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Mort le 11 février 1983, Joseph Kabasele alias Grand Kallé Jeef a totalisé depuis le lundi 11 février dernier, 30 ans dans l'au-delà. L'auteur du tube "Indépendance Cha Cha" fut un des pionniers de la musique moderne africaine. En 1953, il fonde l'orchestre African Jazz avec lequel il va révolutionner la musique congolaise à travers la rumba importée de Cuba.
Kallé Jeef est le premier musicien congolais à introduire les Tumbas, la section cuivre (trompettes, clarinettes, saxos, trombones..) et les instruments électriques dans son groupe. Dans l'African Jazz, il fait venir un jeune chanteur qui deviendra rapidement célèbre, Tabu Pascal Rochereau.
Chef d'orchestre, interprète, auteur-compositeur, impressario, sa personnalité ne cesse d'évoluer en commun avec son groupe. Grand Kallé et l'African Jazz figurent parmi les artistes les plus populaires d'Afrique. Joseph Kabasele crée en 1960 sa propre maison de disques " Surboum African Jazz " qui devient un véritable tremplin pour les musiciens du nouveau courant musical congolais et envoie les meilleurs orchestres aller enregistrer dans les meilleurs studios de Bruxelles comme Lwambo Franco et son OK Jazz. Il est également la première vedette africaine à se produire en Belgique avec un groupe et ce, à l'occasion de la fameuse Table ronde au cours de laquelle devait se décider l'avenir de l'ex-Congo Belge.
A partir de 1960, le ton et le son changent : Kabasele se métamorphose en artiste engagé, Lumumbiste. Lors de la fameuse Table ronde, il compose la chanson "Indépendance Chacha ", un des plus grands succès de la musique africaine, et " Bilombe ba gagné, Lumumba, Congo se ya biso ".
Lors du sommet de l'OUA à Kinshasa en 1967, Kabasele offre à chaque Chef d'Etat présent, un 45 tours renfermant une chanson-hommage à son pays. Mais, son engagement pour la paix et l'unité africaine n'a pas été compris, surtout après la mort de Patrice Lumumba.
Abandonné en 1963, après une tournée triomphale en Afrique de l'Ouest, par tous ses musiciens qui sont allés former l'orchestre African Fiesta, Grand Kallé est traqué et surveillé de toutes parts. Il s'exile alors à Paris où il crée l'orchestre African Team aux côtés de talentueux musiciens comme Manu Dibango, Essous Jean Serge... Mais l'expérience tourne court. Kallé se retrouve seul, sans orchestre, sans fortune, séjourne un peu partout en Europe et dans plusieurs capitales africains, retourne au pays mais de nouveau déçu. Il gagne encore la France sans succès et finit par revenir à Kinshasa où il meurt à l'âge de 53 ans.
BIOGRAPHIE ET PARCOURS DE L'ARTISTE
KabaseleTshamala Wa Nkongolo Wa Bena Dipunda Joseph alias Kallé devenu Grand Kallé Jeef, est né à Palabala, près de la ville de Matadi dans la Province du Bas-Congo, le 16 décembre 1930. Fils de André Tshamala et de Hortense Malula, sœur du défunt Cardinal Joseph Malula. Kallé Jeef est le dernier né d'une famille de six enfants. En 1938, il débute ses études primaires à l'Institut Saint Joseph (Sainte Anne) aujourd'hui Elikya à Gombe. La chorale de l'école l'utilise comme pré chantre aux côtés d'autres collègues dont son ami, Victor Longomba Besange alias Vicky. Il entreprend des études post-primaires à la célèbre école moyenne Saint Raphaël (Ecomoraph) et excelle en sténo-dactylographie. En troisième année, toute sa promotion dite " Groupe Palmolive ", coupable d'un grave écart de conduite, est renvoyée de l'école par les " Pères ". Il fut engagé dans plusieurs sociétés de Léopoldville (Kinshasa) comme Sténodactylo. En 1950, Géorges Dula alias Geoder, l'invite à se joindre à son groupe " OTC ", la voix de la concorde. Sans hésiter, il accepte l'offre. La musique étant finalement sa véritable vocation, il trouve son plein épanouissement. En 1951, Grand Kallé se signale par les œuvres du tonitruant guitariste Zacharie Elenga dit Jimmy, enregistrées sous le label " Opika " de Moussa Bénathar. Il a fait une participation remarquée avec des titres tels que : "Ondruwe", " Maboko Likolo ", " Baninga Baninga ", " Na kombo ya Jimmy ", " Putulu emata " etc... La même année, Joseph Kabasele tourne un film publicitaire avec Dula et son ami Labo Gabriel dit " Laboga" du légendaire " Groupe Palmolive ". En 1951, Kallé Jeef crée l'orchestre African Jazz qui, pourtant, ne deviendra opérationnel qu'à partir de 1953. Kabasele a récolté un grand succès avec son African Jazz à travers des œuvres telles que " Parafifi ", "African Jazz ", " Nzela Mosika", " Ce n'est pas la peine de divorcer maintenant"... et celles en anglais du saxophoniste zimbabwéen, Isaac Mosekiwa comme " Far from Africa " et "We shall aways be one ". En 1959, African Jazz connait d'énormes difficultés à cause d'une gestion peu orthodoxe des ressources de l'orchestre par Kallé Jeff. Un moment, le groupe dénote d'un regain de force avec l'arrivé de Pascal Tabu Rochereau devenu Tabu Ley. Fraîchement incorporé au sein de l'African Jazz, il compose sa chanson emblématique " Kellya ".
