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Pointe-Noire : l'atmosphère devenue irrespirable autour de la morgue de la ville défraie la chronique

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Pointe-Noire : l'atmosphère devenue irrespirable autour de la morgue de la ville défraie la chronique
À l'issue de la réunion qui s'est tenue le 13 mars à la mairie centrale, pour mettre fin au problème des odeurs de décomposition des corps qui persiste depuis plusieurs semaines à la morgue et aux alentours, Patrice Ngatali, secrétaire général de la mairie de Pointe-Noire, et Paul Ngababa, directeur général de la Société des sépultures (Sosep) en charge de la gestion de la morgue, se sont engagés à trouver rapidement une solution. Ils ont par ailleurs officialisé la construction en cours d'une nouvelle morgue

« J'étais hier à la morgue et je n'ai pas pu rester dans la cour. Il se dégageait une odeur pestilentielle dans l'enceinte de la morgue. Ces émanations nauséabondes sont encore plus insoutenables à chaque ouverture des portes pour l'entrée ou la sortie d'un cercueil. Les proches des familles doivent se protéger à l'aide d'un mouchoir », a confié une Ponténégrine. Stanislas, habitant du quartier Mbota Raffinerie (arrondissement 5 Mongo Mpoukou) déplore de son coté : « J'ai assisté aux funérailles d'un parent il y a deux semaines, la famille a été obligée de mettre de l'encens pour atténuer un peu l'odeur que dégageait le corps, mais peine perdue. »

Cette situation, a expliqué Paul Ngababa, est liée à la conjugaison de trois phénomènes : la réception d'un nombre de corps bien au-delà de la moyenne, un problème d'électricité, et la présence derrière le mur d'enceinte de la morgue des poubelles de l'hôpital général Adolphe Sicé et de l'hôpital régional des armées. Aux dires du directeur général de la Sosep, la morgue de Pointe-Noire a reçu plus de 400 corps ces derniers temps parmi lesquels un nombre important de corps abandonnés par leurs familles. « À raison de deux ou trois corps par casier, les conditions de réfrigération sont respectées mais quand le nombre de corps dépasse cinq, elles ne le sont bien évidemment plus. La semaine dernière nous avons enterré soixante-cinq corps abandonnés par leurs familles. Il nous a fallu publier un communiqué pour demander aux familles de venir chercher les dépouilles de leurs parents abandonnés à la morgue », a-t-il déploré au sortir de la rencontre. Une réunion à laquelle participaient des responsables de la mairie et notamment Pierre Justin Makosso, 2e vice-président, son directeur technique et celui de Patrice Ngatali, concernés tous deux par la situation, Jean-Pierre Michel Nzondo, directeur départemental de la santé, ainsi que des agents des services d'hygiène.

Paul Ngababa a démenti l'information selon laquelle, à la morgue, on exigerait des familles une semaine d'attente avant de venir chercher les corps. Mais il a reconnu et déploré la perte de deux compresseurs en raison du mauvais courant. « Nous avons fait l'acquisition d'un nouveau matériel dont l'utilisation était rendue impossible du fait de ce problème d'électricité. Or le groupe électrogène dont nous disposons ne peut tourner en permanence. C'est un matériel de dépannage. Mais depuis samedi dernier la morgue a été raccordée sur une nouvelle cabine électrique. Aussi allons-nous pouvoir installer le nouveau matériel », a-t-il assuré.

S'agissant de l'épidémie de choléra, celle-ci est considérée à l'origine de nombreux cas de décès et de cette recrudescence de corps à la morgue, mais cette thèse a été niée par Jean-Pierre Michel Nzondo. « Sur les 424 cas de choléra reçus depuis le retour de l'épidémie, il n'y a eu que 12 cas de décès recensés et déjà enterrés, dont un seul est à la morgue », a déclaré le directeur départemental de la Santé. Et à propos des éventuelles épidémies redoutées par la population, qui pourraient être provoquées par les corps en décomposition ainsi que les odeurs, il a rassuré l'auditoire : « La morgue travaille toujours avec les services d'hygiène et depuis qu'il y a cette situation ils ont intensifié les opérations de désinfection. »

Réagissant aux propos de Paul Ngababa, Jean-Claude Mabiala, président de l'Association de défense des droits des consommateurs du Congo (ADDC), comme bon nombre de Ponténégrins, a estimé que le problème de courant évoqué par celui-ci, était une fausse raison. Dans une ville où les coupures d'électricité et les délestages sont fréquents, les populations n'acceptent pas le fait qu'une structure comme la morgue ne dispose pas d'un groupe électrogène puissant, qui puisse aussitôt prendre la relève en cas de coupure.

Selon Patrice Ngatali, il ne reste plus que le problème des poubelles qui trouvera très bientôt une solution. Problème que les populations estiment être un prétexte. Line, une jeune Ponténégrine, s'interroge : « Cela fait longtemps que ces poubelles sont là, elles n'ont jamais dérangé à ce point. Pourquoi cela arrive-t-il juste au moment où il y a des problèmes à la morgue ? »

Une nouvelle morgue à Pointe-Noire

Pour apaiser les inquiétudes de la population, Paul Ngababa a annoncé l'acquisition d'un nouveau matériel et les travaux d'agrandissement en cours, sur le même site, d'une nouvelle morgue qui sera inaugurée au courant de l'année. Un fait qui a étonné Stanislas, du fait que l'on pense seulement maintenant à agrandir la morgue malgré les catastrophes vécues dans les départements du Kouilou et de Pointe-Noire. Il s'est indigné : « Nous avons connu des catastrophes ferroviaires, le crash de Kitoko et mêmes des épidémies de poliomyélite et de choléra, mais cette morgue est restée telle quelle, pas d'innovation, si ce n'est l'augmentation des frais à payer pour les formalités. Il a fallu qu'on arrive à cette situation pour qu'on pense chercher à accélérer les travaux de construction de la nouvelle morgue, entamés depuis longtemps. »

Les populations suggèrent une morgue municipale

Tenant compte de la situation et des autres faits reprochés à la Sosep, nombreux sont ceux qui estiment que la mairie devrait prendre en main la gestion de la morgue de Pointe-Noire comme c'est le cas à Brazzaville. Un souhait appuyé par Jean-Claude Mabiala : « À Brazzaville, la morgue appartient à la mairie. On peut faire la même chose à Pointe-Noire. Cela permettra, dans certaines circonstances, de faire du social, ce qui n'est pas le cas actuellement. »

Pour lutter contre l'abandon des corps à la morgue par les familles, Jean-Claude Mabiala, ainsi que de nombreux Ponténégrins, suggèrent que les frais à payer pour les formalités soient revus à la baisse. « Le cadavre coûte cher à tel point que certaines familles démunies abandonnent les corps des leurs. Plus le corps met du temps à la morgue plus les frais augmentent. Il faut ajouter à cela toutes les autres taxes ainsi que les frais d'achat du cercueil que les familles sont obligées d'acheter à la morgue. Il faut baisser tous ces frais pour permettre aux familles d'enterrer les leurs dans de bonnes conditions sans se ruiner », souhaite Toussaint.

Lucie Prisca Condhet

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