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Sorel Eta, fondateur et manager du groupe «Ndima» : «La musique Aka fait partie du patrimoine de l’humanité»

Composé de peuples autochtones Aka, du département de la Likouala, le groupe Ndima a été fondé en 2003. Il a célébré ses dix ans d’existence, en décembre 2013. Evoquant ces années de vie artistique, samedi 15 février 2014, Sorel Eta, fondateur et manager de cet ensemble musical, a affirmé que la musique des Aka est en nette progression et intègre, désormais, la richesse immatérielle de l’humanité. Rencontre.
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Sorel Eta, fondateur et manager du groupe «Ndima» : «La musique Aka fait partie du patrimoine de l’humanité»
Sorel Eta, que dire des dix ans d’existence du groupe Ndima?

Je pense qu’on a fait du chemin. Personnellement, s’il faut situer les activités que nous avons tenues, je les situe par rapport à la création du groupe Ndima. L’année où le groupe a été créé (2003), c’est la même année où on a réalisé notre premier album. Avec notamment, le soutien de l’Unesco et du gouvernement japonais. Ma rencontre avec le groupe Ndima date de 1996. Les activités les plus importantes que nous avons organisées remontent à 2003. Suite à ces dernières, les gens qui ne s’intéressaient pas aux peuples autochtones se sont «réveillés». A partir de 2003, nous avons eu l’envie de persévérer. Des années après, on a réalisé notre deuxième album: «Makingo ma beeto baaka» (les voix des femmes Aka). En 2006, à la demande du ministre Henri Djombo, nous avons réalisé deux albums qui n’ont pas été mis sur le marché. Le groupe a, aussi, pris part à de nombreuses tournées. La première, en 2012, en France. En 2013, en Suisse, pour de nombreux spectacles. Et en 2014, on aura une autre tournée européenne. Il y a beaucoup de progrès. Je suis en train d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés: la promotion des valeurs des Aka, la sauvegarde de leur culture et la promotion du dialogue entre les Pygmées et les Bantous. Nous sommes le seul groupe «pygmées» congolais qui a produit des œuvres utilisées par les médias congolais.

Quels obstacles freinent la musique des Aka?

La difficulté, c’est l’influence du monde moderne sur cette musique très riche.Face à cette difficulté, je vais sensibiliser les Congolais sur la richesse de cette musique qu’il faut sauvegarder dans notre patrimoine culturel. Les populations autochtones pratiquent le contre-point. Un procédé de composition très complexe. En Afrique, il n’y a que les Pygmées et des peuples de l’Afrique australe qui l’utilisent. Au Congo, on fait de la polyphonie par mouvements parallèles.

Pourquoi le groupe Ndima est-il quasi-absent sur la scène musicale nationale?

On me l’a déjà dit. Mais ce n’est pas de notre faute. On ne nous invite pas quand il y a des activités locales. Le Centre culturel russe et l’Institut français du Congo, par ailleurs, nous ont déjà invités et nous avons répondu présent.

Comment expliquer «l’inexistence» du groupe Ndima au Fespam?

Si les organisateurs ne pensent pas à nous, que voulez-vous qu’on fasse. Peut-être qu’ils n’accordent pas de l’importance à notre musique. Ils ont leurs raisons. Et nous, on est obligé de nous faire valoir ailleurs. C’est vraiment regrettable. C’est à nous Congolais de valoriser notre musique. Le travail que je fais sur les Aka n’est pas pour mon bien, mais pour celui de l’humanité. Il dépasse même les frontières nationales. Ça fait partie du patrimoine culturel de l’humanité. Il faut que les autorités fassent tout pour préserver ce patrimoine culturel. Car, comme disait le professeur Simha Rom qui m’a encadré en Europe, «Les Pygmées savent, mais ils ne savent pas qu’ils savent».

Propos recueillis par
Hordel BIAKORO-MALONGA.

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