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Djo Balard : : « J’ai été un exemple et une source d’inspiration pour la jeunesse africaine »

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Maroc, (Starducongo.com) – Très en forme et visiblement heureux, Djo Balard n’a rien perdu de son charme, son élégance et son charisme. « Je suis le seul et l’unique roi de la sape » nous rappelle le roi de la sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes). L’homme à la célèbre Capobianco n’aurait-il pas l’intention d’abdiquer ? Sans doute! Pourtant, le chouchou des médias africains et hexagonaux de la décennie 80 était à Casablanca pour préparer un grand rendez-vous qui élira le meilleur sapeur de cette cité. Entretien avec la star de l’élégance et du bien raffiné.
Djo Balard : : « J’ai été un exemple et une source d’inspiration pour la jeunesse africaine »
Starducongo.com: Vous êtes à Casablanca depuis peu. Comment allez-vous ? Et qu’est-ce qui justifie votre présence en terre chérifienne?

Comme vous le constatez, je suis en pleine forme et je vais très bien.

Je suis venu Maroc en vue de préparer le Festival de la sape qui se teindra d’ici décembre à Casablanca et élira le meilleur sapeur de la ville. Je profite de votre média pour lancer une invitation à tous les sapeurs du Maroc désireux de participer à ce grand rendez-vous qui sera ouvert à l’ensemble des communautés africaines.

Etant donné que c’est la première fois qu’un tel événement sera organisé au Maroc, tout sera fait pour permettre aux jeunes Africains de s’exprimer plus librement et de prouver ce dont ils sont capables.
Je me souviens lorsqu’on a commencé dans les années 80, un défi avait été lancé pour élire le plus grand sapeur de la place de Paris. Il avait réuni tous les pays d’Afrique, chacun devrait vraiment se battre pour décrocher ce titre.

J’en parle parce que je souhaiterais que toutes les nationalités répondent présent et que ce jour-là, tous les Africains viennent représenter leur pays respectif. C’est donc un défi que je lance à tous les sapeurs du Maroc.

N’est pas sapeur qui veut. Est-ce facile aujourd’hui de respecter tous les codes qui régissent ce mouvement ?

La sape, c’est de savoir marier les couleurs. Quand bien même votre costume serait moins cher, le plus important c’est de connaître le tissu. Ce n’est donc pas une question d’argent. Il est vrai qu’avant on achetait des tissus de grands couturiers, de grandes marques, mais ce n’étais pas toujours de bons tissus, maintenant que j’en sais quelque chose. Ce n’est pas la marque qui commande.

Vous avez sorti un album intitulé «Wakoula » Vous êtes finalement resté attaché à la musique?

La musique et la sape vont de pair. Un sapeur a besoin de la musique pour bien s’exprimer et se mettre en valeur. C’est, entre autres, pour cette raison que je me suis lancé dans cet art. Pour tout vous dire, j’aime la musique autant que la sape. Par ailleurs, je n’abandonne rien dans ce que je fais.
En ce qui concerne l’album, je vous invite, vous, starducongo, à l’écouter et vous en jugerez par vous-même de sa qualité.

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Les hommes politiques congolais, en l’occurrence nos ministres,
préfèrent s’habiller chez d’autres que chez leurs compatriotes.
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On reproche aux sapeurs/sapologues de mettre en valeur les tenues vestimentaires étrangères et de ne pas songer à créer des structures dans ce domaine au Congo…

C’est un problème délicat que vous posez là. Je vous ferai d’abord remarquer que la culture au Congo n’aide pas les créateurs. Dans ce cas, comment voulez-vous qu’on la valorise ?

J’ai commencé dans les années 80 avec Alphadi qui est issu d’un pays pauvre (Niger, ndr). Ce dernier n’avait rien au départ, mais l'Etat lui a donné des moyens afin de rehausser l’image de son pays. Aujourd’hui, il est devenu un grand styliste mondialement connu. J’ai fait les mêmes écoles que lui, sauf que moi je n’ai jamais touché un centime de l’Etat congolais. Tout ce que je fais pour le Congo, la mode, la sape, c’est avec mes propres moyens.