Le salut vient de l'invitation de Bruxelles en 1960 pour égayer les soirées des participants congolais à la Table ronde politique. L'African Jazz a livré quatre productions à l'hôtel Plazza, siège des délégués congolais : soirée d'ouverture de la Table ronde, deux concerts destinés aux travaux proprement dits, soirée de clôture de la Table ronde, soirée d'adieu sponsorisée par le Journal " Congo ". Grand Kallé et son groupe ont livré également plusieurs autres concerts à Bruxelles et dans différentes villes de la Belgique. Le périple européen de l'African Jazz laisse à la postérité des œuvres magnifiques comme "Indépendance Chacha " et "Table ronde " de Joseph Kabasele, " Naweli boboto " et " Sentiment emonani " de Vicky Longomba, " Tosekana" et " Mawonso pamba " de Dechaud Muamba ainsi que "Sophia Motema " et "Merengue soubidou " de Niko Kasanda.
Avant de monter en 1961 ses premières éditions musicales, " Surboum African Jazz ", Kallé Jeef représentait à Kinshasa la Maison Decco-Fonior par le truchement de sa succursale kinoise Ecodis, (Edition congolaise de disque). Toujours en 1961, Kallé se brouille de nouveau avec ses compagnons Nico, Dechaud, Vicky, Brazzos... et recrute d'autres musiciens : Tino Baroza, Dicky, Lutula Edo Clari, Joseph Mwena etc..., et entreprend un nouveau voyage à Bruxelles. Il réalise, ainsi, ses premiers enregistrements au sein de sa nouvelle Maison d'éditions. L'enrôlement de Manu Dibango à Bruxelles complète l'équipe qui réalise " Jamais Kolonga ", " Lolo Bigida ", "Bamonaki yo na Usumbura ", " Mayele Mabe ", " Quelle Blonde " de Tino Baroza, ainsi que " Ebale ya Katanga ", "Mayi ya Congo ", " La Begonia Aolila " de Lutula Edo Clari sans oublier " Mama ya Mufanga ", " Africa bola ngombi ", " Bolingi bolamu te" de Joseph Kabasele.
De retour à Kinshasa, au cours de la même année, Grand Kallé est complètement grisé par le succès et la réussite matérielle grâce à ses éditions qui marchent du tonnerre. Une fois de plus, il se sépare de ses collaborateurs et forme une nouvelle équipe comprenant des guitaristes Damoiseau, Casino, avec lesquels il effectue un troisième voyage à Bruxelles. Mais, cette fois-ci, l'entreprise ne récolte pas le succès escompté, les ratés pendant l'enregistrement étant légion. En 1962, la grande réconciliation se réalise. African Jazz retrouve ses marques avec Kallé Jeff, Nico, Roger Izeidi, Rochereau, Déchaux Muamba, Manu Dibango,... Le chanteur Mujos venu de l'OK Jazz intègre l'African Jazz par le canal de Tabu Ley. En 1963, tous les musiciens s'en vont créer l'orchestre African Fiesta et Kallé Jeef reste seul. Il monte un nouvel African Jazz avec un équipement de musique pimpant neuf qu'il a reçu d'un grand mécène et son grand admirateur, Jean Foster Manzikala. Le groupe se composait de grands figures telles que Nedule Papa Noël, Kambele Damoiseau, Jeannot Bombenga, Mathieu Kuka, Nsita Rolly, Alex Mayukuta, Casino Mutshipule, Munange Maproko, Yuma Michel Sax... Suite aux innombrables défections, African Jazz n'est plus que l'ombre de lui-même. En 1970, Grand Kallé tente une nouvelle expérience à Paris avec le camerounais Manu Dibango, le cubain Don Gonzalo, le congolais Lutula Edo Clari et d'autres musiciens. Il jette un pont entre l'Afrique et le Cuba et enregistre ses chansons "Gauche-droite égal débordement ", " Africa ambiance ", " Bana Congo na Cuba ", " Laurent fantôme ", "Cambridge ", " Mayi ya piyo ", " Safari Muzuri ", " Disciplini na KDL ", " Edona Souzy "...
