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Alerte, on tue le peuple de Loango!

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Kouilou, (Starducongo.com) - Le mal triomphe par l’inaction des gens de bien, dit une assertion. En effet, en ma qualité de citoyen congolais et de natif de Loango, je suis non seulement en droit de m’indigner, mais surtout de contribuer à briser le silence assourdissant sur l’ignoble tragédie écologique imposée à mon peuple, lequel est victime de l’exploitation de l’or noir sur ses terres.
Alerte, on tue le peuple de Loango!
Pour ne pas faire entorse à l’histoire, il est judicieux de parler de peuple de Loango (Yombe, Kuni, Lumbu, Bongo, Vili), un ethnonyme éponyme au regard du royaume de Loango, plutôt que de tout autre nom. Dans le meilleur des mondes, cette région aurait pu naturellement porter le nom historique et prestigieux de Loango, mais la colonisation est passée par là, avec tout ce que cela implique d’approximation et surtout de mépris envers la civilisation du colonisé. Aussi en résultera-t-il un découpage territorial arbitraire et une dation de noms parfois hasardeux et inappropriés à certains lieux.

Pour ce qui est de la petite histoire, on retiendra qu’avant l’arrivée des leucodermes, il y a existé sur le littoral congolais un Etat organisé et structuré tant sur le plan politique, administratif que social. Lequel était dénommé Loango : la force du ngo “ léopard”. Cet Etat avait à sa tête un monarque élu, à savoir le Maloango. Parler d’un monarque élu peut surprendre plus d’un, au regard non seulement des poncifs éculés véhiculés par la littérature ethnographique d’une certaine époque, mais surtout de l’inculture et la méconnaissance de nos propres réalités historiques, ethnologiques, anthropologique et sociologiques. Bien évidemment, au Moyen Age le Loango avait une longueur d’avance sur les Occidentaux dont les peuples étaient sous l’emprise des monarchies féodales et monarchies absolues. En effet, le génie kongo est telle qu’il a été expérimenté une certaine forme de démocratie, à savoir l’érection d’une monarchie élective incarnée par le fuundu tchibokuta “Instance Collégiale de Concertation”.