Par ailleurs, vous êtes censé savoir que les hommes politiques congolais, en l’occurrence nos ministres, préfèrent s’habiller chez d’autres que chez leurs compatriotes. Pourtant, je suis créateur et je fabrique des tenues, mais ils préfèrent allez chez mes collègues africains des Champs Elysée dont je ne vais pas citer ici les noms. Certains font faire des costumes avec leurs noms chez des couturiers maghrébins et du Moyen-Orient.

Avez-vous tenté de faire changer le regard des autorités vis-à-vis des créateurs congolais?

Je ne pense pas que nos autorités puissent changer; je dirais même qu’elles ne changeront jamais. Il faut continuer à se battre comme on peut avec nos propres moyens, nous entraider autant que possible mais ne pas en attendre grand-chose, parce qu’elles ne nous aideront jamais.

Comment voyez-vous l’évolution de ce mouvement depuis votre consécration en tant que « Roi de la sape » ?

Je suis très préoccupé par le comportement des initiateurs de la sapologie qui, pour des raisons que je ne comprends pas, profèrent des injures à l’encontre des sapeurs. Cela me fait mal de voir un sapeur manquer de respect à l’autre. Chacun a le droit de s’habiller comme il l’entend et selon ses moyens. Je ne vois vraiment pas l’intérêt de se moquer de la manière dont l’autre s’habille.

Les sapologues manquent de respect à tout le monde, même à ceux qu’ils ne connaissent pas. Ce comportement ternit l’image de la sape. Heureusement que ces derniers ont choisi le terme « Sapologie » pour se distinguer des autres.

J’ai fait un travail de fond depuis les années 80 pour amener la sape au niveau où elle se trouve aujourd’hui. Je souhaiterais donc qu’on en parle avec respect et considération. Car, lorsque j’ai commencé, il n’existait pas de sapologues.

Le roi de la sape voit-il des héritiers autour de lui capables de porter haut les couleurs de ce mouvement?

Il y a des gens qui essaient de se distinguer; malheureusement ils le font très mal et je trouve cela dommage. Comme je l’ai dit, on s’habille d’abord pour soi-même pas pour les autre. Aussi, les injures n’ont-elles pas leur place dans ce mouvement. Le respect de l’autre doit primer en toute circonstance.
Les sapologues ont encore beaucoup à apprendre tant qu’ils se manqueront de respect entre eux. A Paris, les gens n’apprécient pas qu’on les qualifie de sapologues, ils ne veulent pas entendre parler de ce mot et le préfèrent à celui de sapeur.

En plus, avant de créer un mot il faut savoir l’expliquer. Si vous me demandez ce que veut dire sape, je vous dirais simplement: c’est la société des ambianceurs et des personnes élégantes.

Djo Balard : : « J’ai été un exemple et une source d’inspiration pour la jeunesse africaine »
On vous a vu durant des années au cinéma, sur scène et dans de nombreux plateaux de télévision. Avez-vous vraiment profité de toute cette renommée ?

Bien sûr, cette affaire m’a rendu « milliardaire » en ce sens que grâce à ce que j’ai fait, j’ai pu visiter 95 pays. Et pendant longtemps je ne payais aucun billet. Aujourd’hui encore, beaucoup de pays veulent me voir. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Cameroun, le Burkina Faso et bien d’autres pays ont besoin de moi par rapport à ce que j’ai fait. C’est dire que mon image est toujours présente et que j’ai su la conserver parce que je ne l’ai pas mélangée à n’importe quoi. C’est pour cela qu’on me respecte toujours. Je deviens encore plus fort qu’avant.

Est-ce facile pour un étudiant d’être un Djo Balard, s’habiller comme lui?

