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Héritage de Bernard Kolelas : Sa fille Lydie saisit les tribunaux français

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Héritage de Bernard Kolelas : Sa fille Lydie saisit les tribunaux français
Nous publions ci-dessous des extraits de l'entretien accordé par Lydie Kolelas à notre confrère "Afrique Education", dans lequel elle accuse directement ses frères et sœurs de vouloir la priver du droit à l'héritage paternel.

Extraits:

(...) Le Révérend Pasteur Docteur Maître Dominique Kounkou est le conseil de Lydie Kolelas. Lui-même d’origine congolaise, il est l’avocat dont elle a besoin pour rentrer dans ses droits, tous ses droits, rien que ses droits.

AFRIQUEDUCATION: Vous vous appelez Lydie Kolelas. Un nom lourd à porter.

Lydie Kolelas
: Oui, le hasard fait bien les choses. Je suis née à Léopoldville (Kinshasa aujourd’hui), pendant l’exil de Bernard Kolelas, en République du Congo-Léopoldville, comme le pays s’appelait dans les années 60. Ma mère était originaire de l’Equateur, plus précisément, de la ville de Mbandaka. Mais elle était, également, de Sibiti (République du Congo-Brazzaville) car étant la nièce d’Emilienne Lekoundzou. C’est chez Lekoundzou que mon père, feu Bernard Kolelas, est venu « m’épouser » selon la tradition Kongo, signe de la reconnaissance de sa paternité. Je ne crois pas que, au niveau de mes origines, cela puisse faire des doutes chez qui que ce soit. J’ai eu un acte de notoriété qui fait office d’acte de naissance pour corroborer mes propos.

Je suis fière d’être la fille de Bernard Kolelas et je lui suis reconnaissante de m’avoir faite car je suis consciente de l’impact qu’il a eu en Afrique. Je saurai me montrer digne en continuant son combat. Je me battrai pour ma reconnaissance.

Comment vous situez-vous par rapport aux autres enfants Kolelas ?

Au moment de ma naissance, mon père avait déjà 8 enfants à Brazzaville, issus de deux femmes différentes. Par la suite, il en a fait 4 autres après moi. Au total, il comptait 13 enfants dont les jumelles qui sont les dernières nées.

Pourquoi n’aviez-vous pas porté le nom de Bernard Kolelas dès votre naissance ?

Tout simplement parce qu’il ne pouvait pas me reconnaître. Il était en exil et recherché par le pouvoir congolais de l’époque (présidence d’Alphonse Massamba Débat, ndlr). D’autre part, je précise qu’en exil, il utilisait un pseudonyme : Omer Samba. Pour la petite histoire, ma mère l’avait toujours appelée Omer. Ma grand-mère qui est toujours en vie, l’appelle de la même façon.

Pourquoi ne résidez-vous pas au Congo comme le reste de votre grande famille ?

Au Congo, actuellement, il n’y a que 5 enfants Kolelas qui y résident de façon quasi-permanente. Les autres sont à l’étranger : Inde, Sénégal et France. Les Kolelas qui résident au Congo ont du travail là-bas.

Et vous-même ?

Moi, je suis à Bordeaux où j’exerce le métier d’architecte DPLG depuis janvier 2000. Pour-quoi Bordeaux ? Parce que c’est la ville qui m’avait accueillie pour mes études de septembre 1993 à 1997. Mon travail de fin d’étude portait sur « L’Aéroport international de Brazzaville : Porte de Brazzaville ». Au moment où je passais mon diplôme, la guerre du 5 juin 1997 venait d’éclater. Donc Quid de mon avenir professionnel au Congo. J’avais bénéficié d’une équivalence étant donné que j’avais commencé mes études d’architecture à l’IBTP (Institut de bâtiments et travaux publics) de Kinshasa où j’étais arrivée en 4e année, après avoir passé une année préparatoire de Maths Spé. Il me restait seulement à passer la 5e année à Kinshasa mais à cause des événements poli-tiques de 1991, dans ce pays, je fus contrainte et forcée d’aller poursuivre mes études ailleurs. J’eus, d’abord, une expérience professionnelle de 8 mois au ministère de la Construction et des Travaux publics à Brazzaville, avant de me rendre à Bordeaux, en France.

Pourquoi vous venez nous voir ? Selon nos informations, votre famille n’est pas très unie actuellement. Est-ce faux ?

Cela n’engage que vous. Pour ma part, je sais que j’ai un différend avec mes frères concernant l’héritage matériel de feu notre père, Bernard Kolelas.En effet, vous êtes sans ignorer que Monsieur Bernard Kolelas est décédé le 13 novembre 2009.

Mais à ce jour, rien n’a été fait pour liquider sa succession. Personne dans la famille ne fait rien. Je reproche surtout à l’aînée des enfants Kolelas, Théodorine, de refuser de faire un partage juste entre la famille et les enfants. Les autres sont ses complices. On tourne en rond. Bref, j’en ai marre d’attendre que mes frères se décident de prendre ce problème à bras le corps. Je porte l’affaire devant les tribunaux. C’est avec une douleur indescriptible que je le fais. Mais, croyez-moi, il n’y a pas d’autres solutions.