En 1972 - 1973, il réalise avec les chanteurs Mulamba Mujos et Kwami Munsi "Loboko na litama ", "Na longi motema ", " Kokoko... qui est là ? ", en plus d'une reprise de " Nzela mosika " de Tino Baroza.
Après, Kallé Jeef commence à se produire de temps à autre à Kinshasa et dans les provinces de la RDC accompagné de l'ensemble G.O. Malebo du saxophoniste Samu Bakula Armand. Quelque fois, Lwambo Franco le convie également à se produire, de façon exceptionnelle, avec le TP OK Jazz. Tantôt, avec le groupe Bisengo de Gérard Madiata. Pendant toutes ces occasions, Grand Kallé a, ainsi, l'occasion de gratifier les mélomanes de sa voix pénétrantes et de montrer qu'il possède encore d'innombrables ressources artistiques. Il ne cesse, aussi, de montrer au public qu'il reste au diapason des grands de son temps malgré les nombreuses vicissitudes de sa vie musicale. Après avoir pris de leçon sur les caractères éphémères des formations musicales congolaises et sur la versatilité des musiciens congolais, Grand Kallé se consacre désormais à sa nouvelle formule de travail : monter des groupes de circonstance, uniquement pour enregistrer ses chansons. Kallé Jeef, l'homme des convictions, l'homme des principes, l'homme de la rumba qui a fait l'honneur du Congo à l'étranger, s'éteindra lentement, miné par la maladie certes mais, surtout par le chagrin d'être descendu si bas. Il rendra l'âme à l'âge de 53 ans. Que la terre de nos ancêtres lui soit toujours douce.
José Mpaka Ikombe
Kallé Jeef est le premier musicien congolais à introduire les Tumbas, la section cuivre (trompettes, clarinettes, saxos, trombones..) et les instruments électriques dans son groupe. Dans l'African Jazz, il fait venir un jeune chanteur qui deviendra rapidement célèbre, Tabu Pascal Rochereau.
Chef d'orchestre, interprète, auteur-compositeur, impressario, sa personnalité ne cesse d'évoluer en commun avec son groupe. Grand Kallé et l'African Jazz figurent parmi les artistes les plus populaires d'Afrique. Joseph Kabasele crée en 1960 sa propre maison de disques " Surboum African Jazz " qui devient un véritable tremplin pour les musiciens du nouveau courant musical congolais et envoie les meilleurs orchestres aller enregistrer dans les meilleurs studios de Bruxelles comme Lwambo Franco et son OK Jazz. Il est également la première vedette africaine à se produire en Belgique avec un groupe et ce, à l'occasion de la fameuse Table ronde au cours de laquelle devait se décider l'avenir de l'ex-Congo Belge.
A partir de 1960, le ton et le son changent : Kabasele se métamorphose en artiste engagé, Lumumbiste. Lors de la fameuse Table ronde, il compose la chanson "Indépendance Chacha ", un des plus grands succès de la musique africaine, et " Bilombe ba gagné, Lumumba, Congo se ya biso ".
Lors du sommet de l'OUA à Kinshasa en 1967, Kabasele offre à chaque Chef d'Etat présent, un 45 tours renfermant une chanson-hommage à son pays. Mais, son engagement pour la paix et l'unité africaine n'a pas été compris, surtout après la mort de Patrice Lumumba.
Abandonné en 1963, après une tournée triomphale en Afrique de l'Ouest, par tous ses musiciens qui sont allés former l'orchestre African Fiesta, Grand Kallé est traqué et surveillé de toutes parts. Il s'exile alors à Paris où il crée l'orchestre African Team aux côtés de talentueux musiciens comme Manu Dibango, Essous Jean Serge... Mais l'expérience tourne court. Kallé se retrouve seul, sans orchestre, sans fortune, séjourne un peu partout en Europe et dans plusieurs capitales africains, retourne au pays mais de nouveau déçu. Il gagne encore la France sans succès et finit par revenir à Kinshasa où il meurt à l'âge de 53 ans.