En effet, les fumu “chefs et représentants” des 27 clans primordiaux kongo, disséminés à travers tout le royaume, joueront le rôle décisif d’arbitre électoral à l’endroit des deux clans princiers kondi et nkata. Lesquels avaient le privilège et l’exclusivité de la conquête du trône par une compétition électorale. Dans le souci de la bonne gestion de l’État le fuundu tchibokuta, jouissant des prérogatives d’un collège arbitrale, se montrera particulièrement attentif à l’action politique menée par l’exécutif. Le fuundu tchibokuta en tant qu’assemblée des fumu des clans primordiaux Kongo était par conséquent représentatif de la voix du peuple. Et cette assemblée était dotée d’un pouvoir tel que le souverain devait faire preuve non seulement de clairvoyance et de diligence, mais aussi d’intégrité et de probité dans la conduite des affaires de l’État. Des mesures singulières seront mises en place en vue de brider toute velléité du monarque d’ériger un pouvoir despotique et absolutiste. C’est ainsi qu’au cas où des irrégularités avérées avaient été constatées, le Maloango devait, en conséquence, être démis de ses fonctions et sa succession assurée par un autre souverain, des suites d’une élection en bonne et due forme. L’interrègne qui durait parfois très longtemps étant assurée par le Mamboma Tchiloangu, premier ministre. En effet, cette élection devait impérativement se dérouler selon les régles de l’art parce qu’elle allait faire l’objet d’une approbation par le Tchitomi tchi Bunzi, après consultation de la divinité suprême Bunzi à Moanda, non loin de Boma (Etat de Kakongo dans l’actuel Congo-Kinshasa).
Il convient cependant de signaler que les ancêtres kongo, venant de Kongo dya Ntotela sur la rive gauche du majestueux Kwangu “fleuve Congo”, conquièrent de haute lutte les terres des autochtones Bongo « pygmoïdes » allant du littoral jusqu’à Diangala, en pays Kuni dans la vallée du Niari, Mayumba et Tchibanga (région de la Nyanga au Gabon) en passant par le massif du Mayombe. En effet, pour se rendre maîtres de ces terres, particulièrement infestées de léopards, ils devaient également combattre farouchement et vaincre le redoutable felin. D’où le toponyme Loango. Lequel s’entendrait naturellement par le pays des hommes ayant dompté le pouvoir et la force du ngo “léopard”. Il y a donc lieu de comprendre que les kongo ont dû payer un lourd tribu pour prendre possession de ces terres où, par ailleurs la nature était généreuse, tant ils pouvaient y jouir de meilleures conditions de vie. En effet, on y trouve un écosystème des plus enviables, à savoir : une hydrographie et une pulviométrie conséquentes, une forêt luxuriante aux essences prisées et une terres arables particulièrement fertile, notamment dans le Mayombe et dans la vallée du Niari. En somme, avec autant de potentialités, on peut affirmer sans coup férir que les ancêtres kongo de Loango avait opéré un choix judicieux en s’installant sur une terre abondamment bénie de Dieu.
Mais ce que ce peuple ignorait jusqu’à la période coloniale, avec l’exploration de fond en comble de ces terres par les colons, à la tête des grandes compagnies concessionnaires, c’est l’existence de divers ressources minérales et hydrocarbures dans le sous-sol, notamment d’importants gisements de pétrole. En fait, la présence de ces hydrocarbures, bien que constituant la cérise sur le gâteau, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles vont s’avérer comme une source des malheurs pour le peuple de Loango. Lequel, loin de jouir des retombées financières du pétrole, est pitoyablement condamné à en subir les effets pervers, sur fond d’une tragédie écologique caractérisée par une grave pollution aux hydrocarbures.
D’emblée, il convient de lever l’équivoque : le pétrole, sans être la propriété exclusive du peuple de Loango, est une ressource naturelle nationale, c’est à dire un bien commun à tous. En fait, au regard de la justice sociale, les citoyens congolais dans leur ensemble sont en droit de jouir de rente engrangée. Pour ce faire, la priorité des priorités aurait été de placer le bien être de l’homme au coeur de l’action politique. L’Etat congolais devait cependant envisager un politique volontariste et d’envergure visant la rédistribution des richesses nationales, notamment par l’aménagement intégral du territoire, la réalisation des infrastructures de base (hopitaux et écoles dotés d’équipements modernes…), la construction des logements sociaux dans toutes les régions et pour toutes les couches sociales, en vue d’améliorer la qualité de vie des populations. Avec autant de moyens de moyens financiers procurés par le pétrole, on ne pouvait assister à l’ignoble précarisation, clochardisation et l’exclusion des citoyens. Ce qui fait qu’une bonne frange de ceux-ci sont littéralement abandonnés sur le bas côté de la route. On aurait donc pu impulser une dynamique de développemnt socio-économique intégrale et durable, mais hélas c’est loin d’être le cas.
En effet, on ne dira jamais assez que l’intense activité d’exploitation de l’or noir induit des conséquences parfois irreversibles tant sur les écosystemes, l’environnement que sur les populations riveraines. Cette incidence, caractérisée notamment par des dégats tous azimuts des hydrocarbures, s’observe généralement à la fois sur le court et long terme. Ceci est d’autant vrai qu’au Loango le péril est présentement en la demeure. Le danger qui guette la population est loin d’être hypothétique, car les effets pervers sont constatés au quotidien depuis quelques années. Et récemment encore, Christian Perrin, éminent journaliste d’investigation, dont il convient de saluer le civisme et professionnalime, venait de publier une série de vidéos éloquentes les unes des autres quant au sort moins enviable qui est fait à la région pétrolière par excellence qu’est le Loango ainsi qu’à son peuple.