J’en veux à mes frères de m’avoir poussée jusqu’à mes derniers retranchements. Ils m’ont cru incapable de le faire. Ils n’ont pas voulu tenir compte de ma personne, de l’amour que nous avions pour notre père, du respect de sa mémoire. Ils ont plutôt cherché à me mettre hors jeu. Cet héritage est notre droit à tous. Même si cela ne leur plaît pas : je suis bel et bien un « ayant droit » de Kolelas Bernard. « Faisons les choses dans la légalité pour une fois, mes frères. Vous ne comptez tout de même pas tout détourner ? Pourquoi tant de cupidité ? Mon père n’était pas comme ça. J’ai honte pour vous ».

Il y a certainement des raisons à leur comportement.

Ils me reprochent de ne pas avoir autant souffert qu’eux (par rapport à des années d’emprisonnement de Papa), ce qui a entraîné de gros soucis matériels. C’est tout simplement faux. Tout le monde en a souffert. Eux comme moi. Ils n’ont pas le monopole de la souffrance car on peut souffrir de plu-sieurs manières. D’ailleurs, je vais tout expliquer dans un livre sous forme de plaidoirie à paraître dans les deux ou trois mois à venir. Je dirai toute la vérité sur ce fâcheux épisode. Je crois qu’il faut poser les bonnes questions. Ils savent mais ils font semblant.

Dans ce problème d’héritage, il faudrait que les ayants-droits puissent mettre les sentiments de côté pour voir ce qui est droit et justice. Je me bats pour mes droits et rien que pour mes droits. Je ne réclame pas plus que mes droits. Je tiens à ce qu’ils soient enfin reconnus puisque les enfants de mon père ne veulent pas les reconnaître. Malheureusement, c’est un problème récurrent au Congo. Ces questions de succession sont légion en Afrique. Les droits des ayants-droits y sont bafoués régulièrement.

Pourquoi ne pas laver ce linge sale en famille ?

C’est vrai que si nous étions des enfants sensés, désireux de préserver l’unité de la famille, nous aurions pu nous asseoir autour d’une table afin de faire l’inventaire des biens matériels de mon père (maisons, véhicules, terrains, comptes en banque, etc.). Pour vous éclairer, voici le texto que ma sœur aînée m’a envoyé lorsque j’ai osé lui parler des biens de mon père : « Qd tu avais cassé la machoire de rosine je t’avais porté plainte batard tu es l’enfant du peché jalouse yu yu yu qu’as-tu fais tu n’as même pas assis-té ton père mais tu veux hérité de ses biens yu ». Je retransmets ce texto tel que je l’avais reçu, sans rien y changer, avec les fautes d’orthographe. Pour votre information, elle est députée à l’Assemblée nationale du Congo. Aînée des enfants Kolelas. Dites-moi : croyez-vous sincèrement qu’un dialogue soit possible avec, en face, un spécimen de ce type ? Parfait (Kolelas) et les autres ont reçu ce message. Personne n’a daigné me téléphoner.

Continuons, il s’avère que des comptes de mon père ont été vidés ou utilisés en partie sans que je n’en sois informée, sans que je n’aie eu à signer, au préalable, un quel-conque document. Le conseil de famille s’est réuni en mon absence. Les conclusions ont été tirées sans que je ne sois informée. Par rapport à ces comptes en banque, les choses ne vont pas en rester là. La justice va être saisie à cet effet. Et je compte sur la perspicacité de mon avocat, Maître Dominique Kounkou, Avocat au Barreau de Paris, pour tirer cette affaire au clair et me faire rentrer dans mes droits. S’il faut que j’attaque, aussi, ces banques en justice, je n’hésiterai pas une seconde. Car au regard de la loi, il est inadmissible que l’argent du défunt soit sorti des banques sans l’accord soit de tout le monde soit celui de la justice. Je prends l’opinion publique à témoin. Comment cela a-t-il été possible ? Est-ce parce qu’ils ont des postes importants ? Ou parce que ce sont des personnages politiques et moi pas ? Ne sommes-nous pas tous égaux devant la loi ? Je refuse que l’on décide à ma place et j’entre en résistance. La justice statuera !

Donc, pour vous, la justice, rien que la justice ?

