
Ses convictions politiques sont bien connues des internautes congolais qu’il a souvent abreuvés des points de vue et des criques à l’égard des autorités congolaises. Présent sur tous les fronts, Eric Mampouya était devenu en quelques années le porte-voix des sans voix, critiquant sans retenue tout ce qui n’allait pas au Congo. Son pays qu’il a toujours chéri et qu’il a décidé de retrouver après 33 ans de vie en France. Ce militant politique atypique a accepté de nous éclairer sur sa démarche et de nous livrer ses points de vue sur des questions d’actualité sociale et culturelle.
Starducongo.com : Maintenant que vous êtes installé à Brazzaville, comment vous sentez-vous ?
Patrick Eric Mampouya: Depuis que je suis installé à Brazzaville, je me sens bien mieux dans ma peau, cohérent avec mon discours et surtout mon slogan, c’est le moins que je puisse dire. Nous sommes nombreux à avoir notre pays le Congo dans nos gènes et pour moi, consacrer entièrement ma vie à mon pays en y résidant, après avoir travaillé pendant 33 ans pour la France, est très exaltant. Je ne me considère plus comme un donneur de leçon, je vis quotidiennement la mauvaise gouvernance et le déni de droit. Rien ne remplace le terrain…
Starducongo.com : Hormis vos convictions politiques, que pensez-vous de la situation sociale au Congo?
La situation sociale au Congo est catastrophique, pas besoin d’être grand clerc pour le constater; on se demande même s’il y a un gouvernement et si celui-ci a une politique sociale. Le sentiment d’abandon est total surtout quand on n’habite pas les grandes agglomérations. Ceux qui gèrent notre pays ne font que colmater les brèches avec de la mauvaise rustine; ils courent après les catastrophes pour essayer d’en atténuer les effets. Aucune politique de prévention et quand les catastrophes se produisent, c’est toujours « la faute à pas de chance », le bouc émissaire idéal.
Le seul amortisseur social au Congo, c’est le business de la charité, entendez par là les innombrables associations, les fondations, les bienfaiteurs et les églises de réveil vers lesquelles les gens se tournent quand ils ne peuvent plus s’assumer ou se prendre en charge.
Comme vous le savez l’informel ou la débrouille est le plus grand employeur du pays et cela semble bien arranger les gouvernants puisque rien n’est fait de concret pour endiguer ce phénomène. Le plus grand échec de ceux qui gouvernent le Congo c’est de ne pas avoir réussi à mettre en place les conditions nécessaires pour que les investisseurs puissent créer des emplois stables malgré les nombreux potentiels du pays, or sans emplois on ne peut pas initier une politique sociale digne de ce nom.
…………………………..
Le seul amortisseur social au Congo,
C’est le business de la charité.
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Starducongo.com : Vous êtes très proche du ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et de l'Alphabétisation, Hellot Matson Mampouya. Quel est justement votre avis sur le système d’éducation au Congo ? Que pensez-vous de la grève qui paralyse le secteur de l’enseignement ?
Je ne suis pas un proche du ministre Hellot Matson Mampouya; je suis un militant parmi les militants de la dynamique que le frère Hellot Matson Mampouya a créée pour restaurer les valeurs du MCDDI dans le paysage politique de notre pays. Pour être encore plus clair, je dirais que les hommes passent et trépassent, les idéaux restent. Les idéaux qui sont les miens sont incarnés, représentés et défendus actuellement par le frère Hellot Matson Mampouya. Voilà pourquoi je le soutiens.
Que celui-ci soit membre du gouvernement m’importe peu ; chacun sait qu’un gouvernement est une équipe.
On peut être solidaire et membre d’une équipe sans en partager toutes les dérives, de même dans tous les groupes ou partis il y a des courants et des divergences. Je ne vois donc pas où est le problème sur le fait que je soutienne tel homme plutôt que tel autre. Si je ne peux pas exprimer mes points de vue dans tel groupe ou dans tel autre groupe, j’en tirerais les conséquences et je l’ai souvent fait.
