit premier rapporté au passé par la narratrice est traversé à certains moments par le récit au présent et au futur défini par son journal intime.
Noël Kodia-Ramata
(1) Kharine Yidika, Du Premier Jour à l’Infini, éd. Edilivre, Paris, 2014,169p.
Mélodie : une vie brisée par l’ingratitude du destin
Déjà adolescente, Mélodie se confronte à la fatalité de son destin. Au cours des tristes évènements que connait son pays, elle subit la violence dégradante des hommes en armes qui ont tué son père : « Une nuit (…) des mercenaires angolais nous ont poursuivis. Ils assassinèrent tous les hommes qu’ils avaient trouvés là, et ils emmenèrent les jeunes filles à la lisière de la forêt (…). J’ai été violée par trois mercenaires (…) alors que j’étais encore vierge… De retour à Brazzaville, ma grossesse était presque à terme. J’ai mis au monde deux petites filles » (p.137). Et c’est après cette déclaration qu’elle subira la fatalité du destin qui l’avait mise au mauvais moment et au mauvais endroit pendant le drame d’un certain 18 décembre quand « tôt dans la matinée les armes crépitaient sans répit » (p.136). Fallait-il sacrifier son amour maternel pour ses enfants au dépens de son amour « conventionnel » pour l’homme qu’elle aimait et qui l’aimait ? Un dilemme qui va persécuter son mental car, à un certain moment, avant d’avouer sa situation de fille-mère à Léandre, elle sera curieusement suivie par un médecin psychiatre après la déclaration officielle des fiançailles des deux familles : « Depuis plusieurs semaines, je faisais des insomnies (…). J’écrivais trop et je faisais du souci quant à l’avenir de nos fiançailles » (p.122). L’amour de ses enfants étant plus fort que tout pour une mère, Mélodie « i[[s’était] débarrassée de tout ce qui pouvait lui rappeler un brin de souvenir de cet homme [qu’elle ne haïssait] pourtant pas]i » (p.166). Aussi, dans son nouvel appartement avec sa mère et sa sœur cadette Vinciane, elle réalise qu’ « il était temps d’oublier leurs peines et de fêter le retour des enfants à la maison » (p.168).
Léandre entre mère et fiancée
Ce garçon qui n’a pas connu un amour paternel convenable, sera à la merci des caprices féminins. Il quitte Joretta pour Mélodie qu’il abandonne quelque temps après. Il renoue avec Joretta. Il ne sera jamais un homme épanoui car, même adulte, il sera toujours le « bébé » de sa mère : « Elle faisait sa lessive, son lit, son repas. Elle lui chantait la berceuse chaque soir… » (p.55). Quand Léandre décide de se séparer de Mélodie « sans raison », celle-ci pense qu’il a été influencé par sa mère : « Qu’ai-je fait pour mériter ça ? C’est ta mère qui ne veut pas de moi n’est ce pas ? » (p.63). Ce qui semble faux car Wali acceptera ses fiançailles avec Léandre. Malgré son amour passion pour Mélodie, malgré tous les rêves qu’ils veulent réaliser, l’image de la mère possessive va de nouveau interpeler le destin de Léandre quand Mélodie lui révèle son douloureux passé. Wali n’acceptera jamais que son fils épouse une fille-mère. Léandre ne pourra pas aller à l’encontre de cette décision. Mais en amour, souvent à quelque chose, malheur est bon : le bonheur que Mélodie n’a pu concrétiser avec Léandre se réalise avec un Américain qu’elle connait à travers les réseaux sociaux : « Une relation sérieuse m’appelait sous d’autres cieux. Mon rêve américain était enfin en cours de réalisation » (p.169).
Fallait-il que Mélodie révèle à son fiancé le viol qu’elle avait subi au cours de son adolescence ? La vérité sur le viol subi par la jeune femme aurait-elle blessé et marqué un amour réciproque et prometteur ? Cette vérité serait-elle la cause de la déconvenue qui s’est abattue sur le destin des deux amoureux ? Des interrogations qui interpellent le lecteur et qui nous fait découvrir l’auteure Kharine Yidika dans une autre façon de traiter le thème de l’amour juvénile. Du style, Du Premier Jour à l’Infini épouse un chiasme (texte évoluant en dents de scie), le récit premier rapporté au passé par la narratrice est traversé à certains moments par le récit au présent et au futur défini par son journal intime.
Noël Kodia-Ramata
(1) Kharine Yidika, Du Premier Jour à l’Infini, éd. Edilivre, Paris, 2014,169p.
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