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Lorsque le président de la République avait pris l’engagement solennel de proclamer la gratuité des pièces administratives, s’avait-il que déjà, avec un coût officiel de 41.000 F Cfa, le passeport congolais était déjà difficilement disponible? Ceux qui pouvaient en disposer, dans les meilleurs délais, n’avaient pas seulement des connaissances utiles dans les services de la direction de l’émigration, mais ils étaient souvent capables de débourser entre 100 à 150 mille francs Cfa pour se faire établir un passeport.
Parmi ceux qui n’avaient pas de relations ou de connaissances, les plus chanceux finissaient quand même par avoir leur passeport, mais après au moins 4 à 5 mois d’attente.
Oui, il faut le reconnaître, les passeports «normaux» sortaient aussi, puisqu’il arrivait que les responsables de cette structure en signent deux ou trois, de temps en temps, pour se donner bonne conscience. Depuis donc l’annonce de la gratuité, les choses se sont davantage compliquées. Et comment donc?
1- La plupart des Congolais voulaient avoir leur passeport à la maison. Même ceux qui n’avaient aucune intention de voyager hors du pays, ni maintenant ni même dans cinq ans, se sont présentés en masse aux services de l’émigration, pour demander, voir exiger leur droit: obtenir, coûte que coûte, un passeport gratuit. Les couloirs de la préfecture se sont retrouvés noire de monde. Une confusion s’est installée. Chaque agent du service de l’émigration et de la préfecture (par proximité), a vite fait de constituer les dossiers des frères, amies, femmes, enfants, tantes, grands-parents et autres cousins, pour se faire établir des passeports gratuits. Les premiers arrivés ont été servis et surtout ceux qui n’en avaient réellement pas besoin dans l’immédiat. En voulant rendre concret cet engagement du chef de l’Etat, les services de l’émigration ont fonctionné, jusqu’à constater que les couloirs ne se désemplissaient pas, alors que les imprimés se vidaient.
2- Ceux qui avaient vraiment l’intention de voyager revenaient encore et toujours demander un nouveau passeport. Ayant à cœur le voyage, ils ne supportaient pas de recevoir le tampon des ambassades des pays membres des de l’espace Schengen qui, derrière la simple phrase «visa demandé le…» cachait une interdiction de délivrance de visa au détenteur du passeport portant ces écrits, pendant une certaine période. Alors, le plus simple, c’est de repartir à l’émigration, surtout que c’est gratuit et surtout que personne n’est capable, dans ces services de sécurité et de sûreté, de se souvenir d’un dossier sorti à peine deux mois. Tout le monde a compris que la traçabilité dans ces services semble ne pas être automatique. Jadis, lorsque quelqu’un venait demander la confection d’une nouvelle carte d’identité, alors qu’il est sensé en avoir un encours de validité, il lui était délivré systématiquement une attestation de perte, qui se faisait après une certaine enquête. En tout cas, pour le passeport, il suffit de se présenter avec un nouveau dossier et on se fait établir un nouveau passeport, alors qu’on en a déjà!
3- Les malades sont prioritaires. Il faut donc disposer d’un acte médical qui prouve que vous avez besoin de voyager, pour poursuivre les soins médicaux dans un autre pays. Beaucoup de demandeurs de passeports étaient devenus malades. Celui-ci a un excès de cholestérol et doit se faire opérer en urgence; celui-là devrait voir un cardiologue spécialisé, selon les prescriptions d’un autre cardiologue congolais, etc. Les vrais malades se sont retrouvés coincés, alors que les faux ont été servis et reviennent encore se faire servir.
On comprend que par ces trois types de présence (et il y en a d’autres j’en conviens), le directeur général de la surveillance de territoire ne savait plus où mettre la tête, pour respirer un jour, après avoir servi tous les demandeurs de passeports. Surtout qu’après avoir mis en mission le directeur de l’émigration, avec ordre de ne pas rentrer au Congo tant qu’il ne ramène pas un nombre considérable de «cartons», il en voit se volatiliser, en moins de deux mois, 126.000 sur les 144.000 personnes qu’il a reçues, après six mois d’attente! Une décision est vite prise. Elle est officieuse, car il n’existe aucune note administrative l’accompagnant, mais juste un ordre verbal: «Ne peut obtenir un passeport que celui qui dispose d’un titre de voyage payé». Non une réservation, mais un billet d’avion, déjà payé.