Si le peuple de Loango, en raison de son légendaire pacifisme, a décliné à raison le fait que sa terre soit un théatre des guerres comme cela a été le cas dans le reste des régions du sud, donc ayant refusé d’être décimé par les bombes des bellicistes invétérés et va-t-en-guerre notoires, avec l’activité pétrolière, son destin semble désormais scellé. Il convient de rappeler un fait non moins important : il y a un précédent au Congo-Brazzaville, pays où l’on planifie la mort et les larmes des autres. Le comportement indélicat de l’homme politique est tel qu’on a précipité tout un peuple au degré zero des valeurs républicaines et principles démocratiques. À cela s’ajoute le fait que des valeurs ataviques auront été battues en brèche, au point même oû l’on méprise une chose aussi sacrée qu’est la vie humaine. On ne dira jamais assez que le régime crimonogène de Brazzaville incarne viscéralement une culture de la mort. C’est pourquoi tout porte à croire qu’il est question d’une ignoble cabale consistant à tuer le peuple de Loango à petit feu. Ce qui conforte plus d’un dans cette conviction, c’est le fait que la tragédie qui se joue au Loango ne préoccupe nullement les autorités politiques encore moins de les émouvoir. A cela s’ajoute une épouvantable omerta qui s’est abattu sur une question aussi grave que cette pollution pétrolière qui, par ailleurs, pose un sérieux problème de santé publique. A l’évidence, les multinationales de l’industrie pétrolière opérant au Congo-Brazzaville ainsi que les autorités politiques ont tout à gagner en maintenant le sujet tabou, tant il est perçu comme un cheveu dans la soupe. Le peuple de Loango est donc sacrifié sur l’autel d’une cupidité invétérée envers des intérêts basement matériels.
Et l’on comprendra aisément le laxisme des autorités politiques quant à l’inobservation par les compagnies pétrolières du protocole encadrant leur activité. Et l’on comprendra également pourquoi des études épidémiologiques ne sont jamais menées, encore moins celles consistant à évaluer l‘étendu des dégats, notamment la dégradation des sols, forêts, eaux marines et cours d’eau, ainsi que de la nappe aquifère par l’action de la pollution par les hydrocarbures. Mais la réalité, telle qu’elle est vécue par la population riveraine, est d’autant plus insoutenable qu’on ne pouvait s’attendre à une telle indifférences des pouvoirs publics!
A l’évidence, la dernière vidéo du compatriote Christian Perrin, est un important document supplémentaire à charge, à l’endroit des multinationales pétrolières et des pouvoirs publics. C’est un reportage qui montre de manière probante la réalité de l'impact du pétrole et la confiscation de la rente générée ainsi que l'absence de développement durable dans cette région. A cela s’ajoute le fait qu’il illustre éloquemment non seulement le paradoxe de la pauvreté et de la misère dans un milieu d'abondance, mais surtout le spectre de la mort planifiée à l’endroit d’un peuple. La situation telle qu’elle y est décrite est symptomatique de l’irresponsabilité et de la démission des autorités de l’Etat et de l’insouciance des companies pétrolières. Comment alors comprendre ce manque d’empathie vis-à-vis d’un peuple et surtout cette indifférence devant une gravissime situation qui révolte la conscience humaine? Pourquoi demeure-t-on insensible et tourne-t-on le dos à l’effroyable et l’indicible caractérisé par ceci :
- des êtres humains condamnés à l’usage et à la consommation d’une eau souillée et pestilentielle due à la présence de mazout et des boues industrielles;
- des êtres humains condamnés à la consommation de poisson aux métaux lourds avec un arrière goût de pétrole;
- des êtres humains condamnés à respirer un air vicié, nocif sinon toxique en raison de la présence dans l’air du dioxide de carbone, du dioxyde de soufre provenant de la combustion des gaz à ciel ouvert au moyen des torchères;
- des êtres humains condamnés à une pénurie alimentaire en raison de la raréfaction des ressources halieutiques et des récoltes infructueuses, les eaux et le sols étant copieusement pollués par une intenses activité anthropique inhérente à l’or noir.
La pollutions par les hydrocarbures porte donc atteinte aux moyens essentiels de subsistance de la population. La pauvreté s’accroît avec des terres de moins en moins fertiles, des eaux de moins en moins poissonneuses, la nappe phréatique toujours plus polluée contraignant les populations riveraines à utiliser une eau fortement souillées pour boire, cuisiner et se laver ainsi qu’à consommer du poisson contaminé par des hydrocarbures. Les conditions de vie deviennent de plus en plus précaires et la pire des choses dans tout ceci c’est que la vie humaine est sérieusement mise en danger. On ne peut cependant pas être surpris du fait que dans un pays mué en république bananière, en raison du non Etat de droit, de corruption endémique, de laxisme et d’anarchie généralisée, l’on puisse en toute impunité déverser des hydrocabures et enfouir des boues industrielles dans des zones de pêche, de culture et d’habitation. Dans une certaime mesure, la population de Pointe-Noire, ville cosmopolite, subie également cette pollution, mais la situation est beaucoup plus critique et péoccupante auprès des populations des villages de Loango vivant sur des terres où sont déversées des hydrocarbures et enfouies des boues industrielles toxiques.
