Les deux généraux, Jean-Dominique Okemba et Norbert Dabira, cités comme témoins dans le procès sur l’affaire des explosions du 4 mars 2012, ont fait leurs témoignages à l’audience du samedi 17 août 2013, au palais de justice de Brazzaville. Le premier à passer à la barre est le vice-amiral Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du chef de l’Etat et secrétaire général du C.n.s (Conseil national de sécurité). Lorsqu’il est entré dans la salle d’audience, il a eu la courtoisie de saluer son ex-adjoint, le colonel Ntsourou.
A la barre, il a affirmé que son ex-adjoint avait rendu compte de son déplacement à l’Ecrrramu (Etablissement central des rechanges, des réparations, des réserves en armements et munitions), qui gérait le dépôt de munitions de l’ex-camp militaire de Mpila, sur l’avenue de l’Intendance, après les explosions du 4 mars, à la commission spéciale d’enquête qui avait été mise en place. «Mais, il s’était rendu sur les lieux (Ecrrramu), sans m’informer, sans me signaler. Il aurait pu instruire le directeur de la sécurité intérieure et extérieure. Mais, tel n’a pas été le cas», a-t-il précisé. Le colonel Ntsourou a-t-il eu un manquement à son devoir? «Oui, puisqu’il n’a pas avisé sa hiérarchie», a répondu Jean-Dominique Okemba. Mais d’où vient que votre adjoint soit arrêté dans cette affaire, sans que vous interveniez? Le secrétaire général du C.n.s a relevé que quand le drame s’est produit, son ex-adjoint n’a même pas songé à l’appeler. «Au cours des réunions, il devenait frileux et ne voulait plus répondre à mes questions. Alors que j’avais la mission de faire un éclairage sur ce drame. Bref, la communication était, en quelque sorte, coupée entre lui et moi», a-t-il dit. Le secrétaire général du C.n.s a-t-il toujours confiance en lui et de quoi la commission le suspectait-il? «A partir du moment où il bénéficie de la présomption d’innocence, il bénéficie encore de ma confiance. D’ailleurs, nous avons de très bons rapports», a fait savoir le vice-amiral Okemba. Et de poursuivre: «La commission a commencé à le suspecter, lorsqu’elle a reçu des informations pointilleuses sur ce qui s’était passé à l’Ecrrramu, à travers un élément qui travaille au sein de cet établissement. C’est ainsi que lorsqu’on a perquisitionné son domicile, on a retrouvé des armes chez lui, les armes qu’on lui avait demandé de collecter et de transférer dans les services spécialisés, mais qu’il a préféré garder illégalement chez lui». Le secrétaire général du C.n.s a reconnu que le colonel Ntsourou avait reçu mission de racheter les armes détenues encore par les ex-miliciens dans le département du Pool. Cependant, non seulement il n’a pas rendu compte à la hiérarchie de la fin de sa mission, mais encore il l’a poursuivie au-delà du temps prescrit, en gardant les armes chez lui. A ce niveau, le colonel Ntsourou a demandé la parole et a dit: «Le chef n’a peut-être plus bonne mémoire, mais l’opération de rachat des armes n’était pas arrêtée, puisqu’elle continuait avec l’Onu».
S’agissant des faux billets, le secrétaire général du C.n.s a reconnu que, là aussi, la mission lui avait été confiée de mener une enquête, pour démasquer le réseau de ceux qui en fabriquent. Mais, il n’a jamais rendu compte de sa mission et a gardé les faux billets chez lui.
Quant au motif de son arrestation, Jean-Dominique Okemba a indiqué qu’il laisse le soin à la commission d’enquête d’y répondre. Car pour lui, le colonel Ntsourou était arrêté pour des besoins d’enquête sur l’affaire du 4 mars 2012. Enfin, il a révélé que le colonel Ntsourou ne l’avait pas invité à son anniversaire, le samedi 3 mars 2012, le soir qui précédait le drame du dimanche 4 mars. Pourtant, à son niveau, il considère qu’il avait de bons rapports avec son ex-adjoint, quand il était encore en fonction.
Le général Norbert Dabira a témoigné en sa qualité d’inspecteur général des F.a.c (Forces armées congolaises) et de la gendarmerie nationale, à l’époque des faits. Son témoignage est accablant pour le ministre en charge de la défense et le chef d’Etat-major général des F.a.c, à cette époque. En effet, il a évoqué la dégradation des conditions au dépôt de munitions de l’Ecrrramu. Il y avait donc urgence à agir, car un drame pouvait subvenir. «La situation de l’Ecrrramu était grave et alarmante. Je l’avais déjà dit dans les rapports que j’envoyais au Ministère de la défense, au chef d’Etat-major général, pour les porter à la connaissance du haut-commandement. C’était en 2008, 2009 et 2010. Mais, tous ces rapports sont restés vains», a-t-il indiqué. Cette situation témoigne, indiscutablement, de l’inaction, de l’indifférence, de la négligence, de la lenteur ou de la léthargie qui caractérisent, souvent, l’attitude de ceux qui ont en charge les responsabilités publiques, au niveau administratif. Les dossiers traînent, les rapports pourrissent dans les tiroirs. Le général Dabira a conclu son témoignage par une prémonition pertinente: «Si on m’avait écouté, le drame du 4 mars serait évité». Après une telle déposition, le peuple peut alors, légitimement, se poser la question: qui est alors véritablement responsable du drame du 4 mars?