BIOGRAPHIE ET PARCOURS DE L'ARTISTE
KabaseleTshamala Wa Nkongolo Wa Bena Dipunda Joseph alias Kallé devenu Grand Kallé Jeef, est né à Palabala, près de la ville de Matadi dans la Province du Bas-Congo, le 16 décembre 1930. Fils de André Tshamala et de Hortense Malula, sœur du défunt Cardinal Joseph Malula. Kallé Jeef est le dernier né d'une famille de six enfants. En 1938, il débute ses études primaires à l'Institut Saint Joseph (Sainte Anne) aujourd'hui Elikya à Gombe. La chorale de l'école l'utilise comme pré chantre aux côtés d'autres collègues dont son ami, Victor Longomba Besange alias Vicky. Il entreprend des études post-primaires à la célèbre école moyenne Saint Raphaël (Ecomoraph) et excelle en sténo-dactylographie. En troisième année, toute sa promotion dite " Groupe Palmolive ", coupable d'un grave écart de conduite, est renvoyée de l'école par les " Pères ". Il fut engagé dans plusieurs sociétés de Léopoldville (Kinshasa) comme Sténodactylo. En 1950, Géorges Dula alias Geoder, l'invite à se joindre à son groupe " OTC ", la voix de la concorde. Sans hésiter, il accepte l'offre. La musique étant finalement sa véritable vocation, il trouve son plein épanouissement. En 1951, Grand Kallé se signale par les œuvres du tonitruant guitariste Zacharie Elenga dit Jimmy, enregistrées sous le label " Opika " de Moussa Bénathar. Il a fait une participation remarquée avec des titres tels que : "Ondruwe", " Maboko Likolo ", " Baninga Baninga ", " Na kombo ya Jimmy ", " Putulu emata " etc... La même année, Joseph Kabasele tourne un film publicitaire avec Dula et son ami Labo Gabriel dit " Laboga" du légendaire " Groupe Palmolive ". En 1951, Kallé Jeef crée l'orchestre African Jazz qui, pourtant, ne deviendra opérationnel qu'à partir de 1953. Kabasele a récolté un grand succès avec son African Jazz à travers des œuvres telles que " Parafifi ", "African Jazz ", " Nzela Mosika", " Ce n'est pas la peine de divorcer maintenant"... et celles en anglais du saxophoniste zimbabwéen, Isaac Mosekiwa comme " Far from Africa " et "We shall aways be one ". En 1959, African Jazz connait d'énormes difficultés à cause d'une gestion peu orthodoxe des ressources de l'orchestre par Kallé Jeff. Un moment, le groupe dénote d'un regain de force avec l'arrivé de Pascal Tabu Rochereau devenu Tabu Ley. Fraîchement incorporé au sein de l'African Jazz, il compose sa chanson emblématique " Kellya ".
Le salut vient de l'invitation de Bruxelles en 1960 pour égayer les soirées des participants congolais à la Table ronde politique. L'African Jazz a livré quatre productions à l'hôtel Plazza, siège des délégués congolais : soirée d'ouverture de la Table ronde, deux concerts destinés aux travaux proprement dits, soirée de clôture de la Table ronde, soirée d'adieu sponsorisée par le Journal " Congo ". Grand Kallé et son groupe ont livré également plusieurs autres concerts à Bruxelles et dans différentes villes de la Belgique. Le périple européen de l'African Jazz laisse à la postérité des œuvres magnifiques comme "Indépendance Chacha " et "Table ronde " de Joseph Kabasele, " Naweli boboto " et " Sentiment emonani " de Vicky Longomba, " Tosekana" et " Mawonso pamba " de Dechaud Muamba ainsi que "Sophia Motema " et "Merengue soubidou " de Niko Kasanda.