On ne dira jamais assez que des polluants hautement toxiques sinon cancérigènes diffusés dans l’air, dans les eaux souterraines, sont absorbés par les plantes, les animaux et par l’homme, mettant ainsi en jeu sa santé. L’ampleur d’un tel danger devait plutôt interppeler les responsables des entreprises pollueuses et les autorités politiques en vue d’une action concertée pour la décontamination ou l’assainissement de l’environnement. En effet, la nécessité de la dépollution des sols tient d’une motivation vitale visant la santé publique. Mais il y a lieu de souligner que l’activité de dépollution implique un défit économique majeur tant elle nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers. Dès lors, la question qu’on est en droit de se poser est celle de savoir si les pétroliers et autorités politiques, égocentriques et imbus d’eux-mêmes, oseraient compatir au sort du peuple et franchir le pas? Rien n’est moins sûr!
En outre, à défaut d’allouer un budget pour la dépollution ou le développement socio-économique des zones riveraines, le bon sens aurait voulu qu’on mette en place des mesures compensatoires à l’endroit des populations lésées. Le préjudice subi par le peuple de Loango est d’autant plus inestimable qu’il est en droit de s’attendre à des dommages-intérêts compensatoires. Mais hélas, on est réduit à constater que des intérêts égoïstes priment sur l’intérêt général. La confiscation de la rente pétrolière est telle que Pointe-Noire, la ville pétrolière, cyniquement privée des moyens de son développement qu’elle mérite légitimement, a plutôt été paradoxalement transformée en un dépotoire à ciel ouvert, avec tout ce que cela implique comme problèmes de santé pour sa population. On déplore le fait que le pays soit en mal de justice sociale et que les finances de publiques soient perpétuellement obérées, au détriment des besoins réels du plus grand nombre. La manne est ainsi cyniquement détournées par le clan kleptomane au pouvoir. Ceci est d’autant plus vrai que, d’une part, nous savons que de l’aveu de l’ex premier ministre “fantôme constitutionnel” Isidore Mvouba en 2006, les revenus pétroliers sont planqués dans des paradis fiscaux pour le mettre hors d’atteinte des créanciers vautours. D’autre part, on a assiste ainsi à une utilisation à des fins personnelles de la rente pétrolière. A l’évidence, c’est avec les deniers publics qu’on finance les dépenses privées (voir entre autres affaires des biens mal acquis : récente perquisition au domicile parisien de Edgar Nguesso, au cours de laquelle un fabuleux butin a été saisi). En dépit du fait que ce clan mafieux soit sur la ligne de mire de la justice française, on persiste dans la spoliation et la prédation des fonds publics. Le clan est ainsi devenu tristement célébre avec une série de scandales financiers, en rapport avec des détournements de fonds publics. Le dernier en date, défrayant la chronique, est celui qui met directement en cause Denis Christel Sassou Nguesso avec la société suisse de négoce Philia SA, pour détournement des recettes pétrolières.
Pour ce faire, on ne perdra cependant pas de vue que la constitution du 20 janvier 2002 en son article 38 stipule : “Tout acte, tout accord, toute convention, tout arrangement administratif ou tout autre fait, qui a pour conséquence directe de priver la Nation de tout ou partie de ses propres moyens d'existence tirés de ses ressources ou de ses richesses naturelles, est considéré comme crime de pillage imprescriptible et puni par la loi.” Et l’article 39 dispose : “Les actes visés à l'article précédent ainsi que leur tentative, quelles qu'en soient les modalités, s'ils sont le fait d'une autorité constituée, sont selon les cas, punis comme crime de haute trahison ou comme acte de forfaiture.” En fait, les autorités politiques présumés coupables de délits et crimes économiques, se seront compromises volontiers et en toute connaissance de cause. Elles savent donc à quoi s’y attendre, parce qu’un jour ou l’autre la machine judiciaire républicaine se mettra en branle contre elles.
En somme, le peuple de Loango paie un lourd tribu au regard d’un environnement à la fois morbide et macabre qui lui est imposé, en raison de la cupidité débridée et effrénée des pétroliers de connivence avec les autorités politiques. Non contents de jouir des richesses de cette région, les pétroliers se seraient donc arrogés la licence de tuer. Ce mépris exacerbé de la vie humaine est d’autant plus avéré que ces pétoliers sont en collusion d’intérêts avec un régime foncièrement criminogène qui n’a dailleurs jamais ménagé la vie des citoyens. Le peuple de Loango n’a pas vocation à demeurer indéfiniment le dindon de la farce et on ne saurait en rester là. C’est pourquoi si aucune mesure n’est prise pour changer significativement la donne et notamment venir en aide aux infortunés citoyens, le peuple de Loango se réservera le droit de porter cette affaire auprès des juridictions internationales.
On l’aura donc compris, la paix sociale ne saurait simplement se résumer à une absence de guerre. En effet, un peuple paupérisé, spolié et dépouillé de ses richesses et à qui on a allègrement imposé une misère anachronique et structurelle ne peut avoir la tranquillité de l’esprit et la paix de coeur. Il ne saurait en être autrement du peuple de Loango qui est désemparé du fait de subir les affres de l’intense activité pétrolière sur ses terres et surtout le spectre d’une mort à petit feu que celle-ci représente. En outre, on ne perdra cependant pas de vue que là où les droits sont bafoués, les libertés confisqués, la pauvreté et la misère imposées, l’injustice et l’arbitraire règnant en maître, les citoyens subissant l’oppression sont maintenus dans l’ignorance et l’obcurantisme, le pouvoir aura littéralement réuni les ingrédients de sa désintégration, tant une légitime insurrection populaire, comme ultime moyen de salut, devient inéluctable.

René MAVOUNGOU PAMBOU
Ethnolinguiste de formation
Collectif Unis Pour le Congo
Secrétaire chargé des questions éducatives
et socio-culturelles

http://www.starducongo.com/video/

www.pagesafrik.info le rendez-vous des stars

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