A propos du système d’éducation ou plutôt de l’enseignement et de l’apprentissage tout est à refaire. Ce n’est pas un crime que faire ce constat. Notre pays formait dans les années 70 les meilleurs cadres de l’Afrique centrale, aujourd’hui quand on voit le niveau scolaire des étudiants licenciés au Congo Brazzaville, on tombe de très haut.
Quant aux enseignants en grève, je ne vois vraiment pas ce qu’on leur reproche. La grève est un droit constitutionnel, toute corporation doit lutter pour ses droits et ce corps de métier est maltraité dans notre pays depuis des années, je pense qu’ils ont été trop patients.
Pourtant tout le monde est formel sur le fait que le problème numéro un de l’éducation dans notre pays est le manque d’enseignants et de formateurs. Ce n’est pas en mettant les enseignants qui veulent améliorer leurs conditions de vie dans des prisons que le Congo deviendra un pays émergent bien au contraire.
Tous les dirigeants qui aiment et pensent à l’avenir de leur pays mettent des moyens financiers importants dans l’enseignement, l’éducation et la formation car il n’y a pas de meilleur investissement.
Investir dans l’éducation, c’est investir dans l’intelligence qui est une ressource inépuisable; c’est ce que font tous les pays occidentaux et émergents. Ce n’est pas une année qu’il aurait fallu décréter comme « année de l’enseignement » c’est une décennie. Pour que l’enseignement retrouve le niveau qu’il avait dans notre pays pendant les années 70, il faut un effort financier important et continu pendant au moins 10 ans. Je soutiens les enseignants et j’espère qu’ils obtiendront tout ce qu’ils exigent malgré les difficultés et les pressions auxquelles ils sont soumis. Le Congo a les moyens financiers pour répondre aux doléances des enseignants.
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Les idéaux qui sont les miens sont incarnés, représentés
Et défendus actuellement par le frère Hellot Matson Mampouya
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Starducongo.com : Quel est votre regard sur la scène culturelle congolaise actuelle ? Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des artistes?
Mon regard sur la scène culturelle congolaise est très limité, ce qui veut dire que je ne la connais pas très bien. Je suis quelqu’un d’engagé; un vrai militant engagé politiquement, ma référence reste Franklin Boukaka et j’aimerais voir émerger un artiste de sa dimension. Il me semble que ceux qui tiennent le haut du pavé culturel congolais, (je veux parler de ceux qui sont connus à l’international) se consacrent plus à leur art et à leur notoriété qu’à la situation misérable de notre peuple. Je ne comprendrais jamais les gens qui se disent apolitiques pour ne pas s’engager, en fait c’est une bonne excuse pour botter en touche. Je suis de ceux qui pensent que tout est politique.
Mais je ne veux surtout pas me mettre à dos les artistes, j’ai déjà assez de personnes qui me détestent au Congo et dans la diaspora.
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Mes rapports avec “Ma Diaspora” ne sont plus ce qu'ils étaient du fait que
Certains membres de cette diaspora avaient placé beaucoup de leurs fantasmes sur moi
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Starducongo.com : Depuis votre retour au pays, il semblerait que vos rapports avec la diaspora congolaise se soient détériorés. Pourriez-vous nous éclairer sur cette question ?
En fait, entre la diaspora et moi c’est comme dans un divorce d’amour passionnel. Mes rapports avec la diaspora, “Ma Diaspora” ne sont pas bons actuellement, certains membres de cette diaspora avaient placé leurs attentes et surtout de leurs fantasmes sur moi et, ils ne comprennent pas qu’aujourd’hui je puisse militer aux cotés de Hellot Matson Mampouya qui est membre du gouvernement. Ceux de la Diaspora que je nomme par « les cafards » ont décidé de me pourrir la vie en inventant des histoires abracadabrantes pour me discréditer et me déstabiliser.
Cette Diaspora qui m’insulte ne me connait pas même à travers Internet, quand je m’explique auprès de ceux qui m’ont approché, ils comprennent parfaitement ma position actuelle même s’ils ne la partagent pas.