Avant de monter en 1961 ses premières éditions musicales, " Surboum African Jazz ", Kallé Jeef représentait à Kinshasa la Maison Decco-Fonior par le truchement de sa succursale kinoise Ecodis, (Edition congolaise de disque). Toujours en 1961, Kallé se brouille de nouveau avec ses compagnons Nico, Dechaud, Vicky, Brazzos... et recrute d'autres musiciens : Tino Baroza, Dicky, Lutula Edo Clari, Joseph Mwena etc..., et entreprend un nouveau voyage à Bruxelles. Il réalise, ainsi, ses premiers enregistrements au sein de sa nouvelle Maison d'éditions. L'enrôlement de Manu Dibango à Bruxelles complète l'équipe qui réalise " Jamais Kolonga ", " Lolo Bigida ", "Bamonaki yo na Usumbura ", " Mayele Mabe ", " Quelle Blonde " de Tino Baroza, ainsi que " Ebale ya Katanga ", "Mayi ya Congo ", " La Begonia Aolila " de Lutula Edo Clari sans oublier " Mama ya Mufanga ", " Africa bola ngombi ", " Bolingi bolamu te" de Joseph Kabasele.
De retour à Kinshasa, au cours de la même année, Grand Kallé est complètement grisé par le succès et la réussite matérielle grâce à ses éditions qui marchent du tonnerre. Une fois de plus, il se sépare de ses collaborateurs et forme une nouvelle équipe comprenant des guitaristes Damoiseau, Casino, avec lesquels il effectue un troisième voyage à Bruxelles. Mais, cette fois-ci, l'entreprise ne récolte pas le succès escompté, les ratés pendant l'enregistrement étant légion. En 1962, la grande réconciliation se réalise. African Jazz retrouve ses marques avec Kallé Jeff, Nico, Roger Izeidi, Rochereau, Déchaux Muamba, Manu Dibango,... Le chanteur Mujos venu de l'OK Jazz intègre l'African Jazz par le canal de Tabu Ley. En 1963, tous les musiciens s'en vont créer l'orchestre African Fiesta et Kallé Jeef reste seul. Il monte un nouvel African Jazz avec un équipement de musique pimpant neuf qu'il a reçu d'un grand mécène et son grand admirateur, Jean Foster Manzikala. Le groupe se composait de grands figures telles que Nedule Papa Noël, Kambele Damoiseau, Jeannot Bombenga, Mathieu Kuka, Nsita Rolly, Alex Mayukuta, Casino Mutshipule, Munange Maproko, Yuma Michel Sax... Suite aux innombrables défections, African Jazz n'est plus que l'ombre de lui-même. En 1970, Grand Kallé tente une nouvelle expérience à Paris avec le camerounais Manu Dibango, le cubain Don Gonzalo, le congolais Lutula Edo Clari et d'autres musiciens. Il jette un pont entre l'Afrique et le Cuba et enregistre ses chansons "Gauche-droite égal débordement ", " Africa ambiance ", " Bana Congo na Cuba ", " Laurent fantôme ", "Cambridge ", " Mayi ya piyo ", " Safari Muzuri ", " Disciplini na KDL ", " Edona Souzy "...
En 1972 - 1973, il réalise avec les chanteurs Mulamba Mujos et Kwami Munsi "Loboko na litama ", "Na longi motema ", " Kokoko... qui est là ? ", en plus d'une reprise de " Nzela mosika " de Tino Baroza.
Après, Kallé Jeef commence à se produire de temps à autre à Kinshasa et dans les provinces de la RDC accompagné de l'ensemble G.O. Malebo du saxophoniste Samu Bakula Armand. Quelque fois, Lwambo Franco le convie également à se produire, de façon exceptionnelle, avec le TP OK Jazz. Tantôt, avec le groupe Bisengo de Gérard Madiata. Pendant toutes ces occasions, Grand Kallé a, ainsi, l'occasion de gratifier les mélomanes de sa voix pénétrantes et de montrer qu'il possède encore d'innombrables ressources artistiques. Il ne cesse, aussi, de montrer au public qu'il reste au diapason des grands de son temps malgré les nombreuses vicissitudes de sa vie musicale. Après avoir pris de leçon sur les caractères éphémères des formations musicales congolaises et sur la versatilité des musiciens congolais, Grand Kallé se consacre désormais à sa nouvelle formule de travail : monter des groupes de circonstance, uniquement pour enregistrer ses chansons. Kallé Jeef, l'homme des convictions, l'homme des principes, l'homme de la rumba qui a fait l'honneur du Congo à l'étranger, s'éteindra lentement, miné par la maladie certes mais, surtout par le chagrin d'être descendu si bas. Il rendra l'âme à l'âge de 53 ans. Que la terre de nos ancêtres lui soit toujours douce.
José Mpaka Ikombe
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