Du slam à l’islam et du rap à la réalisation, tel est le chemin en zigzag pris par Abd Al Malik. « Qu’Allah bénisse la France », c’est son livre autobiographique qui a pris la forme d’un film qui sort ce mercredi 10 décembre, et quel film ! Situé entre la rage et le noir et blanc de La Haine de Kassovitz et la violence et la beauté de la banlieue dans Fièvres de Hicham Ayouch, Abd Al Malik a choisi son camp qui refuse le désespoir. Sa vie et son film sont rythmés par une foi inébranlable et dans l’islam et en la France.
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Il le dit haut et fort, c’est l’islam qui lui avait permis d’aimer la République. Et ce n’est pas sûr que, dans un pays actuellement agité par la pensée de Le Pen, Zemmour et Dieudonné, cette confession claire et honnête en faveur d’un islam éclairé soit aujourd'hui mieux appréciée qu’il y a dix ans, quand il avait publié son histoire pour la première fois sous forme d’un livre.
Comment Régis Fayette-Mikano est devenu Abd Al Malik, le rappeur multiprimé, lauréat de quatre Victoires de la musique ? Né en 1975 à Paris dans une famille congolaise, il passa jusqu’à son sixième anniversaire quatre ans à Brazzaville, avant de retourner en France, dans une HLM à Strasbourg, avec sa mère, ses six frères et sœurs, mais sans son père.
« Il était une fois »
L’histoire commence comme un conte de fées, avec une caméra qui déambule dans une sorte de transe cinématographique dans les rues d’une cité. Quatre jeunes viennent d’être embarqués après avoir jeté une pierre sur une voiture de police. Les insultes fusent et la policière les renvoie à leurs origines. À la sortie du commissariat, les lacets défaits et l’esprit perturbé, leur tonton leur explique le mode d’emploi pour la vie de gens issus de l’immigration en France : « Nous, ce pays on l’aime. Mais la France, elle ne nous aime pas. Vous n’êtes pas chez vous ici. Il faut savoir vous tenir. »
On est à Strasbourg, au cœur de l’Europe, mais là, dans le quartier de Neuhof, où Abd Al Malik avait grandi, tout le monde se sent mis à l’écart. À l’époque, il s’appelait Régis Fayette-Mikano, traînait comme les autres dans la rue et n’hésitait pas à se faire un peu d’argent avec du vol à la tire et la vente de drogue.
La musique, ingénieusement composée pour le film par le rap de son frère Bilal, le RnB et hip-hop de sa femme Wallen et l’électro de Laurent Garnier, l’a aidé de ne pas sombrer dans la délinquance et la drogue comme tant d’autres. On le voit se casser la tête pour trouver les mots et le rythme justes pour un vers de rap. On le voit, accompagné de trois de ses potes et plein de matériels pour faire de la musique, traverser un passage zébré à l’instar des Beatles sur l’album Abbey Road. Les rêves sont là, mais les réalités aussi. La cité, c’est une prison qui ne dit pas son nom.
Un nouveau nom, un nouvel espoir et une nouvelle existence
Heureusement pour lui, il dispose encore d’autres moyens pour s’en sortir de là : d’abord son intelligence et son goût pour la philosophie qui lui permettront d’entrer en hypokhâgne, et surtout sa rencontre avec l’islam à travers d’un petit livre, Le renouveau du soufisme au Maroc, dont une amie n’arrête pas à lui en parler. C’est cette religion qui lui donnera un nouveau nom, un nouvel espoir et une nouvelle existence à un moment où pratiquement tous ses amis disparaissent l’un après l’autre pour des raisons toujours tragiques : overdose, psychiatrie, accident de moto ou de voiture, mort par balles…
Alors à la maison, la « Gloire à Dieu » de sa mère catholique se mélange dorénavant avec ses prières au nom d’Allah. Et il réussit de mieux en mieux à canaliser le rejet de la société. Il prend de la hauteur spirituelle et arrive à remplacer le mode autodestructeur des mal-aimés par une volonté de reconstruction par des « survivants ». Abd Al Malik, le rappeur réconciliant est né dans un monde violent et meurtrier. Et c’est l’islam qui lui avait permis d’aimer la République.
« Vive la France arc-en-ciel »
Dix ans après la publication de son livre éponyme, Abd Al Malik nous fait comprendre à l’écran qu’il est aussi un réalisateur-né, servi par deux acteurs lumineux. Le jeune Régis est campé par Marc Zinga, un comédien trentenaire, né au Congo, immigré en Belgique à l’âge de 5 ans et qui avait joué le rôle du dictateur Mobotu dans un film diffusé sur Canal +. La future femme de Régis, Wallen, est interprétée par Sabrina Ouazani, qui nous impressionnait déjà en 2005 dans L’Esquived’Abdellatif Kechiche.