J’aime l’action, souvent je préfère l’action au verbe, avec l’action on voit de suite les résultats bons ou mauvais. Par moments j’agis même avant de réfléchir et, j’ai toujours plusieurs scénarios dans mon sac en commençant par le scénario du pire. Quand une stratégie ne fonctionne pas, il faut la changer le plus vite possible au risque de se dédire. C’est ma manière de fonctionner.
Pendant 6 ans j’étais sur tous les fronts, sur Internet bien sûr, mais aussi et surtout sur le terrain, des manifestations, des meetings en salle, des focus, des rencontres avec des organisations étrangères, des officiels étrangers, des journalistes, etc. J’avais même failli participer au tournage d’un film sur la vie de Denis SASSOU NGUESSO.
Pendant ces moments de lutte tous azimuts, on ne voyait nulle part toutes les personnes qui m’insultent aujourd’hui. Pour la plupart, ils écrivent en se cachant derrière des pseudos et vous expliquent crânement qu’ils sont les combattants de l’ombre. Ce sont pour moi des cafards sans intérêt.
Je n’ai aucun respect pour des personnes qui rasent les murs et se cachent derrière leur petit doigt en vous expliquant qu’ils pensent comme vous et qu’ils vous soutiennent moralement; idem pour les théoriciens, les érudits qui croient tout savoir et les commentateurs de la politique congolaise qui se prennent pour des résistants. Si quelqu’un avait la bonne clé pour que le Congo soit ce dont nous rêvons tous, ça se saurait; pour l’instant, nous devons tous être modestes surtout face à ceux qui sont au front à Brazzaville.
Nous étions bien seuls quand nous nous retrouvions pendant les manifestations à Paris, où étaient toutes ces personnes qui disent aimer le Congo sans jamais prendre de risque ? Le risque majeur pour une personne qui prend des initiatives, c’est la possibilité de se tromper. Je ne peux pas me résoudre à être spectateur ou commentateur et à ne prendre aucune initiative sur ce qui se passe dans mon pays pour ne pas me tromper. C’est aussi à cause ou grâce à cela que je me suis résolu à venir m’installer à Brazzaville.
J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour la grande dame de Birmanie Aung San Suu Kyi qui a réussi à imposer pacifiquement la démocratie dans son pays. Se faisant souvent volé les victoires électorales, en résidence surveillée pendant des années, elle a lutté pied à pied à l’intérieur de son pays pour obtenir des avancées démocratiques jusqu’à ce que le régime s’effondre face à l’évidence. Chapeau Madame !
………………………………………
Que Mme Edith ITOUA obtienne le droit de vote des congolais
De la Diaspora. ça serait une grande avancée démocratique pour notre pays.
………………………………………………………….............................................................
Certains compatriotes pensent que je suis idiot, inconscient, fou, aigri, jaloux. D’autres disent que je n’ai aucune maturité politique, que je suis une girouette instable, un « boukouteur », etc. Moi, je réponds que peu importe, laissons l’histoire juger chacune de nos actions. Ceux qui me connaissent vraiment pour avoir travaillé avec moi savent que je ne corresponds à aucun de ces qualificatifs, le plus important est ce qu’on fait, les actes qu’on réalise. Le verbiage et les bons sentiments m’importent peu.
J’ai marqué la Diaspora par mes actions tous azimuts et c’est aussi pour cela que leur rancœur à mon égard est violente. Je les comprends. Aujourd’hui, je suis certain que c’est ici à Brazzaville que je dois être et, si d’aventure celui que je soutiens ne veut plus de moi ou me déçoit, je trouverai un autre cheval de bataille pour faire avancer mes convictions.
Starducongo.com : Mme Edith Itoua a récemment été nommée à la tête du Département des Congolais de la Diaspora, par le Président de la République. En tant qu’ancien membre de la diaspora, quels conseils lui donneriez-vous ?
Je ne suis pas un donneur de conseil, mais je lui ferais plutôt une suggestion qui pourrait contredire l’inutilité de ce Département. Que Mme Edith ITOUA puisse obtenir de celui qui l’a nommé le droit de vote des Congolais de la Diaspora, ça serait une grande avancée démocratique pour notre pays.