Je dirai que c’est vraiment simple parce que je suis maintenant créateur et je façonne des costumes portés partout dans le monde. Le costume que je porte est une marque Djo Balard.
Je propose des prix abordables qui oscillent entre 250 et 500 euros. Pour encourager les étudiants, je trouve toujours moyen de leur faire des prix intéressants.

Pouvez-vous expliquer nous présenter cette cravate originale que vous portez ?

C’est une nouvelle cravate que j’ai créée, elle est tout à fait normale comme tout autre cravate à la seule différence qu’elle laisse apparaître un nœud papillon au lieu du nœud habituel. Je l’ai nommée « Ya yezu ». Je ne vous cache pas qu’elle a relancé mon autorité. Les gens ne cessent de demander comment je fais pour l’attacher ainsi.

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J’ai perdu ma paire Capo Bianco
pendant la guerre du Congo où je l’avais amenée
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Si ce n’est encore fait, avez-vous songé à partager votre expérience dans un livre ?

Ce genre d’imitative ne me gêne pas; bien au contraire cela ferait plaisir à tout le monde. Pour votre information, j’ai déjà été contacté par des gens qui souhaitent faire un livre sur moi. Il faut juste qu’on en discute avant.

Souhaitez-vous rééditer votre expérience cinématographique ?

Mon collègue Izaac De Bankolé qui m’a appelé des Etats Unis pour que j’aille là-bas. J’ai promis y penser d’autant plus que c’est le seul pays où l’on respecte les artistes.

Où se trouve votre fameuse paire Capobianco déposée dans une banque et qui vous a rendu très célèbre ?

Pour la petite anecdote, j’ai connu Capo Bianco alors qu’il avait 95 ans. J’étais chez lui pour le tournage d’une émission quand j’ai découvert qu’il avait les formes de tous les chefs d’Etat renommés de l’époque: Hassan II, Houphouët Boigny, Kadhafi, entre autres.

Ma paire m’avait coûte 1.000.000 de FCFA et là je découvrais d’autres paires qui coûtaient une fortune, 40 voire 50 millions, comme Houphouët et Kadhafi.

Hélas, j’ai perdu la mienne pendant la guerre du Congo où je l’avais amenée. Heureusement que j’ai pu garder ma mallette en crocodile, du vrai, qui m’a coûté 10.millions FCFA. C’est investissement puisqu’aujourd’hui elle coûte beaucoup plus que ça, jusqu’à 30 millions.

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Il existe en chacun d'entre nous une force
qui nous pousse à nous lancer dans une aventure.
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Le président Houphouët vous appréciez beaucoup…

C’est vrai. Il fait partie de ces grandes figures africaines qui appréciaient la manière dont je rehaussais la culture africaine. Tout comme d’ailleurs le président Kadhafi qui aimait bien m’écouter parler de l’Afrique.

Il faut dire que j’ai fait beaucoup de choses pour la jeunesse africaine. Aujourd’hui, Didier Drogba vous dira que s’il est devenu ce qu’il est, c’est parce qu’il a voulu suivre l’exemple de Djo Balard. C’est pareil pour Eto’o.

C’est dire que j’ai été un modèle pour la jeunesse africaine qui voulait être comme moi. Cela fait des années que je vie en Europe et je n’ai jamais été impliqué dans des affaires louches. C’est l’image à montrer aux jeunes.

Un mot sur les jeunes qui veulent émigrer vers l’Europe ?

Je pense qu’on ne devait pas empêcher les jeunes qui se débrouillent et manifestent ce désir d’aller de l’avant. Il existe en chacun d'entre nous une force qui nous pousse à nous lancer dans une aventure. Ce qui compte, c’est de réaliser nos rêves et de trouver notre compte.

Si je devais donner un conseil aux jeunes du Congo et d’Afrique, je leur demanderais de ne jamais oublier leur pays et de songer un jour ou l’autre à rentrer et surtout de monter un projet qui soit bénéfique pour tout le monde.

Propos recueillis par Alain Bouithy


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