Oui. Je demanderais, par conséquent, aux autorités de mon pays de ne pas intervenir dans cette affaire. Je vais les poursuivre depuis la France. J’ai confiance en la justice française. Par ailleurs, je reste confiante car je sais qu’aucun tribunal au monde ne peut condamner un enfant qui réclame une part de l’héritage de son père. Je suis déterminée et dénoncerai publiquement toute tentative d’intimidation et d’obstruction dans cette affaire. Je réclame la transparence. Je conseillerai à mes frères d’être coopératifs. Ils connaissent mon caractère. Ils m’ont assez piétinée et je leur dis STOP : fin de la récré. Les menaces de sorcellerie de Théodorine ne me font pas peur. Je crois en Dieu. C’est le monde à l’envers, je réclame que l’on reconnaisse ma légitimité. En retour, on me menace de me punir mystiquement si je continue. Non, mais où allons-nous ? Ne sommes-nous pas au 21e siècle ? Evoluons. Que le Congo évolue bon sang !

Héritage de Bernard Kolelas : Sa fille Lydie saisit les tribunaux français
Nous connaissions Bernard Kolelas comme étant un homme intègre, simple, désintéressé par les biens de ce monde, très loin du matériel. Mais là, vous nous parlez d’héritage matériel. Ça suppose qu’il s’agit d’une histoire de gros sous. Bernard Kolelas avait-il donc deux visages ?

J’ai commencé par vous dire que j’étais extrêmement gênée par ma démarche. Malheureusement, je me suis retrouvée face à un mur. D’aucuns vont se dire pourquoi j’ai mis autant de temps avant de réclamer ma par t d’héritage. Le dépôt de ma plainte a pris du temps parce que je suis horriblement gênée de parler matériel. Mes frères et sœurs m’ont attaquée du côté où j’étais le plus faible. Au départ, j’ai voulu ne rien réclamer. Mais en moi, il y a une dualité : un désintéressement vis-à-vis du matériel (comme mon père) et de l’autre, ma relation quasi-mystique avec la justice et la légalité. Ce problème m’a torturée pendant longtemps. J’ai été insultée, ce fut la goutte d’eau, c’est pour cela que je veux que justice me soit rendue. Mais je m’attendais à votre question de savoir quel rapport Kolelas entretenait-il avec le matériel.

En fait, Kolelas était quelqu’un de très vrai. Il ne feignait pas d’être désintéressé par le matériel. Et je profite de cette occasion pour lui demander pardon ainsi qu’à sa famille. Je crois que si aujourd’hui ses enfants et moi, nous retrouvons dans ce problème, c’est justement parce qu’il était impossible de parler des questions d’ordre matériel avec lui. Tout ce qu’il possédait ou qu’il envisageait d’avoir, c’était d’abord pour son peuple, ses militants et, bien après, sa famille. Nous, ses enfants, venions toujours en dernière position. Mes frères le savent tous. N’ayant pas mis au clair, et à temps, les problèmes de sa succession, on se trouve, aujourd’hui, devant les tribunaux. C’est triste : un tel nom.

Pourquoi on me cache les choses ? C’est justement parce qu’il y a suffisamment de biens que certains de mes frères et sœurs veulent garder pour eux tout seuls, comme si moi, je ne faisais pas partie de la famille. Je suis dans l’incertitude la plus complète. C’est pour cela que je veux tirer cela au clair. Je refuse cette captation et ce détournement d’héritage. Et puis, il faudrait voir chronologiquement les acquisitions des différents biens. Dans tous les cas, maintenant que l’histoire est sur la place publique, il sera demandé à toute personne au courant ou ayant eu connaissance d’un bien appartenant ou ayant appartenu à Bernard Kolelas de le faire savoir. Encore une fois, je dénoncerai toute obstruction qui se mettrait en travers de cette voie. Je suis quelqu’un de prévisible car je préviens toujours avant de faire quelque chose. Mes frères le savent déjà, je m’adresse donc à tous ceux qui l’ignoraient jusque là (...)

Franchement, puisque vous êtes maintenant dans l’alliance avec le président Sassou, pourquoi ne pas avoir porté ce problème d’héritage à sa connaissance pour une médiation suprême ? Il en aurait été très content.

Pourquoi content ?

Parce qu’il serait devenu le réconciliateur de la Famille Kolelas, ce qui ne manque pas de sel pour qui connait l’histoire entre Sassou et Kolelas.

L’histoire entre Sassou et Kolelas? Mon père m’a toujours dit que Sassou était son frère. Qu’il n’avait pas un problème de personne avec son frère Sassou. Qu’il avait un problème avec le système en place. Le président Sassou, réconciliateur de la famille Kolelas. Pourquoi pas ? D’ailleurs, pour les deux ans de la commémoration du décès de mon père à Nsuele, j’ai demandé au président une audience, ce qu’il a accepté de faire, mais malheureusement, vu le peu de temps que je mettais à Brazzaville, son emploi de temps chargé n’a pas permis que je puisse le rencontrer. S’il avait eu une attitude dans ce sens, ç’aurait été uniquement, à mon avis, à cause du nom Kolelas car cela n’est pas bon pour l’image du Congo car Kolelas, vous le savez bien, ne nous appartient plus à nous sa famille, mais à l’histoire du pays, voire, de l’Afrique (...)

Propos recueillis par Jean Paul Tédga
Afrique-education N°363- Du 1er au 15 Mars 2013

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