Joël NSONI
et Pascal-Azad DOKO
A la barre, il a affirmé que son ex-adjoint avait rendu compte de son déplacement à l’Ecrrramu (Etablissement central des rechanges, des réparations, des réserves en armements et munitions), qui gérait le dépôt de munitions de l’ex-camp militaire de Mpila, sur l’avenue de l’Intendance, après les explosions du 4 mars, à la commission spéciale d’enquête qui avait été mise en place. «Mais, il s’était rendu sur les lieux (Ecrrramu), sans m’informer, sans me signaler. Il aurait pu instruire le directeur de la sécurité intérieure et extérieure. Mais, tel n’a pas été le cas», a-t-il précisé. Le colonel Ntsourou a-t-il eu un manquement à son devoir? «Oui, puisqu’il n’a pas avisé sa hiérarchie», a répondu Jean-Dominique Okemba. Mais d’où vient que votre adjoint soit arrêté dans cette affaire, sans que vous interveniez? Le secrétaire général du C.n.s a relevé que quand le drame s’est produit, son ex-adjoint n’a même pas songé à l’appeler. «Au cours des réunions, il devenait frileux et ne voulait plus répondre à mes questions. Alors que j’avais la mission de faire un éclairage sur ce drame. Bref, la communication était, en quelque sorte, coupée entre lui et moi», a-t-il dit. Le secrétaire général du C.n.s a-t-il toujours confiance en lui et de quoi la commission le suspectait-il? «A partir du moment où il bénéficie de la présomption d’innocence, il bénéficie encore de ma confiance. D’ailleurs, nous avons de très bons rapports», a fait savoir le vice-amiral Okemba. Et de poursuivre: «La commission a commencé à le suspecter, lorsqu’elle a reçu des informations pointilleuses sur ce qui s’était passé à l’Ecrrramu, à travers un élément qui travaille au sein de cet établissement. C’est ainsi que lorsqu’on a perquisitionné son domicile, on a retrouvé des armes chez lui, les armes qu’on lui avait demandé de collecter et de transférer dans les services spécialisés, mais qu’il a préféré garder illégalement chez lui». Le secrétaire général du C.n.s a reconnu que le colonel Ntsourou avait reçu mission de racheter les armes détenues encore par les ex-miliciens dans le département du Pool. Cependant, non seulement il n’a pas rendu compte à la hiérarchie de la fin de sa mission, mais encore il l’a poursuivie au-delà du temps prescrit, en gardant les armes chez lui. A ce niveau, le colonel Ntsourou a demandé la parole et a dit: «Le chef n’a peut-être plus bonne mémoire, mais l’opération de rachat des armes n’était pas arrêtée, puisqu’elle continuait avec l’Onu».
S’agissant des faux billets, le secrétaire général du C.n.s a reconnu que, là aussi, la mission lui avait été confiée de mener une enquête, pour démasquer le réseau de ceux qui en fabriquent. Mais, il n’a jamais rendu compte de sa mission et a gardé les faux billets chez lui.
Quant au motif de son arrestation, Jean-Dominique Okemba a indiqué qu’il laisse le soin à la commission d’enquête d’y répondre. Car pour lui, le colonel Ntsourou était arrêté pour des besoins d’enquête sur l’affaire du 4 mars 2012. Enfin, il a révélé que le colonel Ntsourou ne l’avait pas invité à son anniversaire, le samedi 3 mars 2012, le soir qui précédait le drame du dimanche 4 mars. Pourtant, à son niveau, il considère qu’il avait de bons rapports avec son ex-adjoint, quand il était encore en fonction.
Le général Norbert Dabira a témoigné en sa qualité d’inspecteur général des F.a.c (Forces armées congolaises) et de la gendarmerie nationale, à l’époque des faits. Son témoignage est accablant pour le ministre en charge de la défense et le chef d’Etat-major général des F.a.c, à cette époque. En effet, il a évoqué la dégradation des conditions au dépôt de munitions de l’Ecrrramu. Il y avait donc urgence à agir, car un drame pouvait subvenir. «La situation de l’Ecrrramu était grave et alarmante. Je l’avais déjà dit dans les rapports que j’envoyais au Ministère de la défense, au chef d’Etat-major général, pour les porter à la connaissance du haut-commandement. C’était en 2008, 2009 et 2010. Mais, tous ces rapports sont restés vains», a-t-il indiqué. Cette situation témoigne, indiscutablement, de l’inaction, de l’indifférence, de la négligence, de la lenteur ou de la léthargie qui caractérisent, souvent, l’attitude de ceux qui ont en charge les responsabilités publiques, au niveau administratif. Les dossiers traînent, les rapports pourrissent dans les tiroirs. Le général Dabira a conclu son témoignage par une prémonition pertinente: «Si on m’avait écouté, le drame du 4 mars serait évité». Après une telle déposition, le peuple peut alors, légitimement, se poser la question: qui est alors véritablement responsable du drame du 4 mars?
Joël NSONI
et Pascal-Azad DOKO
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