Les demandeurs se trouvent alors dans un cercle vicieux: pour acheter son billet, il faut avoir son visa, pour avoir un visa, il faut un passeport et maintenant, pour avoir un passeport, il faut un billet. Comment s’en sortir?
Paul DAH
Parmi ceux qui n’avaient pas de relations ou de connaissances, les plus chanceux finissaient quand même par avoir leur passeport, mais après au moins 4 à 5 mois d’attente.
Oui, il faut le reconnaître, les passeports «normaux» sortaient aussi, puisqu’il arrivait que les responsables de cette structure en signent deux ou trois, de temps en temps, pour se donner bonne conscience. Depuis donc l’annonce de la gratuité, les choses se sont davantage compliquées. Et comment donc?
1- La plupart des Congolais voulaient avoir leur passeport à la maison. Même ceux qui n’avaient aucune intention de voyager hors du pays, ni maintenant ni même dans cinq ans, se sont présentés en masse aux services de l’émigration, pour demander, voir exiger leur droit: obtenir, coûte que coûte, un passeport gratuit. Les couloirs de la préfecture se sont retrouvés noire de monde. Une confusion s’est installée. Chaque agent du service de l’émigration et de la préfecture (par proximité), a vite fait de constituer les dossiers des frères, amies, femmes, enfants, tantes, grands-parents et autres cousins, pour se faire établir des passeports gratuits. Les premiers arrivés ont été servis et surtout ceux qui n’en avaient réellement pas besoin dans l’immédiat. En voulant rendre concret cet engagement du chef de l’Etat, les services de l’émigration ont fonctionné, jusqu’à constater que les couloirs ne se désemplissaient pas, alors que les imprimés se vidaient.
2- Ceux qui avaient vraiment l’intention de voyager revenaient encore et toujours demander un nouveau passeport. Ayant à cœur le voyage, ils ne supportaient pas de recevoir le tampon des ambassades des pays membres des de l’espace Schengen qui, derrière la simple phrase «visa demandé le…» cachait une interdiction de délivrance de visa au détenteur du passeport portant ces écrits, pendant une certaine période. Alors, le plus simple, c’est de repartir à l’émigration, surtout que c’est gratuit et surtout que personne n’est capable, dans ces services de sécurité et de sûreté, de se souvenir d’un dossier sorti à peine deux mois. Tout le monde a compris que la traçabilité dans ces services semble ne pas être automatique. Jadis, lorsque quelqu’un venait demander la confection d’une nouvelle carte d’identité, alors qu’il est sensé en avoir un encours de validité, il lui était délivré systématiquement une attestation de perte, qui se faisait après une certaine enquête. En tout cas, pour le passeport, il suffit de se présenter avec un nouveau dossier et on se fait établir un nouveau passeport, alors qu’on en a déjà!
3- Les malades sont prioritaires. Il faut donc disposer d’un acte médical qui prouve que vous avez besoin de voyager, pour poursuivre les soins médicaux dans un autre pays. Beaucoup de demandeurs de passeports étaient devenus malades. Celui-ci a un excès de cholestérol et doit se faire opérer en urgence; celui-là devrait voir un cardiologue spécialisé, selon les prescriptions d’un autre cardiologue congolais, etc. Les vrais malades se sont retrouvés coincés, alors que les faux ont été servis et reviennent encore se faire servir.
On comprend que par ces trois types de présence (et il y en a d’autres j’en conviens), le directeur général de la surveillance de territoire ne savait plus où mettre la tête, pour respirer un jour, après avoir servi tous les demandeurs de passeports. Surtout qu’après avoir mis en mission le directeur de l’émigration, avec ordre de ne pas rentrer au Congo tant qu’il ne ramène pas un nombre considérable de «cartons», il en voit se volatiliser, en moins de deux mois, 126.000 sur les 144.000 personnes qu’il a reçues, après six mois d’attente! Une décision est vite prise. Elle est officieuse, car il n’existe aucune note administrative l’accompagnant, mais juste un ordre verbal: «Ne peut obtenir un passeport que celui qui dispose d’un titre de voyage payé». Non une réservation, mais un billet d’avion, déjà payé.
Les demandeurs se trouvent alors dans un cercle vicieux: pour acheter son billet, il faut avoir son visa, pour avoir un visa, il faut un passeport et maintenant, pour avoir un passeport, il faut un billet. Comment s’en sortir?
Paul DAH
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