Pour tout le reste, je pense que la Diaspora congolaise qui a vécu pendant de nombreuses années sans ce département sait se débrouiller.
Propos recueillis par Alain BOUITHY
alainbouithy@starducongo.com
Starducongo.com : Maintenant que vous êtes installé à Brazzaville, comment vous sentez-vous ?
Patrick Eric Mampouya: Depuis que je suis installé à Brazzaville, je me sens bien mieux dans ma peau, cohérent avec mon discours et surtout mon slogan, c’est le moins que je puisse dire. Nous sommes nombreux à avoir notre pays le Congo dans nos gènes et pour moi, consacrer entièrement ma vie à mon pays en y résidant, après avoir travaillé pendant 33 ans pour la France, est très exaltant. Je ne me considère plus comme un donneur de leçon, je vis quotidiennement la mauvaise gouvernance et le déni de droit. Rien ne remplace le terrain…
Starducongo.com : Hormis vos convictions politiques, que pensez-vous de la situation sociale au Congo?
La situation sociale au Congo est catastrophique, pas besoin d’être grand clerc pour le constater; on se demande même s’il y a un gouvernement et si celui-ci a une politique sociale. Le sentiment d’abandon est total surtout quand on n’habite pas les grandes agglomérations. Ceux qui gèrent notre pays ne font que colmater les brèches avec de la mauvaise rustine; ils courent après les catastrophes pour essayer d’en atténuer les effets. Aucune politique de prévention et quand les catastrophes se produisent, c’est toujours « la faute à pas de chance », le bouc émissaire idéal.
Le seul amortisseur social au Congo, c’est le business de la charité, entendez par là les innombrables associations, les fondations, les bienfaiteurs et les églises de réveil vers lesquelles les gens se tournent quand ils ne peuvent plus s’assumer ou se prendre en charge.
Comme vous le savez l’informel ou la débrouille est le plus grand employeur du pays et cela semble bien arranger les gouvernants puisque rien n’est fait de concret pour endiguer ce phénomène. Le plus grand échec de ceux qui gouvernent le Congo c’est de ne pas avoir réussi à mettre en place les conditions nécessaires pour que les investisseurs puissent créer des emplois stables malgré les nombreux potentiels du pays, or sans emplois on ne peut pas initier une politique sociale digne de ce nom.
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Le seul amortisseur social au Congo,
C’est le business de la charité.
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Starducongo.com : Vous êtes très proche du ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et de l'Alphabétisation, Hellot Matson Mampouya. Quel est justement votre avis sur le système d’éducation au Congo ? Que pensez-vous de la grève qui paralyse le secteur de l’enseignement ?
Je ne suis pas un proche du ministre Hellot Matson Mampouya; je suis un militant parmi les militants de la dynamique que le frère Hellot Matson Mampouya a créée pour restaurer les valeurs du MCDDI dans le paysage politique de notre pays. Pour être encore plus clair, je dirais que les hommes passent et trépassent, les idéaux restent. Les idéaux qui sont les miens sont incarnés, représentés et défendus actuellement par le frère Hellot Matson Mampouya. Voilà pourquoi je le soutiens.
Que celui-ci soit membre du gouvernement m’importe peu ; chacun sait qu’un gouvernement est une équipe.
On peut être solidaire et membre d’une équipe sans en partager toutes les dérives, de même dans tous les groupes ou partis il y a des courants et des divergences. Je ne vois donc pas où est le problème sur le fait que je soutienne tel homme plutôt que tel autre. Si je ne peux pas exprimer mes points de vue dans tel groupe ou dans tel autre groupe, j’en tirerais les conséquences et je l’ai souvent fait.
A propos du système d’éducation ou plutôt de l’enseignement et de l’apprentissage tout est à refaire. Ce n’est pas un crime que faire ce constat. Notre pays formait dans les années 70 les meilleurs cadres de l’Afrique centrale, aujourd’hui quand on voit le niveau scolaire des étudiants licenciés au Congo Brazzaville, on tombe de très haut.