Quant à l’engagement pour la paix et l’amour, revendiqué par Abd Al Malik dans Soldat de plomb, il reste d’actualité : « Pour un monde meilleur/Vive la France arc-en-ciel/Unie, et débarrassée de toutes ses peurs ».
Comment Régis Fayette-Mikano est devenu Abd Al Malik, le rappeur multiprimé, lauréat de quatre Victoires de la musique ? Né en 1975 à Paris dans une famille congolaise, il passa jusqu’à son sixième anniversaire quatre ans à Brazzaville, avant de retourner en France, dans une HLM à Strasbourg, avec sa mère, ses six frères et sœurs, mais sans son père.
« Il était une fois »
L’histoire commence comme un conte de fées, avec une caméra qui déambule dans une sorte de transe cinématographique dans les rues d’une cité. Quatre jeunes viennent d’être embarqués après avoir jeté une pierre sur une voiture de police. Les insultes fusent et la policière les renvoie à leurs origines. À la sortie du commissariat, les lacets défaits et l’esprit perturbé, leur tonton leur explique le mode d’emploi pour la vie de gens issus de l’immigration en France : « Nous, ce pays on l’aime. Mais la France, elle ne nous aime pas. Vous n’êtes pas chez vous ici. Il faut savoir vous tenir. »
On est à Strasbourg, au cœur de l’Europe, mais là, dans le quartier de Neuhof, où Abd Al Malik avait grandi, tout le monde se sent mis à l’écart. À l’époque, il s’appelait Régis Fayette-Mikano, traînait comme les autres dans la rue et n’hésitait pas à se faire un peu d’argent avec du vol à la tire et la vente de drogue.
La musique, ingénieusement composée pour le film par le rap de son frère Bilal, le RnB et hip-hop de sa femme Wallen et l’électro de Laurent Garnier, l’a aidé de ne pas sombrer dans la délinquance et la drogue comme tant d’autres. On le voit se casser la tête pour trouver les mots et le rythme justes pour un vers de rap. On le voit, accompagné de trois de ses potes et plein de matériels pour faire de la musique, traverser un passage zébré à l’instar des Beatles sur l’album Abbey Road. Les rêves sont là, mais les réalités aussi. La cité, c’est une prison qui ne dit pas son nom.
Un nouveau nom, un nouvel espoir et une nouvelle existence
Heureusement pour lui, il dispose encore d’autres moyens pour s’en sortir de là : d’abord son intelligence et son goût pour la philosophie qui lui permettront d’entrer en hypokhâgne, et surtout sa rencontre avec l’islam à travers d’un petit livre, Le renouveau du soufisme au Maroc, dont une amie n’arrête pas à lui en parler. C’est cette religion qui lui donnera un nouveau nom, un nouvel espoir et une nouvelle existence à un moment où pratiquement tous ses amis disparaissent l’un après l’autre pour des raisons toujours tragiques : overdose, psychiatrie, accident de moto ou de voiture, mort par balles…
Alors à la maison, la « Gloire à Dieu » de sa mère catholique se mélange dorénavant avec ses prières au nom d’Allah. Et il réussit de mieux en mieux à canaliser le rejet de la société. Il prend de la hauteur spirituelle et arrive à remplacer le mode autodestructeur des mal-aimés par une volonté de reconstruction par des « survivants ». Abd Al Malik, le rappeur réconciliant est né dans un monde violent et meurtrier. Et c’est l’islam qui lui avait permis d’aimer la République.
« Vive la France arc-en-ciel »
Dix ans après la publication de son livre éponyme, Abd Al Malik nous fait comprendre à l’écran qu’il est aussi un réalisateur-né, servi par deux acteurs lumineux. Le jeune Régis est campé par Marc Zinga, un comédien trentenaire, né au Congo, immigré en Belgique à l’âge de 5 ans et qui avait joué le rôle du dictateur Mobotu dans un film diffusé sur Canal +. La future femme de Régis, Wallen, est interprétée par Sabrina Ouazani, qui nous impressionnait déjà en 2005 dans L’Esquived’Abdellatif Kechiche.
Quant à l’engagement pour la paix et l’amour, revendiqué par Abd Al Malik dans Soldat de plomb, il reste d’actualité : « Pour un monde meilleur/Vive la France arc-en-ciel/Unie, et débarrassée de toutes ses peurs ».
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