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Cette femme connaît son business : Cynthia Jadot

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Cette femme connaît son business : Cynthia Jadot
Il y a trois ans, Cynthia Jadot, une jeune congolaise de 30 ans, a lancé Valea&Cy, une boutique de vêtements prêt-à-porter, à Goma, en République démocratique du Congo. Depuis, elle a ouvert deux autres boutiques à Kinshasa et à Lubumbashi.

Comment as-tu démarré ton entreprise à Goma ?

J'ai fini mes études secondaires ici et après je suis partie étudier en Belgique, où j'ai obtenu un diplôme de droit commercial. Après l'université j'ai cherché du boulot, j'ai eu quelques propositions, mais c'était du travail de bureau et je n'avais pas envie de ça. J'avais envie de faire quelque chose de plus personnel, d'un retour aux sources, et donc j'ai décidé de revenir à Goma. J'ai ouvert un magasin de prêt-à-porter en ville. Je me suis lancée sans rien au départ, à part mon diplôme, et sans trop savoir ce que cela allait donner.

Tu penses que tes études t’ont aidé ?

Je pense que d'avoir été formée en Europe, ça aide à voir les choses différemment. J'ai voyagé, j'ai vu comment les choses évoluent ailleurs. L'occident c'est une autre mentalité. Cela m'a donné de l'ambition aussi. Après Goma, j'ai ouvert des boutiques ailleurs au Congo, à Kinshasa, et récemment à Lubumbashi. J'essaie de grandir.

Est-ce que tu as eu besoin d'un apport financier au départ ?

Quand on démarre, ce n'est pas simple. Il faut avoir un capital. Moi j'ai eu la chance d'avoir des parents qui peuvent m'aider pour démarrer. Sans ça c'est quasi impossible, parce qu'au Congo il n'y a pas de prêts par les banques. Il y a des petites coopératives qui aident un peu avec des petites sommes, mais vraiment les conditions de base des prêts sont difficiles. Il faut pouvoir hypothéquer une maison par exemple, et tout le monde n'a pas les moyens. C'est vraiment le premier obstacle à l’entrepreneuriat au Congo. Je rencontre pleins de femmes qui ont de l'ambition, mais elles n'ont pas les moyens de base pour commencer. C'est dommage. Si le gouvernement pouvait aider les femmes à se lancer, s'il y avait un système bancaire qui fonctionnait correctement, les choses seraient différentes.

Quelle est ta clientèle ?

Je vends du prêt-à-porter masculin et féminin, des vêtements que j'achète surtout en Europe et que je revends ici. C'est de la marchandise de qualité donc cela a un coût. J'ai un peu tous les prix, mais c'est sûr que ce sont surtout des personnes qui veulent un certain standing.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour toi ?

Se lancer dans un pays avec tellement de problèmes. Je me suis demandée si je ne faisais pas une bêtise. Se lancer dans le vide, dans un pays en Afrique où il y a la guerre, où il y a des problèmes sécuritaires importants, sans savoir si cela va vraiment marcher, c'est cela qui m'a effrayé au départ. Mais j'ai voulu aussi passer à travers ça et dire qu'on peut aussi créer d'autres choses à coté de tout ce qu'on peut entendre sur le Congo, surtout sur Goma...

Et au contraire, qu'est-ce qui est le plus satisfaisant pour toi ?

Ma première satisfaction est de pouvoir dire que j'ai essayé, que je me suis lancée et que j'ai réussi, même si j'ai encore beaucoup de choses à accomplir. Je suis aussi fière d'être revenue chez moi après tant de temps en Europe. Avec cette envie de créer une société, j'ai aussi créé de l'emploi, ça aussi c'est une satisfaction de savoir que des gens ont du boulot grâce à moi.

Comment vois-tu l'avenir, les prochaines tendances de business à Goma ?

Malgré tout ce qu'on peut entendre, il y a tellement de potentiel à Goma et au Congo en général! Il y tant de choses à faire ici, c'est un terrain vierge. J'encourage les gens à oser, même si au départ il y a beaucoup d'incertitude. Il n'y rien, entre guillemets, sur place, donc il faut tout créer. C'est ça le problème et l'avantage du Congo. Quand j'ai ouvert ma boutique à Kinshasa, j'ai hésité parce qu'il y a déjà tellement de magasins.

Est-ce que le fait que tu sois une femme a été un handicap ?

Tout le monde sait que quand tu es une femme au Congo, en Afrique, tu es immédiatement décrédibilisée. On te dit non. Mais moi je me suis dit : je suis une femme et je suis autant capable qu'un homme. Dans l'habillement, ça n'a pas trop joué parce que c'est un domaine typiquement féminin. Mais quand je me suis lancée dans la politique, j'ai senti le handicap d'être une femme.

Tu étais candidate à la députation nationale en 2011, pourquoi ?

Je suis de Goma, j'ai grandi ici et après 6 ans en Europe, quand je suis revenue ouvrir mon entreprise, cela m'a révolté. C'est une politique sociale que je voulais faire, de soutient de la population. Ça n'a pas marché cette fois, mais j'espère que dans trois ans ça ira!

La campagne a été difficile ?

C'était difficile dans le sens où je devais prouver, plus que les hommes, ce que je vaux. La plupart des gens me disaient que je suis trop jeune, que je suis une femme, que ce n'est pas ma place. Mais le contact avec les gens et la confiance qu'ils m'ont donné, ça c'était vraiment un plaisir.

Par Mélanie Gouby, à Goma

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