Quant aux enseignants en grève, je ne vois vraiment pas ce qu’on leur reproche. La grève est un droit constitutionnel, toute corporation doit lutter pour ses droits et ce corps de métier est maltraité dans notre pays depuis des années, je pense qu’ils ont été trop patients.
Pourtant tout le monde est formel sur le fait que le problème numéro un de l’éducation dans notre pays est le manque d’enseignants et de formateurs. Ce n’est pas en mettant les enseignants qui veulent améliorer leurs conditions de vie dans des prisons que le Congo deviendra un pays émergent bien au contraire.
Tous les dirigeants qui aiment et pensent à l’avenir de leur pays mettent des moyens financiers importants dans l’enseignement, l’éducation et la formation car il n’y a pas de meilleur investissement.
Investir dans l’éducation, c’est investir dans l’intelligence qui est une ressource inépuisable; c’est ce que font tous les pays occidentaux et émergents. Ce n’est pas une année qu’il aurait fallu décréter comme « année de l’enseignement » c’est une décennie. Pour que l’enseignement retrouve le niveau qu’il avait dans notre pays pendant les années 70, il faut un effort financier important et continu pendant au moins 10 ans. Je soutiens les enseignants et j’espère qu’ils obtiendront tout ce qu’ils exigent malgré les difficultés et les pressions auxquelles ils sont soumis. Le Congo a les moyens financiers pour répondre aux doléances des enseignants.
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Les idéaux qui sont les miens sont incarnés, représentés
Et défendus actuellement par le frère Hellot Matson Mampouya
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Starducongo.com : Quel est votre regard sur la scène culturelle congolaise actuelle ? Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des artistes?
Mon regard sur la scène culturelle congolaise est très limité, ce qui veut dire que je ne la connais pas très bien. Je suis quelqu’un d’engagé; un vrai militant engagé politiquement, ma référence reste Franklin Boukaka et j’aimerais voir émerger un artiste de sa dimension. Il me semble que ceux qui tiennent le haut du pavé culturel congolais, (je veux parler de ceux qui sont connus à l’international) se consacrent plus à leur art et à leur notoriété qu’à la situation misérable de notre peuple. Je ne comprendrais jamais les gens qui se disent apolitiques pour ne pas s’engager, en fait c’est une bonne excuse pour botter en touche. Je suis de ceux qui pensent que tout est politique.
Mais je ne veux surtout pas me mettre à dos les artistes, j’ai déjà assez de personnes qui me détestent au Congo et dans la diaspora.
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Mes rapports avec “Ma Diaspora” ne sont plus ce qu'ils étaient du fait que
Certains membres de cette diaspora avaient placé beaucoup de leurs fantasmes sur moi
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Starducongo.com : Depuis votre retour au pays, il semblerait que vos rapports avec la diaspora congolaise se soient détériorés. Pourriez-vous nous éclairer sur cette question ?
En fait, entre la diaspora et moi c’est comme dans un divorce d’amour passionnel. Mes rapports avec la diaspora, “Ma Diaspora” ne sont pas bons actuellement, certains membres de cette diaspora avaient placé leurs attentes et surtout de leurs fantasmes sur moi et, ils ne comprennent pas qu’aujourd’hui je puisse militer aux cotés de Hellot Matson Mampouya qui est membre du gouvernement. Ceux de la Diaspora que je nomme par « les cafards » ont décidé de me pourrir la vie en inventant des histoires abracadabrantes pour me discréditer et me déstabiliser.
Cette Diaspora qui m’insulte ne me connait pas même à travers Internet, quand je m’explique auprès de ceux qui m’ont approché, ils comprennent parfaitement ma position actuelle même s’ils ne la partagent pas.
J’aime l’action, souvent je préfère l’action au verbe, avec l’action on voit de suite les résultats bons ou mauvais. Par moments j’agis même avant de réfléchir et, j’ai toujours plusieurs scénarios dans mon sac en commençant par le scénario du pire. Quand une stratégie ne fonctionne pas, il faut la changer le plus vite possible au risque de se dédire. C’est ma manière de fonctionner.
Pendant 6 ans j’étais sur tous les fronts, sur Internet bien sûr, mais aussi et surtout sur le terrain, des manifestations, des meetings en salle, des focus, des rencontres avec des organisations étrangères, des officiels étrangers, des journalistes, etc. J’avais même failli participer au tournage d’un film sur la vie de Denis SASSOU NGUESSO.
Pendant ces moments de lutte tous azimuts, on ne voyait nulle part toutes les personnes qui m’insultent aujourd’hui. Pour la plupart, ils écrivent en se cachant derrière des pseudos et vous expliquent crânement qu’ils sont les combattants de l’ombre. Ce sont pour moi des cafards sans intérêt.
Je n’ai aucun respect pour des personnes qui rasent les murs et se cachent derrière leur petit doigt en vous expliquant qu’ils pensent comme vous et qu’ils vous soutiennent moralement; idem pour les théoriciens, les érudits qui croient tout savoir et les commentateurs de la politique congolaise qui se prennent pour des résistants. Si quelqu’un avait la bonne clé pour que le Congo soit ce dont nous rêvons tous, ça se saurait; pour l’instant, nous devons tous être modestes surtout face à ceux qui sont au front à Brazzaville.
Nous étions bien seuls quand nous nous retrouvions pendant les manifestations à Paris, où étaient toutes ces personnes qui disent aimer le Congo sans jamais prendre de risque ? Le risque majeur pour une personne qui prend des initiatives, c’est la possibilité de se tromper. Je ne peux pas me résoudre à être spectateur ou commentateur et à ne prendre aucune initiative sur ce qui se passe dans mon pays pour ne pas me tromper. C’est aussi à cause ou grâce à cela que je me suis résolu à venir m’installer à Brazzaville.
J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour la grande dame de Birmanie Aung San Suu Kyi qui a réussi à imposer pacifiquement la démocratie dans son pays. Se faisant souvent volé les victoires électorales, en résidence surveillée pendant des années, elle a lutté pied à pied à l’intérieur de son pays pour obtenir des avancées démocratiques jusqu’à ce que le régime s’effondre face à l’évidence. Chapeau Madame !
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Que Mme Edith ITOUA obtienne le droit de vote des congolais
De la Diaspora. ça serait une grande avancée démocratique pour notre pays.
………………………………………………………….............................................................
Certains compatriotes pensent que je suis idiot, inconscient, fou, aigri, jaloux. D’autres disent que je n’ai aucune maturité politique, que je suis une girouette instable, un « boukouteur », etc. Moi, je réponds que peu importe, laissons l’histoire juger chacune de nos actions. Ceux qui me connaissent vraiment pour avoir travaillé avec moi savent que je ne corresponds à aucun de ces qualificatifs, le plus important est ce qu’on fait, les actes qu’on réalise. Le verbiage et les bons sentiments m’importent peu.
J’ai marqué la Diaspora par mes actions tous azimuts et c’est aussi pour cela que leur rancœur à mon égard est violente. Je les comprends. Aujourd’hui, je suis certain que c’est ici à Brazzaville que je dois être et, si d’aventure celui que je soutiens ne veut plus de moi ou me déçoit, je trouverai un autre cheval de bataille pour faire avancer mes convictions.
Starducongo.com : Mme Edith Itoua a récemment été nommée à la tête du Département des Congolais de la Diaspora, par le Président de la République. En tant qu’ancien membre de la diaspora, quels conseils lui donneriez-vous ?
Je ne suis pas un donneur de conseil, mais je lui ferais plutôt une suggestion qui pourrait contredire l’inutilité de ce Département. Que Mme Edith ITOUA puisse obtenir de celui qui l’a nommé le droit de vote des Congolais de la Diaspora, ça serait une grande avancée démocratique pour notre pays.
Pour tout le reste, je pense que la Diaspora congolaise qui a vécu pendant de nombreuses années sans ce département sait se débrouiller.
Propos recueillis par Alain BOUITHY
alainbouithy@starducongo.com
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